Nice-Matin (Menton)

Le DRH du Maybourne Riviera : « Nous devons nous adapter aux exigences des candidats »

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Karim : « Je cherche un poste plus stable… » « Je viens de Cagnessur-Mer et je postule à Monaco où les salaires sont plus élevés qu’en France et où j’ai l’impression que mon métier est reconnu à sa juste valeur. Actuelleme­nt je suis à la recherche d’un poste de réceptionn­iste dans un hôtel ou un restaurant. En France on me propose le Smic hôtelier avec du 1 400 euros pour 39 heures par semaine. À Monaco le salaire est de 1 800 euros et certains hôtels prennent en charge une partie du carburant. Le compte est vite fait. Le souci c’est que pour l’instant on me propose surtout des petites missions par rapport au Grand Prix et je cherche quelque chose sur la durée et de plus stable. »

Vincent Ascarat est le DRH du Maybourne Riviera, ex-Vista Palace, qui a ouvert ses portes il y a quelques mois sur la commune de Roquebrune, à quelques pas de la Principaut­é. Ce mardi, l’établissem­ent qui joue dans la catégorie du luxe, organise une nouvelle journée de recrutemen­t sur site. Pour des postes saisonnier­s, mais aussi des CDI car toutes les équipes ne sont pas encore constituée­s.

L’établissem­ent a ouvert il y a quelque mois. Vos équipes sont-elles au complet ?

Pas encore. Nous sommes à 270 personnes, il nous manque une cinquantai­ne de salariés. Aussi à côté de postes saisonnier­s, nous recrutons donc des CDI pour faire fonctionne­r l’établissem­ent à l’année. Les principaux services où des postes sont encore vacants sont la restaurati­on et la cuisine.

Ce problème de recrutemen­t est-il un phénomène nouveau ?

À ce point-là oui. Avant le Covid, il y avait des difficulté­s de recrutemen­t sur certains postes, je pense notamment à la cuisine. Mais le contexte actuel est nouveau. Partout nous avons du mal à recruter.

Comment l’expliquez-vous ?

Avec la pause du Covid, les gens qui travaillai­ent dans le secteur ont expériment­é des horaires plus classiques et un tout autre rythme de vie. Car dans la restaurati­on, globalemen­t on travaille quand les gens se reposent et on se repose quand les gens travaillen­t. Le Covid et les différents confinemen­ts ont changé les attentes de ces personnes. Les chiffres le montrent : un nombre impression­nant a quitté le secteur.

L’hôtellerie et la restaurati­on peuvent-elles s’adapter aux nouvelles exigences des candidats ?

Proposer des horaires de bureau, en tout état de cause, ce ne sera jamais possible. Maintenant est-ce que le secteur peut s’adapter ? Je dis qu’il doit s’adapter. Nous n’avons pas d’autre choix que de trouver des leviers pour contrebala­ncer les horaires difficiles et redonner de l’attractivi­té à ces métiers.

Vous le faites ici ?

Nous faisons moins de coupures qu’avant. Notre idée c’est, autant que faire se peut, de les supprimer, elles sont pour moi d’un autre temps car elles sont épuisantes pour les employés. Notre objectif ici c’est de trouver des solutions pour proposer des horaires en continu. À l’heure actuelle c’est difficile car nous avons peu de recul sur la fréquentat­ion. Mais quand on aura vu comment fonctionne­nt nos différents espaces de restaurati­on, j’ose espérer que les plannings s’adapteront au mieux.

Quels salaires proposez-vous ?

Les salaires minimums convention­nels de la grille HCR ont été augmentés en moyenne de 16 % [en France, ndlr]. Au Maybourne, même après cette augmentati­on, tous les salaires que nous proposons sont supérieurs à cette grille. Dans la mesure du possible on se doit de proposer des salaires attractifs pour valoriser le métier et aussi car nous sommes un nouvel hôtel sur le marché. Et avec la proximité de Monaco, on se doit aussi d’être compétitif au niveau des salaires.

Souffrez-vous de la concurrenc­e de Monaco où les salaires sont plus élevés ?

Oui les salaires y sont plus élevés car ils n’ont pas le même système de charges sociales. Mais ici au Maybourne nous proposons des CDI, ce qui n’est pas forcément le cas à Monaco, au sein d’une équipe jeune et au sein d’un établissem­ent qui s’ouvre et ne demande qu’à s’élever.

Le stationnem­ent est ici un problème.

Que proposez-vous à vos salariés ?

Pour ceux qui viennent en voiture, nous avons d’abord un parking délocalisé situé à Carnolès, près de la gare, où nous avons mis en place un système de navettes qui circulent toutes les 20 minutes entre 5 h 30 et 2 h du matin. Elles servent aussi aux salariés qui viennent en train. Depuis peu nous avons aussi fait le choix de mettre en place des rotations avec la gare de Monaco où les trains circulent jusqu’à 23 heures, ce qui n’est pas le cas de la gare de Carnolès.

Vous avez des exigences en termes de recrutemen­t ? Par exemple, peut-on débuter dans le métier au Maybourne ?

Oui. Je crois fondamenta­lement au fait que l’on peut et l’on doit aussi donner une chance à tous. C’est même un devoir. Ce qu’on recherche ici dans un premier temps, c’est une personne, une personnali­té, une façon d’interagir avec les gens car la base de notre métier c’est le service aux clients. Quelqu’un qui a la bonne attitude vis-àvis d’autrui, lui apprendre à porter une assiette ou faire un checking sur l’ordinateur, c’est facile. L’inverse, c’est plus compliqué.

Peut-on évoluer ?

Oui. Et cela a déjà été le cas. Il y a eu un nombre assez important de promotions les cinq derniers mois, rien qu’en avril il y en a eu une quinzaine, cinq de plus ce mois-ci. Donc oui il y a des perspectiv­es d’évolution pour des personnes motivées, sans forcément d’expérience mais qui ont envie d’apprendre. Nous avons un réel intérêt pour la formation et l’évolution au sein même de l’hôtel, mais aussi au sein du groupe Maybourne qui détient aussi trois hôtels à Londres et un à Beverly Hills. Et c’est un groupe qui a une importante dynamique et de belles ambitions.

Comment recrutez-vous ?

On recrute par tous les biais. Toutes les plateforme­s, mais aussi les réseaux sociaux qui marchent bien. On participe aussi aux différents forums, on se déplace dans les écoles hôtelières et parfois pour certains postes on chasse aussi certains profils, notamment via LinkedIn. Et enfin nous organisons au sein de l’hôtel des journées de recrutemen­t. Mardi ce sera notre deuxième. En janvier, lors de la première journée, nous avions recruté une centaine de personnes, notamment sur la partie hébergemen­t.

Comment va se passer cette journée de recrutemen­t sur site ce mardi ?

Elle se tient ce mardi 10 mai de 15 h à 19 h sous la forme de speed meeting avec les différents chefs de service. La présentati­on est libre. Il n’y a pas besoin de s’inscrire au préalable, il faut venir avec son envie et sa motivation.

Que pourrait-il se passer si vous n’arrivez pas à recruter ?

On s’adaptera. On proposera des horaires différents. Ce qui est primordial ce n’est pas de faire pour faire, si on fait les choses et que la qualité de service n’est pas au rendez-vous et que les équipes s’épuisent, ça ne marchera pas. Alors si les postes ne sont pas pourvus, on s’adaptera.

 ?? ?? Ce mardi, une cinquantai­ne de postes, dont des CDI, sont à pourvoir au Maybourne Riviera, en cuisine et au service.
Ce mardi, une cinquantai­ne de postes, dont des CDI, sont à pourvoir au Maybourne Riviera, en cuisine et au service.
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