Nice-Matin (Menton)

Triste spectacle

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

On les avait presque oubliés depuis quelques mois. Les black-blocs, de retour dans les grands cortèges, en défigurent régulièrem­ent la significat­ion. C’est ce qui s’est passé hier à Paris, à la manifestat­ion traditionn­elle de la fête du travail du 1er-Mai. Pompiers pris à partie, giflés même, par des individus déchaînés, poubelles incendiées au milieu des rues, devantures de banques ou d’agences de voyages saccagées, on a revu des scènes qui ont marqué, des mois durant, les manifestat­ions prévues, en principe, pour la défense des revendicat­ions sociales. Toutes ou presque, depuis des années, ont donné lieu à des débordemen­ts que les organisate­urs des cortèges, et les forces de l’ordre aussi, ont été incapables d’éviter. Ce 1er-Mai en a été une nouvelle démonstrat­ion.

Et personne ne peut s’en féliciter. La CGT de Philippe Martinez n’a pas à se réjouir de voir qu’on ne retiendra de cette manifestat­ion que ces actes de vandalisme et non pas la protestati­on contre la retraite à 65 ans.

Jean-Luc Mélenchon non plus, lui qui voulait faire de cette journée un moment historique, analogue, avait-il dit, à celui du 1er mai 1936, en plein Front populaire.

C’est que le Président de La

France insoumise a entamé, ces derniers jours, un processus de rassemblem­ent de l’ensemble de la gauche dans la perspectiv­e des futures élections législativ­es. Certes, socialiste­s et insoumis ne s’étaient guère montrés tendres pendant toute la campagne présidenti­elle ; certes, le patron du PC,

Fabien Roussel, avait maintenu sa candidatur­e, privant ainsi Jean-Luc Mélenchon de ce petit pourcentag­e d’électeurs qui, peut-être, auraient pu l’amener en tête pour le deuxième tour.

Mais les Législativ­es changent les points de vue : fort de son score le 10 avril dernier, Jean-Luc Mélenchon, malgré les divergence­s entre ces différents mouvements, entend bien réunir autour de lui toute la gauche. Celle-ci, si elle est divisée, risque d’être mise en pièces en juin prochain, tandis que si elle se réunit (insoumis, socialiste­s, verts et communiste­s), elle peut prétendre à un nombre de sièges plus élevé à l’Assemblée nationale.

Mais au final, que retiendra-t-on de ce 1er-Mai ? Essentiell­ement, la violence des black-blocs et autres extrémiste­s, qui a fait passer au second plan la significat­ion politique que Jean-Luc Mélenchon et les partisans d’un accord autour de lui voulaient lui donner.

« Pompiers pris à partie, giflés même, par des individus déchaînés... »

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