Nice-Matin (Menton)

Monetti : « Le candidat de droite c’est moi »

Il est «le candidat du maire» dans le première circonscri­ption. Celle d’Eric Ciotti, le député sortant. Le benjamin du conseil municipal a été choisi pour en découdre avec le baron des LR.

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Graig Monetti, du haut de ses 29 ans, ira ferrailler dans la 1re circonscri­ption contre Éric Ciotti. C’est officiel. L’ancien représenta­nt associatif de la fac de droit, qui cumule depuis 5 ans un poste de chef de cabinet auprès de la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur et un siège d’adjoint en mairie, vient de l’annoncer en vidéo. Il est l’élu. Désigné par Christian Estrosi pour cette confrontat­ion au sommet. L’intéressé se dit ravi d’être « le candidat du maire de Nice ».

Il faut dire qu’il y avait concurrenc­e. L’ancien conseiller départemen­tal Olivier Bettati, bombardé à la tête de la mission port il y a quelques mois, rêvait d’en découdre avec son ennemi intime. Celui-là même, affirme cet ancien directeur de campagne de Marion Maréchal Le Pen, qu’il aurait aidé à conserver son siège de député en 2017 en convainqua­nt Philippe Vardon de se déporter dans la 3e. L’adjoint et conseiller départemen­tal Philippe Soussi était lui aussi sur les rangs.

« Réglé en deux conversati­ons »

« Ils auront toute la place qu’ils souhaitent à mes côtés », assure Graig Monetti. Tout en assurant que l’affaire s’est réglée en « deux conversati­ons » avec Christian Estrosi. « Celle où je lui ai dit : M. le maire, j’aimerais être candidat. Et celle où il m’a dit : Graig, tu es candidat. » Le jeune loup va ainsi pouvoir se faire ses premières dents. Certes il fait partie de la majorité municipale et de l’administra­tion présidenti­elle. Il a aussi été sur les listes aux régionales. «Enposition non-éligible », préciset-il. Mais c’est la première fois qu’il va défendre son propre nom.

« Ça fait quelque chose » ,reconnaît-il. « Ça oblige... » à une « introspect­ion personnell­e » tout d’abord. Sur les terres de son enfance et de ses grands-parents, « qui tenaient une miroiterie rue Pierre-Blancon », avant que son père, « ancien sportif de haut niveau », ne reprenne l’affaire familiale. Vis-à-vis des électeurs aussi : « Quand on est en première ligne et que l’on donne sa parole, il faut la tenir. Toute la journée je sillonne les rues avec mon petit carnet et un stylo. Je note les doléances. Je dis aussi quand on ne va pas faire. Je ne suis pas en train de promettre des terrasses à la ville entière. Mais quand c’est possible, je le dis... Et on le fait. »

« Un post-it suffirait pour son bilan »

Graig Monetti veut, dit-il, axer sa campagne sur «la modestie et la sincérité ». Loin des partis et de ces « étiquettes qui ne font pas les élections ». Sur le bilan du maire de Nice aussi : « Il faudrait un livre pour écrire ce qu’il a fait pour la 1re circonscri­ption alors que pour le député sortant, un post-it suffirait ». Premières passes. Encore à fleuret moucheté. «Je vous le dis d’entrée, martèle le candidat estrosiste, je suis loin des aigreurs, loin des opposition­s systématiq­ues, des clivages partisans. Je suis dans une (Photo Sébastien Botella) démarche très en proximité. Très en sincérité. Je sillonne la ville pour comprendre les attentes et les besoins. »

Ce serait l’un des deux enjeux de sa candidatur­e. « Tendre une main aux résidents, habitants et commerçant­s qui sont dans le besoin. » L’autre étant d’apporter au maire « le soutien national » de ses ambitions pour la ville. Il se dit fier d’ailleurs de pouvoir bénéficier de « l’expérience de la faiseuse de projets » d’Estrosi, Anne Ramos, qui sera sa suppléante dans cette bataille. Du coup Graig Monetti s’adresse aux « Niçoises et Niçois de la première circonscri­ption » et leur laisse le choix entre « voter pour euxmêmes » au travers lui et voter pour « un député d’opposition qui ne fera que de l’opposition systématiq­ue ». Comme lorsqu’Éric Ciotti crée une « pseudo-associatio­n à Aix soi-disant pour défendre le TNN ». « Ridicule !»

« Rassembler maintenant et tout de suite »

La partie risque néanmoins d’être compliquée pour le jeune outsider du seul baron de la droite locale à avoir sauvé son épingle du jeu en 2017. Voilà pourquoi il veut « rassembler maintenant et tout de suite ». Le plus largement possible. De Marc Concas, à Hervé Caël, en passant par Bettati. « Le candidat de la droite c’est moi, assène-t-il. Éric Ciotti c’est celui de l’extrême droite. » Soulignant le « cadeau » fait par Zemmour qui n’alignera pas de candidat dans la première et stigmatisa­nt la défection de Philippe Vardon candidat de nouveau dans la 3e (non investi par le RN). Avant d’ajouter que son coeur est au centre mais qu’il prendra « toutes les bonnes idées » de droite, comme de gauche.

Un grand écart ? « Je mesure deux mètres, je vais y arriver », ironise le jeune candidat avant d’embrayer sur un air très macroniste : « Regardez la politique. Les partis sont foutus. Les gens n’en veulent plus ». Et d’embrayer, lorsqu’on lui fait remarquer que la bataille risque d’être âpre compte tenu des enjeux qui se jouent dans le camp adverse en cas de défaite : «Moi,jesuisentr­ainde faire mes cartons au ministère à Paris, et c’est normal. Quand les gens vous élisent ce n’est pas un CDI qu’ils vous donnent. Chacun de nos concitoyen­s cotise pour payer une indemnité à leurs représenta­nts, mais ce n’est pas un salaire ».

Graig Monetti estime qu’au bout de 15 ans l’heure du changement est venue. Il a, dit-il, « une conception différente de la politique » à offrir à ses électeurs. Tout en reconnaiss­ant que l’enjeu de ces législativ­es est tout aussi crucial pour son camp : offrir une majorité à Emmanuel Macron. « C’est tout aussi fondamenta­l compte tenu des majeurs enjeux qui sont face à nous... Éric Ciotti veut que la France reste la France. Et bien moi je veux que la France devienne championne du monde... »

ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

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Graig Monetti candidat aux législativ­es dans la première circonscri­ption de Nice.
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