Nabucco : le temple du (bon) vin
Cédric Faraldo, 31 ans, avait prévu depuis longtemps de reprendre la société dans laquelle il était jusqu’alors employé – Azur menuiserie charpente. Parce qu’il la connaît bien, et que la région n’a pas de secret pour lui. C’est chose faite depuis le 15 juillet. « Le contexte sanitaire a retardé les échéances mais ça aurait pris du temps de toute manière. En fait, c’est plus compliqué de reprendre une entreprise que de la créer », glisse-t-il. Reconnaissant envers son conseil et Initiative Menton Riviera pour leur aide. Le Mentonnais avait entamé les démarches il y a deux ans. « Entretemps, l’avocat pour la succession est parti à la retraite. Ça m’a donné le temps d’être sûr. J’ai pu constater que l’achat forge pour après », philosophe-t-il. Conscient qu’il peut compter sur un bon carnet clients, et que le travail ne manque pas sur le secteur.
Aide de l’ex patron
Alors que sa société se spécialise déjà dans la menuiserie, l’agencement, le second oeuvre, la charpente ou encore les structures bois, Cédric n’a pas souhaité y adjoindre des nouveautés. «À un moment il faut arrêter ! », ironise-t-il. Au sein de l’entreprise, tout le monde était au courant que la direction allait changer. « Nous sommes huit. Je n’arriverais pas à travailler dans une plus grosse structure.
J’ai besoin d’avoir confiance et que l’on puisse tous travailler selon ma philosophie », souligne Cédric. La réaction des personnes extérieures ? « Elles étaient au courant pour la plupart. Mais certains sont étonnés parce que je fais jeune. Je leur réponds que je suis jeune ! », sourit-il.
Son ancien propriétaire restera à ses côtés jusqu’en mars. « Il m’aide à gagner de l’expérience un peu plus vite, à avoir des bases solides. Il a fait ça pendant vingt ans, il a su maintenir la société à flot et la développer », indique Cédric. Lui qui apprend jour après jour que le plus dur quand on devient patron, c’est l’humain et l’administratif.
Loris Castiglione avait prévu d’ouvrir le Nabucco avant la crise. C’est pourtant entre les deux confinements qu’il a trouvé l’endroit parfait pour créer une cave/bar à vin. Place Fontana. « Le contexte a ralenti les choses. Mais le fait d’être enfermé à la maison laisse le temps de bien réfléchir. Résultat : quand on s’est lancés, le plan était mûr. Même s’il y a toujours une part d’impro… », souligne-t-il. Précisant que la situation l’a poussé à revoir son idée de départ. Alors qu’il envisageait de monter uniquement un bar Loris s’est finalement résolu à opter pour une double activité. Aidé de sa compagne, sommelière. « Vu que les caves sont considérées comme de première nécessité, on s’en sortira si le petit jeu des confinements reprenait. Cela étant, si le bar fermait ce serait embêtant. C’est un bon produit d’appel… » Entre
autres parce que la terrasse attire l’oeil. Une autre difficulté est venue s’ajouter au contexte économique et sanitaire : la situation géographique du local, en plein site classé. « Nous avons signé le bail à la mi-janvier, dans l’idée d’ouvrir mi mai, début juin. Mais tout est très long. Pour le moindre caillou il fallait consulter les bâtiments de France », souffle le Mentonnais. Ainsi le Nabucco n’a-t-il pu ouvrir sa belle voûte que le juillet. Les touristes étrangers au fort pouvoir d’achat ont beau être absents cet été, le responsable ne se dit pas inquiet, dans la mesure où son commerce cible aussi en grande partie les locaux – dont les demandes spécifiques pourront être exaucées en h.
« Les arcades du port sont très vivantes : c’est intéressant d’être à proximité, tout en restant un peu en retrait », poursuit-il. Soucieux d’offrir à ses clients le calme et la tranquillité que suppose la dégustation de vin – exclusivement.
« J’ai envie d’apporter quelque chose qui n’existe qu’à moitié ici. J’ai notamment pour projet de travailler avec les bateaux et les restos », embraie Loris. Qui compte sur le temps pour se développer intelligemment, en misant sur une saine trinité : « On a les idées, l’âge et la santé. » (Photo A.R.)