« On accorde plus d’importance aux superstitions positives »
Louise Jussian, chargée d’études au département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop
Selon un sondage de l’Ifop, trois Français sur dix reconnaissent être superstitieux. Comment l’expliquez-vous ? S’avouer superstitieux en tant que tel a toujours été mal vu et tabou, mais depuis une quinzaine d’années, on assiste à une « dé-tabouisation » de ces croyances. Les Français cherchent des voies de réassurance et certains les trouvent dans ces croyances.
Les superstitions ont-elles évolué au fil des siècles ? Certaines sont très anciennes, et ont acquis au fil du temps le statut de tradition.
Quid du vendredi 13 ?
Le chiffre 13 est déjà un élément important du corpus de superstitions auxquelles les Français sont attentifs (3 Français sur 10). Mais quand ce chiffre 13 est associé au vendredi, ce phénomène est encore plus fort : 31 % des Français pensent que le vendredi 13 peut porter chance.
Comment analyser l’augmentation constante des croyances ?
Ces croyances remettent en cause le postulat largement répandu selon lequel nous vivons dans une société hyper rationnelle, à l’heure où la science n’a jamais été aussi accessible. Mais l’importance de ces croyances donne à voir une autre réalité marquée par une forte spiritualité, qui s’inscrit en fait dans une recherche de bien-être.
Quelles sont les croyances les plus fortes ?
Les Français accordent plus d’importance aux superstitions positives qu’aux négatives, ce qui illustre l’idée selon laquelle il s’agit d’une voie de réassurance. V. G.
Pour les professionnels du jeu, le vendredi 13, c’est le jackpot à tous les coups, un véritable jour de chance pour ces buralistes et casinos qui voient leur affluence grimper en flèche.
« C’est une date qui a toujours bien fonctionné, témoigne Christian Traversa, directeur du grand casino de Bandol. On réalise ces jourslà une augmentation de chiffre d’affaires de 30 %. » Àla tête de l’établissement, on se prépare à cette abondance de clientèle : «Ona plus de personnel présent ce jour-là. On propose aussi des animations, des jeux en salle et on distribue des tickets promotionnels », précise-t-il. Christian Bouclis, buraliste à Saint-Raphaël (Le Deauvillais), partage le même constat. « Le vendredi 13 garde sa puissance, à chaque fois on a une grande affluence. Les grosses cagnottes aussi attirent du monde. Le paradoxe, c’est que la première mise pour l’Euromillions est de 17 millions et elle n’attire que les habitués, alors que, s’il y a 13 millions de gains au loto le vendredi 13, ça attire du monde. »
Ce Raphaëlois d’adoption remarque également que « l’attrait du vendredi 13 est moins flagrant ici. Lorsqu’on était à Paris, on était trois à la caisse et on avait deux files de joueurs ce jour-là et les jours des cagnottes ».
V. G.