Avec les trottinettes, « l’écueil, c’est l’accidentologie »
Depuis 18 ans que le baromètre Axa Prévention existe, il n’a jamais montré un usage aussi relâché de la trottinette électrique. Édité début avril 2022, le dernier rapport scrute les comportements des usagers de la route.
Bilan, les nouveaux modes de déplacement, moins polluants, sont en progression, puisque deux-tiers des Français interrogés déclarent vouloir opter pour un mode de transport actif. Marche, vélo, trottinette ou overboard appartiennent à cette « mobilité douce ». Un vocabulaire peut-être trompeur : « Maintenant, ces modes de déplacement sont plutôt baptisés des mobilités actives », précise Clotilde du Fretay, secrétaire générale de l’association Axa Prévention, qui mène ce baromètre chaque année.
« L’écueil de ces mobilités, c’est l’accidentologie. Dans le paysage routier, il y a davantage de morts parmi ces catégories, que par le passé. » Et c’est tout le paradoxe.
Même si les accidents de trottinettes ne représentent « que » 1 % des victimes sur la route, la hausse des accidents mortels interpelle. Le tour en quatre points sur les enjeux de ces nouveaux usages.
L’impression que ce n’est pas dangereux C’est bien la sensation, fausse et trompeuse, dont il faut se défaire. Les utilisateurs « n’ont pas l’impression de rouler sur un véhicule dangereux. Ils s’affranchissent des règles. Par exemple, il est complètement interdit de transporter un passager. » Or, « 49 % des propriétaires de trottinette le font, dont des parents qui accompagnent leur enfant le matin à l’école. Et ceux qui louent une trottinette sont encore un peu plus nombreux, 58 % à transporter un passager, cette fois plutôt pour un usage ludique. »
Sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants
Laisser sa voiture pour aller en soirée et prévoir de rentrer en trottinette. Encore une fausse bonne idée.
L’usage d’une trottinette sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool « est en forte hausse : 58 % la prennent après avoir consommé plus de deux verres. 55 %, après avoir pris des stupéfiants. »
Toujours selon le baromètre, cette proportion hausse ». est « en très forte
L’emprise du téléphone portable
Autre fait marquant, l’emprise du téléphone portable, dont tous les modes de transports pâtissent, mais qui concerne une majorité d’usagers de trottinette.
Les deux-tiers reconnaissent consulter des SMS au guidon et à peu près autant lisent des notifications envoyées sur les réseaux sociaux. « Il y a un moment ou un autre où on quitte la route des yeux. Pour la génération née avec un smartphone, on vit sa vie sociale sur les réseaux, en direct, y compris à trottinette. » Si l’usage du GPS est très répandu, il est accepté, « à condition de le programmer avant d’être sur la route ». Et que le téléphone soit tenu par une fixation.
Mais des points positifs
« À Axa Prévention, on est optimiste. Il y a plusieurs dizaines d’années, les gens ne mettaient pas leur ceinture de sécurité. Pour les trottinettes, tout le monde a compris qu’on ne roulait plus sur les trottoirs. 79 % le faisaient, or ils ne sont plus que 19 % à le faire. »
L’association souhaite une évolution de la réglementation, qui rendrait le casque obligatoire, et non conseillé, comme aujourd’hui. « On croit beaucoup à l’importance du casque, car les risques sont évidents. C’est le crâne qui prend le choc. » Et d’après Axa Prévention, une partie de Français y est prête.
SO. B.