Christophe Galtier,
Le coach vu par les siens et ses proches dans le foot.
Pour lui, le Stade de France ne sera pas une découverte. Neuf ans après avoir fait chavirer le peuple vert de bonheur, Christophe Galtier est à une marche d’une nouvelle Coupe, la plus belle de toutes, celle dont il rêve depuis sa plus tendre enfance. En l’espace de dix mois, il a redonné un coup de fouet aux ambitions de l’OGC Nice, qui n’a jamais été aussi près de ramener ce magnifique trophée sur la Promenade des Anglais pour un défilé pour l’éternité. A 55 ans, il deviendrait le premier coach français à réaliser le triplé Championnat-Coupe de France-Coupe de la Ligue, ce qui ne lui a pas échappé depuis la qualification contre Versailles. Marquer l’histoire, la sienne, bien sûr, mais aussi celle du Gym, il ne vit que pour ça. Il ne pense qu’à ça, du soir au matin, en parle avec ses proches, qui seront tous là, ce soir, au Stade de France, qu’ils rejoindront dans un bus loué pour l’occasion. Il y aura Régine, son épouse, qui ne se prive jamais de lui dire qu’il s’est égaré en conférence de presse, deux de ses fils - l’excusé Jordan, entraîneur adjoint d’Ajaccio, joue aujourd’hui -, Alain Caillet et Gérald Bocci, ses deux amis rencontrés à Cassis, Luis Campos, directeur sportif de Lille, avec lequel il a remporté le titre et qui n’est jamais loin, et plein d’autres encore. Tous, ou presque, ont accepté de nous parler du coach Galtier mais surtout de l’homme. Ils le connaissent mieux que personne et savent, tous, que cette finale marquera un tournant dans la carrière de leur ami et leur père, avec qui ils ont très envie de boire une coupe de champagne sur la pelouse du Stade de France. VINCENT MENICHINI
Alain Perrin : « Avec lui, il ne faut pas des joueurs trop individualistes »
« On est toujours en contact, on s’envoie des messages. Cela tourne autour du foot. Je l’avais invité à prendre son envol à
Sochaux mais il rechignait un peu à l’idée de devoir gérer tout l’environnement du foot : les médias, les états d’âme, etc. Il est pourtant excellent dans ce domaine. C’est une bonne nature, il est ouvert. Il a très bien évolué au fil des années pour devenir un top manager. Christophe, c’est quelqu’un qui aime la vie de groupe, les amis, sa tribu. Il a le sens du partage, ce qui ne l’empêche pas de trancher. C’est naturel chez lui. Il est rassembleur. Je pense qu’il est arrivé à maturité. Je l’ai rarement vu être pris par ses émotions. Il a une réelle capacité de rebond après un échec. Il est aussi moins naïf, moins transparent avec vous que par le passé. On avait discuté du choix de Nice, il m’avait prévenu très tôt de sa décision. C’est un choix logique, cela ne m’a pas surpris. Aller à Nice, ce n’est pas la loterie. Il y a un projet fort intéressant, sur le long terme. Cela lui ressemble. L’étranger l’a titillé mais c’est beau de bâtir à Nice... Un premier titre depuis 25 ans, ce serait magnifique... Sélectionneur ? Je l’ai déjà dit, il pourrait faire partie des postulants. Depuis dix ans, c’est l’un des meilleurs coachs français.
Le jeu ? Je suis toujours surpris de ce procès. A Lille, ça marquait plein de buts, ça allait dans tous les sens. Je connais ses idées sur le jeu. Avec Christophe, il ne faut pas des joueurs trop individualistes, qui rechignent à faire des efforts. »
Christophe Galtier a été l’adjoint d’Alain Perrin à Sochaux (20062007), à Lyon (2007-2008) et à Saint-Etienne (2008-2009).
Luis Campos : « Il ne manque que la cerise »
« Nice, j’aime beaucoup, beau club, belle ville, beau stade, beau centre d’entraînement, un propriétaire avec une dimension internationale. Il y a tout. Le club ne cesse de progresser, va dans la bonne
direction. Galtier, c’est le coach parfait pour poursuivre dans cette voie, un coup qui sera décisif. A Lille, il a pris une dimension internationale. Christophe, c’est la garantie du bon travail, on est restés très proches. On s’appelle, on prend un café de temps en temps, comme des amis. On sait faire la part des choses entre l’aspect professionnel et le reste, même si on parle foot, car c’est ma vie (rires). A Lille, on a créé un lien très fort, on est partis de si loin pour arriver au titre de champion de France. Je sais ce qu’il aime, il sait ce que j’aime, je sais comment il fonctionne, il sait comment je fonctionne. Je le préfère dans mon camp que dans un autre. A Lille, il a grandi, atteint sa maturité en tant que coach. Quand je l’ai recruté, j’ai pris un talent hors norme qu’il a su développer. Je lui ai cassé la tête pour qu’il en prenne conscience. Il a créé une oeuvre d’art au Losc. A Nice, il fait une grande saison, il ne manque que la cerise, ce titre. Je lui disais souvent qu’il n’y avait qu’une seule façon de gagner : c’est d’être ensemble, l’intendant et le chauffeur du bus, inclus. Seul, tu ne fais rien.
Il ne faut pas créer une famille, cela n’existe pas dans le foot.
Ton concurrent en attaque, ce n’est pas ton frère. Il faut en revanche créer un groupe avec une énorme compétitivité en son sein, Christophe l’a très bien compris. Ce point a sans doute été le sujet de notre plus longue discussion. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il est direct. Il ne te plantera pas un couteau dans le dos. Il est comme moi, c’est pour ça qu’on s’est bien entendus. Cela a parfois été tendu mais on arrivait toujours à discuter. Quand j’ai gagné avec lui, je me suis dit « Putain que c’est beau ! » Car il y avait moins de moyens qu’à Monaco. Retravailler ensemble ? J’en serais très heureux car j’aime l’entraîneur, mais encore plus la personne. Je n’espère qu’une chose : ouvrir une bonne bouteille de champagne avec lui après la victoire. Il est très fort en communication, malin avec vous (les médias, ndlr). »
Luis Campos était directeur sportif de Lille de 2017 à 2020. Il l’a également été à Monaco (2013-2016). Sa société s’occupe aujourd’hui du recrutement du Celta Vigo.