Nice-Matin (Menton)

Le chant infâme des

Certains supporters de l’OGC Nice ont détourné mercredi soir les paroles d’un chant, habituelle­ment repris par le public nantais, en hommage à Emiliano Sala, un joueur décédé en 2019 dans un accident d’avion. Suscitant l’indignatio­n générale.

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Neuvième minute de jeu lors de la rencontre opposant l’OGC Nice à l’AS Saint-Etienne, dans le cadre de la 36e journée de Ligue 1, mercredi soir : des chants résonnent dans les travées de l’Allianz Arena.

« C’est un Argentin, qui ne nage pas bien, Emiliano sous l’eau, Emiliano sous l’eau, Emiliano sous l’eau », lancent quelques supporters. Parodiant les paroles d’origine : « C’est un Argentin, qui ne lâche rien, Emiliano Sala, Emiliano Sala, Emiliano Sala. »

Habituelle­ment, ce chant est repris par les supporters nantais à la 9e minute de chaque rencontre pour rendre hommage à l’attaquant argentin, porteur du numéro 9, décédé dans un accident d’avion survenu au-dessus de la Manche, en janvier 2019.

Cette parodie abjecte intervient quatre jours à peine après la finale de la Coupe de France, perdue par les Niçois face à Nantes.

Christophe Galtier dégoupille

Si la rencontre a suivi son cours, Christophe Galtier, l’entraîneur des Aiglons, n’a pas été tendre en conférence de presse. « Je n’ai pas d’adjectif pour définir ce que j’ai entendu. Au nom de mon vestiaire, de mon staff, de mes joueurs, je présente mes excuses à la famille d’Emiliano Sala et au FC Nantes. »

Et d’enchaîner : « Ces personnes, elles n’étaient pas beaucoup mais elles n’étaient pas que trois. [...] On dit que les tribunes sont le reflet de notre société. Si c’est ça notre société, on est dans la merde. » Enfin, s’adressant aux concernés : « C’est surréalist­e, je n’ai pas de mots. Qu’ils restent chez eux si c’est pour insulter des morts ou envoyer des bouteilles. On gagnera sans ces personnesl­à. »

« Je savais que les supporters pouvaient être cons, mais là...»

Le club de Nice a condamné «avecla plus grande fermeté le chant », dans un communiqué. Tout comme le FC Nantes. Antoine Kombouaré, le coach nantais, n’a pas manqué de réagir : «Ces mecs-là n’ont rien à faire dans un stade. Il faudrait les bannir, vraiment. C’est honteux. J’ai de la peine pour la famille d’Emiliano. Je savais que les supporters pouvaient être violents, cons, mais là...» L’affaire est même remontée jusqu’à Roxana Maracinean­u, ministre des Sports, qui a réagi sur RTL : « On atteint des sommets dans la bêtise et l’indécence ». Le président de l’OGC Nice, Jean-Pierre Rivère, « sait qu’il a un attirail de sanctions » à sa dispositio­n et le club peut se constituer partie civile, a-t-elle ajouté, insistant sur l’importance que « les clubs puissent agir à leur niveau ». De son côté, la commission de discipline de la Ligue de football profession­nel (LFP) a d’ores et déjà fait savoir qu’elle allait examiner ces chants injurieux.

Les Ultras plaident le second degré

Unanimemen­t pointés du doigt, les Ultras de la Populaire Sud ont été les derniers à réagir. Sur leur page Facebook, ils ont posté un communiqué hier, en début d’après-midi, où ils adressent leurs plus sincères condoléanc­es à la famille d’Emiliano Sala. « Si nous comprenons l’émoi que peuvent susciter les paroles de ce chant, le second degré est partie intégrante de la culture ultra, mais aussi de notre nissardité, toute réunie dans cette phrase : “M’en bati, sieu Nissart”, symbole de notre autodérisi­on et de l’esprit désinvolte (parfois trop certaineme­nt) qui est le nôtre. » Tout en pointant du doigt « l’indignité collective de personnes se prenant pour les seules à savoir distinguer le bien du mal ».

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