Nice-Matin (Menton)

Encore dans

La première finale du Gym gagnée (5-3) face à Bordeaux a marqué le football français tant elle fut intense et spectacula­ire.

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France en titre (1951) vise cette fois le doublé. La gloire est au bout du chemin.

Les Niçois en boîte de nuit...

Surprise : l’OGCN et les Girondins sont descendus dans le même hôtel parisien. Cette coïncidenc­e va donner une idée à Numa Andoire. Une de plus... Personnage hors du commun, l’entraîneur du Gym a mille tours dans son sac de sport. Il demande à ses joueurs de se mettre en costume pour le dîner servi vers 19h dans un salon de l’hôtel. Dans la pièce d’à côté, les Bordelais sont en survêtemen­t. Le décalage en annonce un autre. Après le souper, alors que les Girondins regagnent leurs chambres pour aller se coucher, les Niçois et leur coach sortent boire un verre dans Paris. Numa Andoire sourit. L’entraîneur bordelais, André Gérard, n’en croit pas ses yeux. Pour lui, c’est une folie. Numa Andoire est drôle, malin, fantasque, anticonfor­miste, truculent. Il est tout. Sauf fou. Oui, il y a du génie en lui. « Avant un tel match, les joueurs tardent à trouver le sommeil. C’est pour ça que j’ai préféré les emmener dans une boîte de nuit. Pendant que nos adversaire­s tournaient et se retournaie­nt dans leur lit, nous avons bu une coupe de champagne et écouté un peu de musique. A minuit, les gars étaient couchés. Et je peux vous dire qu’ils ont dormi comme des pioupious. Alors que dès 6h du matin, les Bordelais, eux, erraient dans le hall de l’hôtel après une nuit agitée» , racontera plus tard Numa Andoire. C’est finaud avant une finale.

Le choix de Numa

Ce n’est pas le seul coup d’éclat du coach niçois. Sa compositio­n d’équipe a déjà fait pas mal de bruit. Elle a même divisé la ville en deux. Tout ce tapage à cause d’une promesse faite en Lorraine. Une semaine avant ce Nice-Bordeaux, le Gym se rend à Metz. A quatre journées de la fin du championna­t, ce rendezvous est crucial. Dans le vestiaire, à quelques minutes du coup d’envoi, Numa Andoire réunit ses hommes : « Vous êtes onze. Si vous remportez ce match, vous serez titulaires lors de la finale de Coupe de France ». Problème : Désir Carré et Per Uno Bengtsson ne sont pas au stade Saint-Symphorien. Le milieu de terrain aux pieds d’or, capitaine indiscuté et indiscutab­le ainsi que l’attaquant suédois, meilleur buteur de l’équipe, ont été laissés au repos. Ils sont remplacés par Carniglia et Nurenberg. Coaching gagnant : le Gym s’impose 2-0 et se rapproche du sacre. Lors du voyage retour, Monsieur Albert, grand dirigeant de l’OGCN s’adresse à l’entraîneur : « Numa, tu ne vas pas faire ça ! Si on perd la finale sans Carré, ni Bengtsson, les supporters vont nous attendre à la gare avant de nous pendre aux arbres de l’avenue de la Victoire ». Mais Numa Andoire est un homme de parole. Il fera ce qu’il a dit.

Quand il annonce son onze de départ dans les colonnes de Nice-Matin, c’est l’émeute. Ou presque. Il reçoit des lettres d’insultes, de menaces. Il est hué dans la rue. La colère s’éteindra au fil des jours. La passion est plus forte que tout.

Coup de folie sur la finale

Enfin le grand jour. Le ciel est gris sur Paris. Le stade de Colombes est plein comme un oeuf. Près de 62.000 spectateur­s se sont mis sur leur 31 pour assister à l’événement. Les joueurs sont show. A la 12e minute, il y a déjà 2-1 pour l’OGCN. Les buteurs niçois s’appellent Nurenberg et Carniglia. Tiens, tiens... Numa Andoire peut se frotter les mains. La pointe Vic (Nurenberg) a ouvert le score suite à une percée dont il a le secret avant que Carniglia, bien servi par Cesari, ne claque du droit. Entre-temps, Baillot avait égalisé.

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