Radars : le gros business
Six contraventions sur dix concernent des infractions de moins de 5 km/h. Montée au créneau sur la question, la sénatrice varoise Françoise Dumont réclame une gradation des sanctions.
Pas de compteur dans le rouge au ministère de l’Intérieur. Il aura fallu plus d’un an à ses services pour répondre à une question écrite concernant les... excès de vitesse ! La requête signée en avril 2021 qui émanait de la sénatrice varoise Françoise Dumont, attirait l’attention du ministre sur la question des excès de vitesse inférieurs à 10 km/h.
Sensibilisée par l’association 40 millions d’automobilistes, Mme Dumont demandait de préciser «le nombre de procès-verbaux établis, année par année, depuis 2010, pour des excès de vitesse compris entre 1 et 10 kilomètres par heure, en ville, d’une part (vitesse limitée à 50 km/h) et hors agglomération, d’autre part ».
Des P.V. qui sanctionnent un pouvoir d’achat déjà rogné
Le 21 avril dernier, le ministère lui adressait enfin les chiffres nationaux sur la période 2010-2020, avec ce constat éloquent : près de 6 contraventions sur 10 (58 %) concernent des excès de moins de 5 km/h (1). Soit à chaque fois dans l’escarcelle de l‘État, une amende de 68 euros (minorée à 45 euros si réglée dans les quinze jours) et le retrait d’un point du permis de conduire. Sans remettre en cause « une politique de sécurité routière qui porte ses fruits », l’élue des Républicains, en déplacement entre La Seyne et Saint-Raphaël vendredi, fustige « un P.V. qui vient sanctionner un pouvoir d’achat déjà rogné alors que l’on n’est pas un « grand délinquant » de la route ». « La majorité de ces contraventions sont délivrées hors agglomération, c’est-à-dire dans les territoires où la mobilité est un vrai problème et où l’on ne peut donc pas faire grand-chose sans un véhicule. Que ce soit travailler ou avoir une vie sociale. Concernant ces contraventions, ne pourrait-on pas envisager une réponse graduée ? », plaide Françoise Dumont tout en insistant sur le fait que « dépasser la limite de vitesse autorisée, ce n’est pas bien ». Le principe ? Recevoir un courrier d’avertissement dans un premier temps avec un rappel des règles et être sanctionné lors du second « petit excès de vitesse » (jusqu’à 10 km/h).
Un précédent plus radical en 2015
« Il faut laisser une chance tout en gardant la peur du gendarme », poursuit la sénatrice varoise qui rappelle le trop grand nombre de morts annuels sur les routes du département. La proposition doit être soumise « rapidement » aux sénateurs afin de voir « dans quelle mesure il y a une possibilité d’aménagement des textes dans ce sens-là ».
Pour mémoire, en janvier 2016, un autre sénateur Les Républicains, Alain Fouché, avait fait une proposition de loi qui empruntait cette route. Sauf qu’elle préconisait de supprimer complètement l’amende pour les infractions de 0 à
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5 km/h. Celle-ci est passée comme une fusée sans rester dans les radars de l’hémicycle. Cette année, le gouvernement projette d’amasser près de 714 millions d’euros de recette grâce à ses « cyclopes flasheurs ».
LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr 1. Après prise en compte de la marge technique du radar.
2. Mais pas le retrait d’un point.
Sur la période 2010-2020, 58 % des contraventions liées à la vitesse concernent des excès de moins de 5 km/h. (Photo Patrice Lapoirie)