Après deux mois de silence, le contact renoué avec Poutine
Ils ne s’étaient plus adressé la parole depuis la fin mai, et Emmanuel Macron ne semblait plus être un interlocuteur crédible et important pour Vladimir Poutine. Mais plus de deux mois après leur dernier appel, les deux présidents ont eu une conversation téléphonique hier, à l’initiative d’Emmanuel Macron, a fait savoir le Kremlin.
« Un danger de catastrophe d’envergure à Zaporijjia » L’occasion pour le président russe de souligner son inquiétude quant à la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Il « a souligné que le bombardement systématique [de ce site] crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires », selon le Kremlin.
Les deux hommes ont par ailleurs appelé à organiser « dans les plus brefs délais » une visite de la centrale par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). «La partie russe a confirmé être prête à fournir toute l’assistance nécessaire aux inspecteurs » de l’institution. Le chef de l’État russe a en outre accepté que cette équipe internationale « passe par l’Ukraine » et non par la Russie, ce qu’il exigeait auparavant, a précisé l’Élysée. Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se reparleront dans les prochains jours de ce sujet, après échanges des équipes techniques et avant le déploiement de la mission, a fait savoir l’Élysée. Vladimir Poutine a aussi dénoncé des « obstacles » à l’exportation de biens agricoles russes, malgré la signature le mois dernier d’un accord à Istanbul en la matière, «ce qui ne contribue pas à une solution aux problèmes relatifs à la sécurité alimentaire mondiale ».
Des allégations que la France a aussitôt rejetées : « Il n’y a aucun obstacle juridique lié aux sanctions, aucun obstacle opérationnel à l’exportation du grain russe », a déclaré l’Élysée, qui a jugé qu’il y a « de la part de la Russie une volonté d’instrumentaliser politiquement cette question ».
« Payer le prix de notre liberté et de nos valeurs »
Un ton offensif qui s’est retrouvé, le soir, dans le discours d’Emmanuel Macron à Bormes-les-Mimosas. À l’occasion de la commémoration du débarquement en Provence, le chef de l’État a en effet dénoncé « l’attaque brutale » de l’Ukraine par la Russie, et a appelé les Français à avoir la « force d’âme » nécessaire et d’« accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». « Oui, les fantômes de l’esprit de revanche, les violations flagrantes de la souveraineté des États, l’intolérable mépris des peuples, la volonté impérialiste ressurgissent du passé pour s’imposer dans le quotidien de notre Europe, de nos voisins, de nos amis », a-t-il lancé. Il a aussi appelé à avoir une « pensée pour le peuple ukrainien, qui résiste héroïquement aux assauts terribles de l’armée russe et de ses supplétifs ».