« La spéléologie se pratique dans les règles de l’art »
Philippe Maurel, spéléologue professionnel
Le Var est-il une terre de spéléologie ? On compte plus de grottes dans le Var dont la plupart sont assez faciles d’accès. Le problème, c’est qu’on a très peu de cavités d’initiation pour faire découvrir la spéléologie au grand public. En général, elles sont très difficiles, ce qui n’empêche pas certains de s’y aventurer sans prendre les précautions nécessaires.
Constatez-vous une augmentation de ces visites souterraines ?
Le printemps et le déconfinement ont eu des effets dramatiques puisque les grottes varoises ont été assaillies. En tant que professionnel, j’ai eu beaucoup de sollicitations pour des visites en groupe. Et puis il y a ceux qui font un peu n’importe quoi après avoir vu des vidéos de youtubeurs.
Spéléo et réseaux sociaux ne font donc pas bon ménage ?
Ce phénomène a fait décupler la fréquentation des grottes ces dernières années. Tout est parti de l’urbex (). C’est tout à fait louable ce que font ces jeunes, mais certains incitent parfois à faire des bêtises…
Quel genre de bêtises ?
Ils donnent de mauvaises idées dans leurs vidéos alors que la spéléologie se pratique dans les règles de l’art. Eux se moquent des mesures de sécurité qui sont pourtant essentielles. Il y a trois ans, une simple publication sur Instagram a entraîné un déferlement de personnes dans les sources de l’Huveaune (dans le haut Var). Après, les sites sont dégradés.
Mais que fait la police ?
Justement, les autorités ne peuvent pas faire grand-chose. Quand on croise des gens pas équipés, on leur dit, mais trois fois sur quatre, ils nous envoient balader. On a un devoir d’informer en tant que professionnel, on signale les conduites à risques et on prévient la gendarmerie si on voit des mineurs en danger... Mais nous n’avons aucun pouvoir de police.
1. Contraction « d’exploration urbaine », pratique qui consiste à visiter des lieux abandonnés.