Une minute
Perdue (1-0) face au Nancy du génial Michel Platini, cette finale complètement ratée marque la fin d’une époque et le début d’une longue traversée du désert.
sur le terrain c’est un démon. Avant d’achever l’OGCN devant tout le monde, le prodige qui carbure au Fruité, lui a déjà tiré plusieurs fois dans le buffet une nuit de janvier et de déluge dans un Ray trempé jusqu’aux os et aux âmes. Le Gym, alors leader de la Division 1, ne s’en remettra pas. Plus qu’une défaite (37), c’est un traumatisme. Platoche claque quatre fois. Quatre coups de revolver tirés sous des trombes d’eau. Époustouflant jusque dans le vestiaire, le surdoué lâche, un sourire en coin : « Suis-je heureux d’avoir marqué quatre buts ? Non, je pensais en mettre cinq... »
Tout Platini est là.
Un génie sans pitié.
Pour les Niçois, c’est le début des nuits blanches. Ce cauchemar va les poursuivre jusqu’à la fin du championnat qu’ils termineront à une vilaine huitième place. Reste la Coupe pour les sauver d’une saison à jeter. Cette Coupe qui mène à l’Europe, amène à l’ivresse et efface sur son passage les ratés, les ratures et les désillusions.
Le Gym sort Épinal en souffrant, le PSG en prolongation et Metz en sifflotant. En quart, les Niçois passent Nantes par la fenêtre grâce à un Jean-Noël Huck irrésistible. Quand ‘‘Nono’’ porte ses semelles de vent, l’adversaire s’en va les pieds devant. La demie est un derby. En face : Monaco, tout frais champion de France, favori, bondissant comme Ettori, malin comme Courbis, inspiré comme Petit et efficace comme Onnis. Bref, injouable. Ou presque. A l’aller, on ne voit que Nice (1-0, but de Guillou). Au retour, l’ASM refait rapidement son retard grâce à Noguès avant que Bjekovic - lancé par Huck ne fasse sauter le Rocher (1-1). Quarante-quatre années après, les Monégasques réclament toujours un hors-jeu. Les vieilles rancoeurs ne meurent jamais.
De l’eau dans le gaz
Le Gym a cinq jours pour préparer sa finale. C’est peu. Trop peu même pour les supporters qui ne seront que 3000 à monter sur Paris. Trois avions spéciaux, un train, quelques voitures : le déferlement est maigrelet. Surtout pour un club qui n’a plus connu de finale depuis 1954. Les Niçois descendent au Sofitel Porte de Sèvres. Pas besoin de leur expliquer l’enjeu pendant des heures. Ils le connaissent. Ce match peut tout changer ou tout casser. Rien que ça. Bref, c’est la victoire ou le chaos. Mieux vaut laisser les émotifs à l’hôtel.
Une rumeur laisse entendre que rien ne va plus entre le président Roger Loeuillet et certains de ses cadres, désireux de faire leurs valises. Y’a de l’eau dans le gaz. Les dirigeants ne sont pas contents. De leur côté, les tauliers jurent qu’ils ne sont perturbés ni par l’environnement, ni par leur devenir. A voir.
Le jour J, Nice-Matin met la pression. Logique : toute la ville réclame la Coupe. Le maire, le président, le trésorier, les supporters, l’avocat et la boulangère attendent un trophée. Le dernier remonte à 1959 (champion de France). Autant dire une éternité. Ce Gym des années soixante-dix est beau, parfois même sublime mais il arrive toujours avec un léger retard à la remise des titres et des récompenses. Nice est une équipe à éclipses. Un mystère.
Le piège nancéien
Le samedi 13 mai 1978, le Parc des Princes a choisi son camp. Il est à fond derrière Nancy. Comme toute la France du foot d’ailleurs. Pas grave, le Niçois aime défier le monde entier. La guerre n’est pas com
minute : Platini contrôle, se retourne et scelle le sort de la finale.
mencée, mais la bataille tactique démarre mal. Sur la feuille de match, Antoine Redin a réservé une surprise du chef au coach niçois Léon Rossi. L’entraîneur nancéien a fait avancer Platini d’une case. Le 10 va jouer 9. Aie.
« En plaçant Platini en pointe, Nancy a commencé par nous battre tactiquement. Pour nous, Michel allait jouer au milieu. Nous avions donc
sacrifié un attaquant (Toko) au profit de Cappadona qui, dans l’entre-jeu, devait prendre ‘‘Platoche’’ en individuel », nous racontera JeanNoël Huck.
Vite, il est l’heure de serrer la main du président. Valéry Giscard d’Estaing porte un costume marron et une cravate verte. Il faut toujours se méfier d’une soirée qui débute par une faute de goût. Les Niçois, eux, portent une