D’une union au forceps
La décomposition politique née de l’élection présidentielle de 2017 est toujours à l’oeuvre. La preuve, cette entrée définitive en agonie du Parti socialiste : né en juin 1971 au congrès d’Epinay, le PS de François Mitterrand, déconsidéré par les 1,7 % d’Anne Hidalgo le 10 avril dernier, pourrait en effet choisir la soumission à la radicalité de Jean-Luc Mélenchon.
S’il accepte de signer, après les Verts, un accord avec la France insoumise pour les élections législatives, Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, se couchera devant un homme dont il disait très récemment, qu’il avait franchi « la ligne rouge ».
Arrivé simplement en troisième position du premier tour de la présidentielle – certes de peu –, le leader de la France insoumise a réussi à faire croire, grâce à son talent oratoire et sa force de conviction, qu’il pouvait gagner les élections législatives. Du coup, il a embarqué derrière lui toutes les formations de gauche agonisantes en dépit d’un programme qu’il n’a pas vraiment amendé. Les concessions qu’il est prêt à faire pour parvenir à ses fins n’effacent en rien les propositions qui révulsaient hier la direction du PS. Cette nouvelle version de l’union de la gauche, rebaptisée « Nouvelle Union Populaire » (NUP), ressemblerait donc à un sauve-quipeut pour le Parti socialiste.
Que peut-il sauver, d’ailleurs ? Des députés sans doute, mais il est probable qu’il perdrait ses dernières plumes dans cette alliance. Si la NUP l’emportait aux législatives, ce qui est pour l’heure peu probable, les socialistes devenus parlementaires mesureraient très vite les conséquences de leur soumission dans une majorité qui serait sous la botte d’un JeanLuc Mélenchon ayant enfilé les habits de Premier ministre. Avant même le verdict du scrutin législatif, le PS va de toute façon beaucoup tanguer. On n’imagine guère Bernard Cazeneuve, Martine Aubry, Carole Delga, François Hollande – que
Mélenchon qualifiait jadis de « capitaine de pédalo » – et bien d’autres encore parmi les baronnes et barons du PS, dirigeants de régions, de départements et de villes, accepter sans dire un mot cet accord s’il est conclu. Ils garderont leur liberté de parler et d’agir à leur guise. Quoiqu’il advienne au demeurant, le PS est redevenu la SFIO dans sa version socialiste de la IVe République : une pétaudière dans laquelle personne n’obéit à personne.
Avec ou sans accord NUPtial, un déclin définitif l’attend, qui n’ira pas sans une refondation sociale-démocrate que certains, à l’image de
« On n’imagine guère Bernard Cazeneuve, Martine Aubry, Carole Delga, ou François Hollande accepter sans dire un mot cet accord s’il est conclu. »
Jean-Christophe Cambadélis, préparent déjà. Une utopie ?
En Europe, tous les socialistes ont marginalisé la radicalité qui les menaçait. Ils gouvernent en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Europe du Nord. Tous regardent avec stupéfaction la gauche française proche de faire le contraire.
Le conseiller régional RN en région Paca Philippe Vardon a réclamé hier que la question des alliances aux législatives avec Reconquête !, auxquelles la direction de son parti est hostile, soit tranchée en Conseil national.
Dans une lettre au président par intérim du RN Jordan
Bardella, l’élu niçois demande « solennellement » que la question des alliances aux élections législatives « soit portée devant notre Conseil national », sorte de parlement du parti, « qu’elle fasse l’objet d’un vrai débat et soit tranchée par un vote de celui-ci ».
Philippe Vardon déplore que
Philippe Vardon, conseiller municipal RN de Nice.
Jordan Bardella ait répété le refus du RN d’un accord avec le parti d’Éric Zemmour, dimanche lors d’un Conseil national élargi du parti qui s’est tenu par visioconférence.
« Sacrifier le RN dans le sud »
« Balayer aussi brutalement toute perspective d’union, ou même simplement de discussion, revient tout bonnement à sacrifier le RN dans le sud », avertit Philippe Vardon. En région Paca notamment, compte tenu des scores d’Éric Zemmour à la présidentielle, « sans accord, la perspective est que la moitié des seconds tours pourrait échapper au camp national », ajoute-t-il.
« Au-delà des ego et des aigreurs, le RN peut trouver en Reconquête ! l’allié longtemps espéré » et « la logique voudrait même que, plutôt que de chercher à détruire ce parti, le RN l’aide à achever LR », estime Philippe Vardon.