En Italie, la Russie parasite la campagne électorale
Une polémique a éclaté dans le pays après que l’ex-président russe Dmitri Medvedev a appelé les citoyens européens à « punir » leurs dirigeants.
Les déclarations de l’ex-président russe Dmitri Medvedev, qui a appelé jeudi les Européens à « punir » leurs gouvernements « stupides », ont suscité une polémique en Italie, en pleine campagne électorale pour les législatives du 25 septembre.
Dans un long message publié jeudi sur la messagerie Telegram, Dmitri Medvedev a écrit : « On aimerait voir les citoyens européens non seulement s’indigner contre les actions de leurs gouvernements [...]mais leur demander des comptes et les punir pour leurs stupidités évidentes ». « Agissez donc, les voisins européens ! Ne restez pas silencieux ! Demandez des comptes ! », poursuit-il.
« Les partis devraient réagir à l’unisson »
M. Medvedev, qui a été président de 2008 à 2012, puis Premier ministre de 2012 à 2020, est actuellement vice-président du Conseil de sécurité russe, mais de l’avis général il a peu d’influence sur la vie politique russe. Ses déclarations n’en ont pas moins fait mouche.
« L’ingérence russe », dénonçait hier en première page La Repubblica ; « Moscou, ingérences sur les élections », abondait en une Il Messaggero, tandis que Il Corriere della Sera constatait que « La Russie perturbe les élections italiennes ».
Ces propos ont suscité l’indignation du ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a lui aussi dénoncé (Photo d’archives AFP)
« une ingérence de la Russie dans les élections italiennes ». « Les partis italiens devraient réagir à l’unisson, mais [le leader du Mouvement 5 Étoiles et ex-Premier ministre, Giuseppe] Conte et [le chef de la Ligue d’extrême droite Matteo] Salvini se taisent », a-t-il ajouté.
Pour le dirigeant du Parti démocrate (PD, gauche) Enrico Letta, Moscou tente de « changer la position de la politique étrangère italienne qui depuis le début est très claire aux côtés de l’UE et de l’Otan », a-t-il dénoncé jeudi. « Nous devons reconfirmer ce choix. Il est clair que l’élection du 25 septembre portera aussi sur cela. » Il a également demandé à ce que la Ligue dénonce le pacte qu’elle avait signé avec « Russie unie », le parti de Vladimir Poutine.
Salvini sur la défensive
L’Italie, sous la houlette du Premier ministre sortant Mario Draghi, a jusqu’ici soutenu sans réserves l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, en lui fournissant armes et aide humanitaire. Une position qui pourrait évoluer si la coalition des droites, plus russophile et donnée favorite dans les sondages, arrivait au pouvoir.
Matteo Salvini, qui avait envisagé de se rendre à Moscou après le début de l’invasion russe, avant de renoncer, s’est défendu hier : «Jene vais pas en Russie depuis des années [...] La Russie n’a pas la moindre influence sur les élections italiennes. »