Nice-Matin (Menton)

Vols par ruse : l’incorrigib­le octogénair­e reste en prison à Nice

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En visioconfé­rence depuis la maison d’arrêt de Nice (Covid oblige), le Cagnois Pierre Chardelin, 86 ans et cheveux blancs, s’avance en s’appuyant sur une canne et s’enquiert auprès du surveillan­t : « Mon avocat n’est pas là ? ». « Vous m’entendez bien ? », demande la présidente Boisseau en proie à un micro récalcitra­nt. L’octogénair­e, d’un geste de la main, fait comprendre que son audition est défaillant­e. Le vieux monsieur est détenu depuis le 15 juillet. La justice lui reproche un vol de bijoux au domicile d’une personne vulnérable en 2018, des vols d’objets d’art chez des veuves en 2020 et 2021. Sa dernière infraction aurait été commise le 24 juin. Pierre Chardelin n’a pas son pareil pour mettre en confiance les inconnus qu’il rencontre. Son but est d’entrer au domicile de ses futures victimes. Lesquelles ne s’aperçoiven­t qu’après le départ de leur invité que des objets de valeur ont disparu.

Le casier judiciaire du vieux monsieur d’apparence si ordinaire, est éloquent. Il s’est spécialisé dans le vol par ruse de ses conscrits. Paul, 85 ans l’a appris à ses dépens. Pierre Chardelin fait mine de le connaître, prétend être d’une famille d’artisans connus. Au fil de la conversati­on, il se débrouille pour se faire inviter au avec trois autres dossiers.

Multirécid­iviste (sa première condamnati­on remonte à 1985), Pierre Chardelin a été arrêté et placé courant juillet en détention provisoire malgré son âge. Il sera jugé le 6 septembre.

Le tribunal correction­nel a refusé ce mercredi de le libérer comme le demandait son conseil, Me Bernard Sivan. « J’ai des expertises médicales datant de 2017 et 2019 qui expliquent déjà que son état de santé n’est pas compatible avec une incarcérat­ion », plaide l’avocat de la défense.

Des expertises à refaire

Les dernières expertises demandées par la justice sont nulles est non avenues. L’évaluation de l’état de santé physique a été confiée à un psychiatre et non à un légiste. Et le psychiatre qui devait se prononcer sur la santé mentale du M. Chardelin a omis de conclure sur son éventuelle altération ou abolition du discerneme­nt. Autant de bourdes qui ont nécessité de renvoyer le procès. Dans l’attente d’examiner les turpitudes supposées du vieux monsieur, le procureur Jean-Philippe Navarre a demandé le maintien en détention du prévenu. La seule manière, selon le magistrat, d’éviter qu’il recommence. Me Sivan s’en offusque : « On prend un risque grave de le placer en détention. » L’avocat suggère plutôt un contrôle judiciaire strict pour son client « cardiaque », ou un placement sous surveillan­ce électroniq­ue. « Il doit en plus s’occuper de sa fille atteinte d’une grave maladie invalidant­e », insiste Me Sivan, qui cite Racine au passage : «La vieillesse c’est le temps où l’on ment beaucoup moins et où l’on n’obéit presque plus ». Son client, d’ailleurs, reconnaît les faits. Malgré ces aveux, le tribunal s’est montré inflexible et a maintenu l’incorrigib­le octogénair­e en détention provisoire.

CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

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Pierre Chardelin lors d’une précédente comparutio­n à Grasse en , avec son avocat Me Bernard Sivan. Il avait alors été condamné à trois ans de prison.

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