Villa Victoria, un lieu pour fuir et soigner les sévices
Un nouveau centre d’accueil d’urgence est dédié aux femmes et à leurs enfants victimes de violences. Un abri au vert, pour se poser, renaître avant de reprendre possession de sa vie.
la Villa Victoria, elles arrivent seules ou avec leurs enfants. Effrayées. Vidées. Peu à peu, elles renaissent, peuvent retrouver une forme d’émancipation, reprennent possession de leur vie, de leurs petits, qui sont des adultes en devenir. Victoria ! Comme une victoire face à l’être qui leur a fait « mâle ». Ce sont les résidentes qui ont choisi le nom de ce centre d’accueil d’urgence, inauguré demain quelque part sur le territoire niçois et qui protège depuis décembre des femmes seules ou des mamans avec enfants, aux prises d’un mari, d’un amant violent. Ce site est la propriété de l’association départementale ALC (Agir pour le lien social et la citoyenneté), dont le but est de protéger en les insérant les plus vulnérables : sans domicile stable, enfants en danger, migrants, réfugiés... Des missions déclinées dans différents services des Alpes-Maritimes. Et donc, désormais, les femmes battues, ou subissant des violences psychologiques, ont leur havre de paix, dans la verdure. Explications en compagnie de l’équipe responsable : Sergine Begoin, chef de service, Lamia, Agius, directrice du pôle, Camille Constans, responsable du développement de l’ALC, Kremena Fredon, coordinatrice du centre.
Comment est née cette nouvelle structure ?
En 2020, l’association, qui gère le numéro 115, téléphone social de mise à l’abri, a été activée à de multiples reprises pour des mises à l’abri de femmes victimes de violences : 640 personnes sur l’ensemble du département. Face à cette flambée de violence, avec notre financeur, la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités, nous avons réfléchi à des alternatives de prise en charge de ces publics.
Comment faisiez-vous jusqu’à la crise sanitaire pour gérer ces situations ?
Nous avions un volume de nuitées variables nécessitant des (Photo Sébastien Botella)
conventions avec des hôtels, des accueils de nuit dans différentes communes, des accueils d’urgence... Toujours sur de courtes périodes. Mais les dames qui allaient à l’hôtel étaient un peu perdues, sans réponse et retournaient chez elles. Nous avions déjà cette villa qui avait servi à décliner divers dispositifs. Nous l’avons mise à disposition de façon pérenne aux femmes et mères avec enfants.
De quelle place disposez-vous ? De1680m sécurisés, surveillés,
2 répartis sur deux bâtiments. Le bâtiment principal regroupe vingt studios et deux logements plus grands pour des mères accompagnées jusqu’à quatre enfants. Un autre bâtiment propose vingt places. Chaque famille a son studio ou son F2, mais il y a aussi une partie collective pour échanger, recréer des liens, tisser une solidarité. C’est aussi un lieu de vie.
Combien de résidentes actuellement ?
Douze femmes de 22 à 49 ans, issus de tous les milieux et vingt enfants.
Quel est le critère d’entrée à la Villa Victoria ?
La dangerosité. À partir du 115, une femme se déclare. Nous évaluons ce lien de dangerosité, nous rencontrons la personne. Le lien peut aussi être fait par un commissariat.
Et une fois l’accueil validé, que se passe-t-il ?
Une équipe de huit travailleurs sociaux (sur un total de quatorze) est présente sept jours sur sept. Le centre d’information des droits des femmes et des familles détache un juriste et deux psychologues. Une journée se déroule entre suivi psychologique, démarches, activités : fresque, jardin potager...
Quelle est la différence avec les accueils précédents en ville ? L’intimité dans les logements, si les dames souhaitent rester seules. Mais elles ont aussi la possibilité d’échanger et se rendent compte qu’elles ne sont pas les seules à avoir vécu des souffrances. Le groupe soutient, aide à retisser du lien plus facilement. Il y a une solidarité précieuse.
Combien de temps peut rester une résidente ?
Trois mois renouvelables une fois. C’est de l’hébergement d’urgence. Le but est de travailler sur une réorientation.
Est-ce que c’est gratuit ?
Oui, pour l’hébergement, financé dans le cadre de l’aide sociale au logement, mais dans certains cas, il peut y avoir aussi un soutien financier.
Et après ?
Depuis l’ouverture de la Villa, certaines résidentes suivent une formation, ont signé des CDD. Trois d’entre elles ont quitté le centre : deux sont rentrées chez elles avec éviction de l’auteur des violences et la situation de la troisième a nécessité un éloignement. Il faut qu’elles arrivent à dépasser leur statut de victimes. Mais nous ne sommes pas là ni pour juger, ni pour détruire l’image du père. Nous respectons la relation parentale.
CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr
Savoir + www.association-alc.org
ajoute : « quand les nazis ont débarqué sur Nice, ils sont montés dans la vallée. Ils se sont éparpillés et tout le monde a fermé sa bouche ». Une trentaine de personnes ont été cachées par les Saint-Légeois. C’est la secrétaire de mairie de l’époque, Zoé David, décorée de la médaille des Justes, qui organisait la vie du village. Elle a donc falsifié des bons de rationnement, pour que les gendarmes ne se rendent pas compte de l’augmentation du nombre de personnes. Les villageois, eux, pratiquaient l’abattage clandestin et les meuniers faisaient fonctionner le moulin de nuit, pour plus de discrétion.
Accessible uniquement par une petite route qui finit en cul-desac, l’entrée du village était gardée par un pont suspendu. Qu’on pouvait facilement démonter et remonter. « C’est le facteur qui disait à ma grand-tante que les Allemands montaient. Elle se mettait à la fenêtre de la maison familiale, en haut du village et sortait un drap blanc. Les juifs savaient alors qu’il fallait se cacher », raconte Jacques David. Si les militaires prenaient le pont, ce qu’ils faisaient rarement, les maquisards n’avaient plus qu’à le faire sauter et leur tirer dessus.