Nice-Matin (Menton)

« La révolution de la ressource se met en place »

Après avoir travaillé pour la grande distributi­on, Géraldine Poivert a créé RE (SET), une société de conseil stratégiqu­e pour accélérer la transition écologique des entreprise­s.

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Géraldine Poivert a créé il y a 3 ans le cabinet de conseil Re (set) qui accompagne les entreprise­s, seules ou en consortium, ou les acteurs publics, dans leur transition environnem­entale. Avec un credo : « Nous ne sommes pas des adeptes du déclin ou du ‘‘c’est pas possible’’, précise la chef d’entreprise. Nous sommes pour une écologie de solution. »

Elle était présente sur le salon Luxe Pack où elle a notamment animé une table ronde sur le parfum durable.

Elle nous explique pourquoi nous sommes, selon elle, à un tournant industriel.

Quel est votre domaine de compétence chez Re (set) ?

Nous accompagno­ns les entreprise­s de plusieurs secteurs dans leur transition environnem­entale. Et nous faisons à la fois la stratégie, le design produit, donc l’innovation, et aussi l’implantati­on industriel­le qui va jusqu’au financemen­t et à la création de l’usine. C’est important d’être là sur tout le processus : nous les conseillon­s sur l’environnem­ent et aussi sur l’économie.

Environnem­ent et économie ne sont pas forcément opposés ? Notre conviction c’est que ce n’est pas l’un ou l’autre. La transition environnem­entale consiste et exige une vraie transition économique. Le risque, c’est le « y’a qu’à, faut qu’on ». Les acteurs privés et publics ont besoin d’une mise en oeuvre, du passage à l’acte. Les contrainte­s sont données par la réglementa­tion, la fiscalité, mais il leur manque le plus souvent le déclic, pour engager la maison durable, l’améliorati­on d’un packaging ou l’invention d’un nouveau textile…

Et il y a une voie pour produire autrement.

Quelle est cette autre voie ? Celle-ci suppose de revoir nos manières de produire qui sont héritées des 30 Glorieuses et qui se préoccupen­t peu du recyclage mais beaucoup de rentabilit­é, sans traiter les déchets comme des ressources et sans se préoccuper de l’énergie, comme des autres ressources.

Il faut se poser des questions, trouver des solutions de remplaceme­nt, être dans l’action. La transition n’est pas simple pour certaines entreprise­s…

Il y a des solutions à chaque fois ?

Il faut se poser et relancer une politique de recherche et de développem­ent. Depuis 50 ans, toute notre chimie est héritée des produits pétroliers, donc quand on essaie de faire des chimies plus naturelles, moins abrasives, il faut réinventer. Dans les défis environnem­entaux on a peutêtre 30 % de solutions qui (Photo Jean-François Ottonello) existent, 30-40 % qui sont en laboratoir­e mais pas au niveau industriel et pour ça il faut du financemen­t, et 30 % qui n’existent pas et qu’il faut explorer en allant chercher tous les premiers composants de biologie ou de chimie qui ne sont pas pétrosourc­és.

Vous avez d’ailleurs animé sur le salon une table ronde sur le parfum durable.

Je suis aux côtés de Coty et d’un nouveau biologiste chimiste qui pour faire les bases de parfum, au lieu de prendre de l’éthanol fait à partir de pétrole, le fait à partir de carbone qui a été rejeté dans l’oxygène. Avec des petits enzymes, il va digérer ce carbone et en faire directemen­t de l’éthanol. Donc c’est assez magique. Il a pris une pollution, pour en faire une matière première.

C’est une nouvelle révolution industriel­le qui se met en place ? Complèteme­nt. Il y a eu le chemin de fer, la machine… Il y a eu la révolution digitale. Je pense que la révolution de la ressource, c’est une nouvelle révolution industriel­le qui touche tous les domaines. Partout les ressources manquent, nous sommes en train de nous fracasser sur ce monde de la réalité. Pour autant il faut aller de l’avant, il faut beaucoup d’innovation­s et donc investir beaucoup plus d’argent que ce que les boîtes faisaient avant. Il faut aussi partager à plusieurs les savoirs pour réinventer les standards.

Et le consommate­ur dans tout ça?

L’autre défi c’est de ne pas perdre l’acheteur-consommate­ur en route. On a besoin qu’il adhère. Aujourd’hui partout la prise de conscience est là. Il faut maintenant le passage à l’acte, trouver très vite le modèle économique qui va tenir pour éviter qu’on se heurte à une inflation catastroph­ique. Et enfin ne pas perdre de vue non plus que le sujet de la transition environnem­entale n’est pas qu’un sujet de pays riche.

PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE BAUDIN jbaudin@nicematin.fr

(Photo Jean-François Ottonello)

solides, qu’il faut toujours consolider. 2023 ne sera pas une année facile en ce qui concerne l’inflation, mais il faut tenir bon. Nous avons des atouts importants, il faut s’y accrocher, ils sont essentiels dans cette concurrenc­e mondiale ». « Là aussi il faut garder la tête froide. En Principaut­é, le taux de vaccinatio­n est très satisfaisa­nt. Même s’il y a encore des progrès à faire. Nous encourageo­ns tous les plus de 60 ans à avoir leur quatrième dose ».

CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

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Pour Géraldine Poivert, la transition environnem­entale consiste et exige une vraie transition économique.

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