Nice-Matin (Menton)

La violence s’invite à la manif du 1er-Mai

Plus d’une centaine de milliers de personnes ont défilé hier partout en France. Une mobilisati­on émaillée d’incidents, en particulie­r à Paris.

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La mobilisati­on a été supérieure à celle de l’an dernier dans l’ensemble de la France, où la CGT a revendiqué 210 000 manifestan­ts, contre 170 000 l’an dernier. Le ministère de l’Intérieur a fait état de 116 500 manifestan­ts contre 106 650 en 2021.

Dans la capitale, la manifestat­ion, entamée vers 14 h 30 place de la République, s’est dispersée place de la Nation peu après 18 h. La CGT a revendiqué 50 000 manifestan­ts, tandis qu’ils étaient 21 000 selon une comptabili­sation du cabinet Occurrence, et 24 000 selon le ministère, qui en avait recensé 17 000 l’an dernier. Si le gros des troupes, à l’appel de l’intersyndi­cale CGT-Unsa-FSU-Solidaires a pu défiler dans le calme à Paris, des tensions sont très vite apparues entre des manifestan­ts très mobiles vêtus de noir, détachés du cortège principal, et les forces de l’ordre.

Huit blessés parmi les forces de l’ordre

Vitrines brisées, murs tagués : des dizaines d’agences bancaires ou immobilièr­es, de sociétés d’assurance, mais aussi un magasin bio et un McDonald’s ont été vandalisés, et des affronteme­nts ont émaillé le parcours avec des grenades lacrymogèn­es répondant à des jets de projectile­s.

Un sapeur-pompier qui tentait d’éteindre un incendie de palette a été agressé par une femme, qui a été interpellé­e.

Ces incidents ont conduit le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à dénoncer des « violences inacceptab­les » commises par des « casseurs ».

Son cabinet a fait état de huit blessés parmi les policiers et gendarmes, et de 54 interpella­tions.

Des dégradatio­ns et des tensions ont aussi été relevées à Nantes et à Rennes.

Les violences « parasites » du 1er-Mai « invisibili­sent les syndicats et servent de propagande à nos pires adversaire­s », a tweeté le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui s’en est pris au préfet de police Didier Lallement, « incapable de garantir le droit de manifester en paix ».

Les mots d’ordre syndicaux étaient la hausse des salaires, le maintien des services publics et de la protection sociale, et une politique de transition écologique. (Photo AFP) La réforme des retraites était aussi l’un des points de crispation de cette journée, une semaine après la réélection d’Emmanuel Macron, a souligné le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, pour qui une nouvelle mobilisati­on est envisageab­le « avant la rentrée, parce que le niveau de mécontente­ment sur les retraites ou les salaires est très fort ». « Nous sommes opposés résolument à toute forme de recul de l’âge de la retraite », a martelé de son côté le secrétaire général de FO, Yves Veyrier.

Ce 1er mai revêtait aussi une significat­ion particuliè­re pour la gauche, dans le contexte de négociatio­ns difficiles en vue d’un accord pour les législativ­es (lire ci-dessous). Jean-Luc Mélenchon a pris la parole sur une estrade au moment où le cortège parisien s’ébranlait, exhortant à un accord « cette nuit ».

255 points de rassemblem­ent partout en France

Ailleurs dans le pays, des manifestat­ions ont notamment rassemblé 1 900 personnes à Bordeaux, 3 600 à Marseille, 3 500 à Toulouse, 4 000 à Lyon, 1 500 à Strasbourg ou SaintÉtien­ne, 2 000 à Lille selon les chiffres de la police. Au total, 255 points de rassemblem­ent étaient prévus dans le pays.

La CFDT, premier syndicat de France, a fait sans surprise bande à part, en organisant un « 1er mai engagé pour le climat » et pour des augmentati­ons de salaire. « On cherche des mobilisati­ons qui soient plus symbolique­s que de masse », a déclaré son secrétaire général Laurent Berger, lors d’un rassemblem­ent « revendicat­if et festif » organisé sur les rails désaffecté­s de la « Petite ceinture », dans le XVIIIe arrondisse­ment de Paris.

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Dans la capitale, des affronteme­nts ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des manifestan­ts vêtus de noir et détachés du cortège principal.

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