Washington prévoit une extension du conflit
Le renseignement américain a dit hier prévoir une extension de la guerre au-delà de l’Ukraine, estimant que le président russe Vladimir Poutine veut la porter jusqu’en Moldavie.
ous estimons que le président Poutine se prépare à un conflit prolongé en Ukraine, durant lequel il a encore l’intention d’atteindre des objectifs au-delà du Donbass », a déclaré hier la cheffe du renseignement américain, Avril Haines, faisant référence à la Transdniestrie, région de Moldavie qui a fait sécession en 1990.
S’il est « possible » que les Russes réalisent cet objectif dans les mois qui viennent, « ils ne pourront atteindre la Transdniestrie et inclure Odessa sans décréter une forme de mobilisation générale », a-t-elle déclaré lors d’une audition au Congrès américain. Et d’ajouter que le président russe « compte probablement sur un affaiblissement de la détermination » des Occidentaux.
« Potentiellement une escalade »
Estimant que les ambitions de Poutine dépassent les capacités de son armée, elle juge « probable » une « trajectoire plus imprévisible et potentiellement une escalade » dans les prochains mois, ainsi qu’une plus grande probabilité de « mesures plus drastiques, y compris l’instauration de la loi martiale, la réorientation de la production industrielle ».
« Nous continuons de penser que le président Poutine n’ordonnera l’usage de l’arme nucléaire que s’il perçoit une menace existentielle pour l’État ou le régime russe », at-elle noté.
Par ailleurs, le Congrès américain travaille à débloquer une nouvelle enveloppe faramineuse de près de 40 milliards de dollars pour l’Ukraine, afin que le pays puisse acquérir des véhicules blindés, des systèmes de défense anti-aérien et du matériel pour contrer les cyberattaques.
L’Ukraine insiste pour rentrer dans l’UE
L’adhésion de l’Ukraine à l’UE, dans ce contexte, est devenue une « question de guerre ou de paix », a estimé le même jour le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro (Photo AFP)
Kouleba, à l’occasion de la première visite dans son pays d’un membre du gouvernement allemand depuis le début de la guerre, son homologue Annalena Baerbock.
Selon lui, « l’une des raisons pour lesquelles la guerre a commencé est que Poutine était convaincu que l’Europe n’avait pas besoin de l’Ukraine ».
Emmanuel Macron, qui exerce la présidence tournante de l’Union européenne (UE), avait douché lundi les espoirs d’une adhésion rapide de l’Ukraine en affirmant que cette éventualité prendrait « des décennies ».
L’ambassade d’Allemagne de retour à Kiev
La cheffe de la diplomatie allemande a annoncé pour sa part la réouverture de l’ambassade d’Allemagne à Kiev, fermée peu après l’invasion russe. Sa visite sur place hier a été l’occasion pour Kiev de saluer le « changement de position » de Berlin vis-à-vis de Moscou.
« Je voudrais remercier l’Allemagne d’avoir modifié sa position sur un certain nombre de questions », dont sa « politique traditionnelle envers la Russie », a déclaré Dmytro Kouleba durant une conférence de presse à Kiev avec Annalena Baerbock. L’Ukraine était allé jusqu’à refuser mi-avril de recevoir le chef de l’État allemand Frank-Walter Steinmeier. La ministre allemande s’est rendue à Boutcha, près de Kiev, où des centaines de civils tués ont été découverts après l’occupation russe au mois de mars. « Nous devons aux victimes non seulement de commémorer ici, mais de traduire en justice les coupables et leur demander des comptes (...) c’est la promesse que nous pouvons et devons faire ici à Boutcha », a-t-elle déclaré.