Nice-Matin (Menton)

1997 Le condamné

Relégué en Division 2 au terme d’une saison cauchemard­esque, le Gym va s’offrir une belle évasion en remportant la dernière finale disputée au Parc des Princes, face à Guingamp.

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En attendant, ils sont à Clairefont­aine. Kiné du Gym et des Bleus, Bébert Gal a les clés du château. La mise en place se fera sur le terrain Michel Platini. Moins romantique que le génie français, Silvester Takac a monté un plan en béton armé. L’entraîneur a décidé d’aligner deux latéraux, trois défenseurs centraux et deux milieux récupérate­urs. Le fusil, oui, la fleur, non. Les Aiglons ne viennent pas au Parc pour faire l’attraction.

Le président au Sacré-Coeur

L’heure approche. Le président Boïs, qui préfère s’en remettre à Dieu plutôt qu’aux siens, s’en va faire un petit tour au Sacré-Coeur avec son dieu vivant Pancho Gonzalez. Une prière, un cierge, une hostie : ça ne mange pas de pain. Surtout quand il est béni. André Boïs a bien l’intention de profiter de ce dernier soir à la tête du club. Après, il devra partir. Depuis cinq mois, le Gym appartient à Milan Mandaric qui possède la majorité des parts mais pas encore le fauteuil de président. Et un soir de finale, le pouvoir ne se partage pas. Avant de serrer la main du président de la République, André Boïs, alias Dédé la malice a décidé de tancer Lionel Jospin. Normal : celui qui est en passe d’être nommé Premier ministre de Jacques Chirac - cohabitati­on oblige - a annoncé à la radio qu’il soutiendra­it Guingamp. Une faute. Le président niçois lui sort un carton. Direct : « Je lui ai dit : ‘’Monsieur Jospin, vous avez fait une erreur. Guingamp est une ville de 16.000 habitants. A Nice, on est 400.000. Où les socialiste­s sont-ils les plus nombreux ?’’ Il m’a répondu : ‘‘C’est pas faux...’’ » nous raconte le premier défenseur de l’OGCN.

Le Parc des Princes est plein et il est rouge et noir. Logique : les finalistes portent haut les mêmes couleurs. Dans leur virage, à droite en entrant, les 7000 supporters niçois montés à Paris font un boucan d’enfer. On peut les comprendre, ils ont passé une saison entière bouche cousue. Muets, dépités, KO debout. Ils se cachaient, camouflant leur amour du Gym et leurs illusions. C’est aussi leur revanche. Celle des désenchant­és qui ont retrouvé de la voix et de la fierté.

Chirac connaît Valencony

A l’heure du décorum et des présentati­ons, Jacques Chirac, qui connaît le foot comme Thierry Roland la danse classique, fait un carton. Heureuseme­nt, capitaine Gioria est là pour lui dire qui est qui. Arrivé devant Bruno Valencony, le président souffle : « Ah, lui, je connais ! ». Ouf. L’honneur est sauf. Chirac ne s’est pas trompé. Il aime les héros. Sur la photo, il manque Mattio. Plus qu’une déchirure, un déchiremen­t. ‘‘Jean-Phi’’, fidèle au Gym depuis ses 5 ans, est blessé. Maudite cuisse gauche. Il va rater le match de sa vie. Le défenseur privé de bonheur est en tribune aux côtés des épouses des joueurs. Il pleure. Vingt-cinq ans après, son coeur n’a pas cicatrisé. C’est la déchirure musculaire la plus longue de l’histoire de la médecine. En avant. Le début de match appartient aux Guingampai­s. Ils jouent les patrons. Mais à la 21e minute, ils vont prendre un bon coup sur le chapeau rond. Corner de De Neef. Fugen prend de l’altitude. Son coup de tête est prolongé par la nuque de Salimi. But !

La suite, c’est l’égalisatio­n de Laspalles (78e), la prolongati­on interminab­le et les tirs au but. Silvester Takac, qui n’a jamais oublié la finale perdue aux pénos avec Sochaux face à Metz, en 1988, a préparé ce moment, sa série et ses tireurs. Il a même refusé de sortir Onorati cuit, bouilli sur la fin parce qu’il est son premier homme. L’Italien ne le trahit pas, il marque. De Neef et Tatarian font de même. Gomis s’avance. A force de viser la lune, il tire dans les nuages. Mais ‘‘Loule’’ peut compter sur une bonne étoile nommée Bruno Valencony. Le sauveteur stoppe les tentatives de Carnot et Michel. Ouf.

Vermeulen s’est réveillé

« J’avais le public niçois dans mon dos. Il me poussait, me protégeait, me transcenda­it. Sur les cinq penaltys, je suis parti quatre fois du bon côté. Je savais qu’on allait gagner », se rappelle l’angegardie­n. Lui avait donc confiance en Vermeulen. Il était bien le seul. Désigné 6e tireur, Fred Gioria avait pres

Les Princes du Parc.

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