Nice-Matin (Menton)

Les sulfates, la goutte d’eau qui crispe La Penne

L’ARS a signalé à ce village de l’Estéron une hausse de sulfates dans l’eau potable. En cause, la sécheresse. Rien de grave, mais la maire se plaint qu’on « l’accuse d’empoisonne­r la population ».

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Climat tendu, à La Penne. D’ailleurs, la maire de cette commune de 260 habitants de la vallée de l’Estéron, Marjorie Rosa-Brémond, le reconnaît : le sujet de l’eau potable la crispe.

Non pas que la situation soit dramatique. Mais elle blâme «les idiots qui utilisent tout ce qu’ils peuvent pour nous nuire ».

La source, très affaiblie, se charge en minéraux

Il y a deux semaines, la commune a reçu une alerte de l’Agence régionale de santé (ARS), concernant la qualité de l’eau potable qui circule dans son réseau : « Un taux élevé en sulfates a été mis en évidence ». La maire détaille : l’ARS a détecté 290 milligramm­es de sulfates par litre d’eau, alors que la norme est à 250.

En cause, toujours les mêmes : la crise climatique et la sécheresse. La source Rourebel, qui alimente le réseau d’eau potable est très diminuée. Résultat, « l’eau se charge en minéraux, notamment sulfates », détaille Marjorie Rosa.

Déconseill­ée aux personnes sensibles

Dans sa note, l’ARS insiste : ce sont des éléments naturels, présents dans l’eau et l’alimentati­on, (DR) « nécessaire­s au bon fonctionne­ment de l’organisme ». L’enjeu est de ne pas en consommer à trop forte dose, sous peine « d’effet laxatif ».

Qui dit diarrhée, dit déshydrata­tion, ajoute l’ARS. Et le serpent se mord la queue. L’organisme public conseille donc aux « personnes sensibles », (enfants en bas âge, femmes enceintes, personnes âgées…) de consommer de l’eau en bouteille pour la boisson, les biberons, les glaçons… Pour les autres usages (toilette, lavage, cuisine), il n’y a pas de soucis. (Pour les bêtes, il est stipulé de faire appel à l’avis du vétérinair­e).

« Il y a des gens bêtes et méchants »

Mais l’eau est toujours potable. « Il n’y a rien d’alarmant, souffle Marjorie Rosa-Brémond. L’augmentati­on est très faible. Le taux de sulfate dans l’Hépar est de 1 530 milligramm­es par litre. Il n’y a pas de problème, mais on nous accuse d’empoisonne­r la population. C’est grotesque. Il y a des gens bêtes et méchants qui font tout pour nous causer du tort. »

Du côté de certains habitants, on raconte que des personnes fragiles s’étaient inquiétées, au début de l’annonce et avaient cherché à s’informer. On évoque une ambiance délétère au village, latente depuis des mois. Avec de profonds problèmes de communicat­ion entre la mairie et sa population.

« Ça peut prendre plusieurs semaines »

« On donne l’informatio­n parce qu’on est obligés, on se fait tirer dessus », regrette celle qui a accédé à la mairie en 2020. Des bouteilles d’eau ont été mises à dispositio­n de la mairie, qui les distribue aux personnes fragiles.

La situation de l’eau n’est pas dramatique, mais reste à savoir si elle va empirer. « On entre dans une période où il pleut, mais ce que les gens ne comprennen­t pas, c’est qu’il faut que l’eau traverse des couches de roche, pour remplir les nappes phréatique­s, répond la maire. Ça peut prendre plusieurs semaines ».

ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

(Photo A.C.) À bon entendeur…

 ?? ?? « On nous accuse d’empoisonne­r la population, c’est grotesque » Une (petite) hausse de sulfates dans l’eau potable crispe le village de La Penne.
« On nous accuse d’empoisonne­r la population, c’est grotesque » Une (petite) hausse de sulfates dans l’eau potable crispe le village de La Penne.

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