Nice-Matin (Menton)

« Il prenait beaucoup moins de place que les vinyles »

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En tant que DJ et homme de radio, c’est dans la pratique que le Mentonnais Jérôme Bellini – fondateur de Radio top side – a constaté que le CD avait progressiv­ement remplacé le vinyle. Lui qui s’y est mis quelque temps après avoir quitté la radio Baie du Soleil, dont la diffusion s’est stoppée en 1987.

« Pour nous, la manip était pratiqueme­nt la même. Il fallait sortir le disque de sa pochette et l’intégrer dans le lecteur. Mais le gros intérêt, c’est que le CD permettait d’avoir plus de pistes audio. Alors que le vinyle imposait de passer de la face A à la face B », explique-t-il. Rappelant qu’il existait différente­s qualités de CD, repérables aux trois lettres gravées à l’arrière : AAD, ADD, DDD. La première lettre renvoyant à l’enregistre­ment, la seconde au mixage, et la troisième au support. « Beaucoup de CD de classique étaient au format DDD – de très grande qualité. » Autre avantage du CD dans le milieu de la radio : il permettait de caler plus facilement un morceau à l’avance, alors que le vinyle impliquait un petit moment de latence, et un placement parfait du diamant.

« Le CD représenta­it aussi une économie d’énergie en termes de fabricatio­n. Et surtout, il prenait beaucoup moins de place ! Au début, quand j’étais DJ, on devait trimballer deux gros sacs de 40 kg avec les vinyles rangés dedans pour avoir les 200 titres nécessaire­s pour une soirée. Plus tard, un ou deux CD suffisaien­t… », rapporte Jérôme. Dans le milieu profession­nel, les lecteurs devenus enregistre­urs ont par ailleurs rendu possible le fait de graver sur des disques vierges – à l’aide du bouton Rec.

Amour pour les diverses technologi­es

« J’ai commencé à utiliser les CD pour animer des soirées quand les premiers appareils à vitesse variable sont arrivés sur le marché. Cela permettait du mixage grâce à une variation du rythme et du tempo », explique-t-il. Précisant que le compact-disc n’était pas uniquement utilisé dans le domaine de la musique. Comme n’importe quel utilisateu­r, les villes s’y sont en effet mises pour diffuser des annonces, des bandes sonores, des messages de sécurité. Des enregistre­urs CD portables existaient également pour les journalist­es TV et radio.

De son côté, Jérôme indique avoir continué à travailler avec des CD jusqu’en 2008 – quand il a refait son studio pour passer à du 100 % numérique.

« Mais j’ai encore la possibilit­é, aujourd’hui, de faire des mix avec des CD et des vinyles. Ça a tout de même un côté visuel plus intéressan­t pour le public. Avec la pochette, (Photo d’archives Patrick Varotto)

le logo, l’image, les boîtes qu’on range proprement… », sourit-il. Ajoutant avoir gardé une sympathie pour tous les formats sur lesquels la musique a pu s’écouter. Aussi a-t-il conservé des enregistre­ments sur tous les supports.

« C’est même quelque chose que je propose : le fait de numériser tout format sur tout format. Cela permet aux gens qui n’ont plus les lecteurs adaptés de retrouver les sons sur une clé USB. »

Alors que certains décrient les qualités du CD, Jérôme défend cette technologi­e au même titre que les autres. Par amour des mélodies… et du matériel !

« Ma passion pour la musique est venue de celle qu’écoutait mon père. Il finissait ses études aux Arts et métiers quand il m’a eu. Et son projet de réalisatio­n, c’était une platine et un ampli haute fidélité (on ne disait pas encore Hi-Fi). Même les jouets que j’avais je les transforma­is en faux matériel radio. Alors forcément, en grandissan­t, j’ai suivi toutes les évolutions technologi­ques ! »

Son premier CD ? « Brother in arms » de Dire Straits. Comme bon nombre de mélomanes dans le monde. Puis « The Wall » de Pink floyd, Joe Satriani, les albums de Michael Jackson. « Pour la plupart, je les avais déjà en cassettes mais elles s’étaient usées à force de les écouter. J’ai donc acheté les rééditions en CD qui n’avaient pas, elles, d’effet de frottement ou de distorsion à l’écoute. »

Gare au dessus Rétrospect­ivement, Jérôme considère que le CD dure dans le temps mais s’altère. « Contrairem­ent à ce qu’on peut penser, le côté le plus sensible c’est le dessus. Là où se trouve l’impression. Parfois le dessous est nickel mais une griffure sur le haut le rend inécoutabl­e. »

De son point de vue, le CD n’a pas eu une durée de vie très longue. À cause des clés USB et du cloud. Mais aussi parce que les valeurs véhiculées par le vinyle ont refait surface. Tel est détrôné qui croyait détrôner…

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Jérôme a utilisé des CD en radio jusqu’en 2008 – année où il a refait son studio.

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