Comment Estrosi veut lutter contre les « dark stores »
Le maire de la ville a les dark stores dans le viseur. Ces « magasins fantômes » dans lesquels les clients ne peuvent pas rentrer, mais où des employés s’agitent pour préparer vos courses rapidement.
Depuis l’été dernier, l’application Gorillas promet, à Nice, la livraison de vos courses alimentaires à votre domicile en quelques minutes. Une performance rendue possible par son organisation, qui repose notamment par l’implantation d’un « dark store » en coeur de ville. Mais ce « magasin fantôme », cet entrepôt dans lequel les clients ne peuvent pas rentrer, et la perspective d’en voir d’autres s’installer à Nice, font d’ores et déjà réagir la mairie.
« Ces établissements, qui font l’objet – à juste de titre – de nombreuses inquiétudes, génèrent des nuisances importantes pour les riverains et ont un impact désastreux sur le commerce local », fait savoir le maire de la ville Christian Estrosi dans un communiqué. « À Nice, nous sommes attachés et nous défendons nos commerçants de proximité, qui créent la vie et l’animation d’un quartier. Une société toute digitale, dans laquelle il n’y aurait plus aucun commerçant de proximité est une société qui n’aurait plus d’âme. »
Un arrêté municipal pour certains secteurs
Partant de ce postulat, le maire veut « aller plus loin ». « Je souhaite durcir la réglementation dès maintenant en prenant des mesures d’encadrement et de contrôle de ces nouvelles structures, comme nous l’avons déjà fait pour les différentes plateformes de livraison de repas ». Pour rappel, en décembre dernier, la Ville de Nice avait ainsi pris un arrêté municipal pour tenter de réduire les nuisances de certains livreurs.
Sébastien Botella)
Si la pertinence d’un tel arrêté pour des livreurs de courses à domicile peut interroger, les livreurs n’ayant pas à stationner devant un restaurant ou dans la rue dans l’attente d’une future commande, la Ville réfléchit à d’autres mesures.
D’autres mesures concernant les entrepots
Elle fait savoir qu’elle travaille en parallèle sur le durcissement des dispositions du Plan local d’urbanisme métropolitain, afin d’interdire les locaux à destination d’entrepôt dans les rez-dechaussée et les sous-sols des immeubles à usage d’habitation.
Dès lors, toute transformation de locaux commerciaux vers une autre destination nécessitera une autorisation d’urbanisme. Dans l’immédiat, la Ville s’en tient à un communiqué mais des dispositions devraient être prises lors du prochain conseil municipal.
Contactée, la société Gorillas, implantée depuis bientôt un an boulevard Risso, n’a pour le moment pas donné suite à nos demandes. Dans nos colonnes, il y a quelques semaines, Paul Choppin, son responsable des localités, jouait cependant la carte de la cohabitation.
« Pas en opposition avec les commerces de proximité »
« À Nice, il y a 122 commerces de proximité, sans compter les commerçants locaux. Nous, nous avons un magasin. Nous ne sommes pas en opposition avec eux, nous apportons un service qui n’était pas proposé. Rien ne remplacera le savoir-faire d’un caviste. La question est surtout de se demander quelle est la différence entre nous et un magasin où on passe trente minutes à faire ses courses alors qu’il n’y a plus de caissiers…»
PIERRE PEYRET ppeyret@nicematin.fr