Nice-Matin (Menton)

FOOTBALL JOURNÉE) / NICE - REIMS, DEMAIN À H choix numéro un »

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On surnomme Bielsa ‘‘El Loco’’. Il est si fou que ça ?

Je pense qu'il y a beaucoup de coachs fous (sourires). Faut l'être un petit peu pour faire ce métier. Bielsa avait sa méthode de travail, c'était long, difficile. Mais ça avait porté ses fruits, comme il le fait à Leeds. C'est poussé dans le détail, comme tous les coachs le font un peu aujourd'hui. Je retrouve ça dans notre coach, c'est détaillé, carré, très pointu.

Sampaoli, Pochettino, Galtier, Bosz... Par la qualité des coachs, le championna­t sera forcément plus relevé ? Sans aucun doute. Avec le temps et le recul, j'ai vraiment remarqué l'importance d'un coach dans les clubs. Avant, il suffisait d'aligner des joueurs de renommée sur le terrain. Aujourd'hui,  % de la qualité de l'équipe, de la tactique et des résultats viennent des décisions du coach et de ses choix. Son influence est énorme. Et voir des clubs français recruter des coachs étrangers, ça ne peut être que de bon augure pour la L.

C'est une réflexion nourrie au gré de vos expérience­s à l'étranger ?

J'ai eu la chance de connaître Christian Gourcuff à Lorient, un entraîneur qui avait sa patte, son système en --. J'ai appris à bonne école.

Des coachs comme Bielsa, Fatih Terim à Galatsaray ou Scott Parker à Fulham avaient une patte différente, mais insistaien­t beaucoup sur la tactique. La rigueur primait sur le relationne­l, c'était très pointu. Je retrouve cette volonté de pratiquer du beau jeu, de mettre la pression, de travailler dur chez Christophe Galtier.

Comment vous définiriez votre profil de joueur ?

Je pense être un joueur beaucoup plus défensif qu'avant. Avec une grosse volonté de gagner, rien lâcher, tirer l'équipe vers le haut. Je garde toujours mes qualités techniques (sourires), ma puissance sur les premiers appuis. Je pense que je me qualifiera­i l'équipe.

La vidéo, revoir ses matchs, c'est un outil que vous avez beaucoup utilisé personnell­ement ?

Je regarde tout le temps mes matchs. La vidéo est un appui. Elle permet de regarder la vérité en face, prendre conscience de ses qualités et ses lacunes pour travailler dessus. C'est un appui majeur aujourd'hui.

Que retenez-vous de votre expérience à la Juve et en Italie ?

J'ai beaucoup appris sur le plan mental. Arriver à la Juve à  ans, ça te calme très vite. Tu arrives fougueux, avec la volonté de montrer que tu es fort. Un peu feufollet, voire arrogant parfois. Et là-bas, ça te calme très vite parce qu'ils n’en ont rien à faire que tu saches dribbler, que tu sois le meilleur joueur du monde. La question est de savoir si tu sais te fondre dans un collectif, dans une tactique bien précise. J'ai beaucoup appris tactiqueme­nt, sur le plan de la maturité aussi. Savoir rester calme avec et sans le ballon, être discipliné.

Puis on arrive dans un vestiaire de champions...

Il y a des gros CV, de l'expérience... Ils n'ont même pas besoin de te parler, à les voir travailler tu sais déjà où tu dois te placer. Ne cherche pas à faire autre chose que ce qu'ils font, tu vas te perdre. Ils sont dans un moule, ils gagnent tout le temps. Ne cherche pas à être quelqu'un de différent. Rentre dans le moule, gagne avec eux et comprends que c'est ce chemin qu'il faut suivre. Pas un autre.

Et en Angleterre ?

Je suis arrivé avec le statut d'un joueur de la Juve. Ça se passait bien, mais les blessures m'ont perturbé l'esprit et freiné mon évolution. Ce sont des choix de carrière que je ne regrette pas. J'ai beaucoup appris. A Fulham, comme en allant à Galatasara­y aussi, ça m'a permis de confirmer ma position de leader dans un vestiaire. Je ne garde que de très bons souvenirs.

Ces périodes de blessure, vous en connaissez la cause ? C'était de la guigne, tout simplement ?

Je ne sais pas si j'ai tout fait pour ne pas me blesser, mais j'ai fait une grosse partie du job. Je pense franchemen­t qu'il y a eu un peu de guigne. C'était une période de ma vie où j'étais à un top niveau, je pouvais aspirer à de grandes choses. J'ai appris à faire avec ces blessures, à penser à autre chose, à travailler pour retrouver mon niveau. Ce

Vous regardez les matchs à la télé ?

Tout le temps. J'aime l’évolution moderne, voir comment les jeunes joueurs grandissen­t. Je m'attarde plus sur la tactique, je n'ai plus l'oeil du gamin seulement attiré par les ‘‘highlights’’. J’observe ce que mettent les coachs en place, pourquoi ils le font. J’apprécie encore plus le foot.

Pas trop difficile pour votre famille ?

Ils n'ont pas le choix ! C'est moi qui ai la télécomman­de (rires).

Etre père permet d'être un meilleur footballeu­r ?

Je ne sais pas. Mais un athlète plus tranquille, avec des idées précises. Tu n'as plus les mêmes objectifs, la même fougue. Tu n'es plus seul et t'as envie de montrer ton meilleur visage à ta famille.

Vous êtes un papa poule ?

Ou plutôt exigeant ?

Plutôt papa poule, oui... Ils me dominent ! (rires) Tu penses que tu vas tout gérer mais c'est dur quand tu vois leur petite bouille. J'essaie de leur inculquer de très bonnes valeurs, de prendre le même chemin que mes parents. Je suis en train de me découvrir aussi dans ce rôle de papa. C'est sont les aléas du football.

On apprend sur soi aussi dans ces périodes ? Beaucoup. Au début tu es très énervé, contre toi-même ou les gens qui t'entourent. Avec le temps, tu relativise­s, il faut positiver. Ça reste du foot, il y a des choses beaucoup plus importante­s dans la vie comme les enfants et la famille. Dans tous les cas, tu fais un sport merveilleu­x. Alors autant prendre le temps de revenir et apprécier ce que tu fais.

La pression, c'est quelque chose que vous avez connu après un transfert dans un club prestigieu­x ?

Non, je ne la ressens pas. Je suis un joueur qui déborde d'envie de gagner, de se battre. C'est ma nature et les gens qui m'entourent, comme les supporters, s'en rendent compte très vite.

Vous avez eu des modèles de joueur ? J'ai eu des modèles qui sont caducs désormais, comme Ronaldo, un attaquant

(rires). J'ai surtout joué avec des modèles : Gigi Buffon, Bonucci, Chiellini... Ça, ce sont de vrais modèles dans le travail et la volonté. Ils m'ont inspiré pour devenir le joueur que je suis dans l'aspect mental.

Entretien réalisé par William HUMBERSET Photos :

Eric OTTINO

beau d'avoir des enfants (ses yeux brillent).

Vous êtes installés dans la région ?

On est encore à l'hôtel. La période estivale complique un peu les recherches. On n'est pas pressé, on cherchera tranquille­ment avec ma femme. On va découvrir la région.

Et la cuisine niçoise ?

Je connais la salade niçoise mais pas sûr que c'était la bonne, il faut que je la teste à Nice (sourires). J'ai goûté au Pan bagnat par contre. Pas mal du tout.

Des passions en dehors du foot ?

La musique, je joue de quelques instrument­s, du piano. Je travaille des beats sur l’ordi, je compose des ‘‘instrus’’. Ça peut aller de la variété au rap, en passant par le rock... J'aime toutes les percussion­s, ces sonorités qu'il y a derrière.

Plutôt films ou livres ?

J'aime beaucoup lire des biographie­s, des bouquins sur l'histoire aussi. Mais le dernier livre, c'était ‘‘Les  lois du pouvoir’’, un gros pavé (sourires). C'est très cérébral, à propos de la perception du monde.

La musique, la littératur­e... Vous enrichir intellectu­ellement, c'est important pour vous ? J'essaie de mieux cerner l'être humain, de mieux me comprendre moi-même, comme mon environnem­ent. Je suis très curieux. On me dit souvent que je suis un bon manipulate­ur. Enfin, surtout ma femme (Il rit).

A la Juve, j’ai appris à rester dans le moule”

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