Triste spectacle
On les avait presque oubliés depuis quelques mois. Les black-blocs, de retour dans les grands cortèges, en défigurent régulièrement la signification. C’est ce qui s’est passé hier à Paris, à la manifestation traditionnelle de la fête du travail du 1er-Mai. Pompiers pris à partie, giflés même, par des individus déchaînés, poubelles incendiées au milieu des rues, devantures de banques ou d’agences de voyages saccagées, on a revu des scènes qui ont marqué, des mois durant, les manifestations prévues, en principe, pour la défense des revendications sociales. Toutes ou presque, depuis des années, ont donné lieu à des débordements que les organisateurs des cortèges, et les forces de l’ordre aussi, ont été incapables d’éviter. Ce 1er-Mai en a été une nouvelle démonstration.
Et personne ne peut s’en féliciter. La CGT de Philippe Martinez n’a pas à se réjouir de voir qu’on ne retiendra de cette manifestation que ces actes de vandalisme et non pas la protestation contre la retraite à 65 ans.
Jean-Luc Mélenchon non plus, lui qui voulait faire de cette journée un moment historique, analogue, avait-il dit, à celui du 1er mai 1936, en plein Front populaire.
C’est que le Président de La
France insoumise a entamé, ces derniers jours, un processus de rassemblement de l’ensemble de la gauche dans la perspective des futures élections législatives. Certes, socialistes et insoumis ne s’étaient guère montrés tendres pendant toute la campagne présidentielle ; certes, le patron du PC,
Fabien Roussel, avait maintenu sa candidature, privant ainsi Jean-Luc Mélenchon de ce petit pourcentage d’électeurs qui, peut-être, auraient pu l’amener en tête pour le deuxième tour.
Mais les Législatives changent les points de vue : fort de son score le 10 avril dernier, Jean-Luc Mélenchon, malgré les divergences entre ces différents mouvements, entend bien réunir autour de lui toute la gauche. Celle-ci, si elle est divisée, risque d’être mise en pièces en juin prochain, tandis que si elle se réunit (insoumis, socialistes, verts et communistes), elle peut prétendre à un nombre de sièges plus élevé à l’Assemblée nationale.
Mais au final, que retiendra-t-on de ce 1er-Mai ? Essentiellement, la violence des black-blocs et autres extrémistes, qui a fait passer au second plan la signification politique que Jean-Luc Mélenchon et les partisans d’un accord autour de lui voulaient lui donner.
« Pompiers pris à partie, giflés même, par des individus déchaînés... »