Droits des femmes : la législation se met à la page
Jeudi soir en séance législative, les élus ont examiné un projet de loi visant à modifier et abroger, dans le droit monégasque, des dispositions obsolètes et inégalitaires par rapport aux droits des femmes.
S’il tient plus de la forme et que du fond, c’est bien un pas de plus vers l’égalité entre les hommes et les femmes à Monaco qui a été fait, jeudi soir, en séance législative.
Les élus du Conseil national ont en effet adopté un projet de loi du gouvernement, élaboré dans le cadre du Comité pour la promotion et la protection des droits des femmes, dont l’objectif est de modifier et d’abroger des dispositions obsolètes ou inégalitaires à l’égard des femmes, et qui ont été recensées dans l’ensemble des codes et dispositions non codifiées du droit monégasque. Une mise à jour sémantique, en plus de 50 articles qui tient bien plus que du symbole.
« Cette actualisation des dispositions juridiques contribue à poursuivre la construction de l’édifice des droits des femmes et à mettre la Principauté en adéquation avec l’évolution de la société et, au plan international, en accord avec les recommandations des Nations Unies » a rappelé le ministre d’État Pierre Dartout.
12 000 textes juridiques analysés
Durant trois ans, les services du gouvernement ont donc analysé près de 12 000 textes juridiques et législatifs afin de repérer les expressions devenues, au fil du temps, obsolètes pour des raisons juridiques, sémantiques ou scientifiques. Et au total, ce sont 85 dispositions et textes qui font l’objet d’une modification ou d’une suppression. Le projet de loi que le gouvernement a soumis aux élus de la Haute assemblée propose d’actualiser en fonction de l’évolution du droit diverses références, à l’instar de la suppression des dispositions relatives à l’ancien régime dotal ou régissant la capacité de la femme mariée. Il propose aussi de remplacer certains énoncés sexués par d’autre expression : par exemple la notion de « bon père de famille » par « personne raisonnable ».
La notion de « bon père de famille »
C’est autour de cette notion que se sont focalisées une partie des discussions des élus, comme l’a expliqué Brigitte Boccone-Pages, rapporteure du projet de loi au nom de la Commission des Droits de la Femme et de la Famille. « Selon la jurisprudence traditionnelle, le bon père de famille est celui qui agit dans le cadre de la conversation, l’administration ou la jouissance du bien d’autrui, de façon prudente, diligente et avisée, en étant soucieux des intérêts d’autrui, comme s’il s’agissait des siens propres. On remarquera donc que toutes ces qualités ne se retrouvent pas dans la seule action raisonnable. » Pour les élus il est donc délicat de réduire cette notion au seul adverbe « raisonnablement ». Plusieurs amendements ont donc été apportés en ce sens.
Thomas Brezzo a pris notamment la parole pour préciser qu’il avait proposé de remplacer « bon père de famille » par « bon parent de famille » ou même « bonne mère de famille ». Soulignant son profond attachement à l’égalité entre les femmes et les hommes, il estime aussi