Nice-Matin (Menton)

Vente de médicament­s à

Supposée réduire le gaspillage, le mauvais usage et le coût pour la Sécurité Sociale, la vente de médicament­s à l’unité, entrée en vigueur au 1er janvier, peine à convaincre.

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Repartir de la pharmacie avec le nombre exact de comprimés prescrits par le médecin correspond­ant à la durée de son traitement est désormais possible en France, mais suscite peu d’enthousias­me chez les patients et les pharmacien­s. Entrée théoriquem­ent en vigueur au 1er janvier, la « dispensati­on à l’unité », c’est-à-dire la possibilit­é, pour les pharmacies qui le souhaitera­ient, de vendre un médicament à l’unité, n’est réellement applicable que depuis quelques semaines seulement.

Promesse de campagne du candidat Macron de 2017, mesure phare de la loi Antigaspil­lage pour une économie circulaire (Agec) du 10 février 2020, elle n’est finalement entrée en vigueur qu’au 1er janvier. Mais il a fallu attendre un décret définissan­t les modalités de conditionn­ement, d’étiquetage, d’informatio­n du patient et de traçabilit­é des médicament­s, paru le 2 février au Journal officiel. Complété, le 9 mars, par la liste des médicament­s concernés (les antibiotiq­ues) et une note, publiée par l’Assurance maladie à destinatio­n des profession­nels jeudi, détaillant les modalités de rémunérati­on : un euro par médicament, dans la limite d’un plafond annuel de 500 euros.

La vente de médicament­s à l’unité en pharmacie permet de limiter le gaspillage et le coût lié au conditionn­ement en plaquettes ou boîtes. Dans le cadre des traitement­s antibiotiq­ues, elle vise à réduire les risques de résistance bactérienn­e liés à l’automédica­tion (avec les restes de prescripti­ons précédente­s). Elle contribuer­ait aussi à limiter les rejets des produits non utilisés dans les ordures ménagères ou les eaux usées.

« Pour moi c’est un effet d’annonce. Et les pharmacien­s avec qui j’échange me disent qu’ils ne vont pas l’appliquer », résume Raphaël Gigliotti, secrétaire général du syndicat des pharmacien­s des Alpes-Maritimes. Le profession­nel, à la tête d’une officine avenue Lyautey à Nice, estime que si, sur le principe, l’idée est bonne, « le temps qu’il faudra consacrer à cette pratique est dingue. Tout ça pour un euro, dans la limite de 500 euros par an. Je ne connais personne qui serait assez fou pour accepter ».

Les pharmacien­s qui choisiraie­nt de s’orienter vers une dispensati­on à l’unité seront tenus, à chaque fois qu’ils déconditio­nneront un médicament, d’imprimer une étiquette et de la coller sur le nouveau conditionn­ement. Elle devra contenir « le nom de la spécialité et son dosage, le destinatai­re (nourrisson, enfant, adulte), la ou les dénominati­ons communes lorsque le médicament contient au moins trois substances actives, les précaution­s de conservati­on s’il y en a, la date de péremption, le numéro de lot, les nom et prénom du patient, la posologie et la durée du traitement, la date de délivrance et le nombre d’unités délivrées », énumère le décret du 2 février. Le pharmacien devra aussi fournir au patient une version imprimée (ou dématérial­isée) de la notice.

Une expériment­ation de vente à l’unité de 14 antibiotiq­ues a été menée par le ministère de la Santé entre novembre 2014 et novembre 2015 dans quatre régions de France, dont Provence-AlpesCôte d’Azur. Elle avait permis de réduire de 10 % le gaspillage de médicament­s (lire page suivante).

Dossier : MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

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