Réalité virtuelle : dans les pas d’un enfant de 2 ans
Le personnel des crèches municipales va recevoir une formation dispensée en partie grâce à la nouvelle technologie. Une manière de mieux appréhender les émotions des bambins.
Waouh, tout semble si grand, c’est vertigineux. Le plafond a l’air d’être vraiment très haut, le mobilier est gigantesque. » Franck Cini est plongé dans l’univers de la crèche. Pourtant, il le connaît bien puisqu’il est éducateur de jeunes enfants auprès de la ville de Nice. Mais cette fois-là, il porte un casque de réalité virtuelle et « visite » les lieux dans les pas d’un minot de 2 ans. Il a fait, hier, la démonstration de ce nouvel outil – la municipalité en a acheté cinq – qui sera déployé auprès des personnels de la petite enfance comme support d’amélioration des pratiques.
Ce dispositif baptisé « Dans les yeux de Lia » a été développé par l’entreprise Come In VR, implanté à Martigues. Son président, David Delaunay, détaille : « Nous avons conçu le logiciel en collaboration avec des professionnels. L’objectif est de se mettre à la place d’un bambin de 2 ans afin que l’on puisse percevoir ce qu’il voit, entend et surtout ressent. »
Un « dispositif innovant »
Marine Brenier-Ohanessian, adjointe au maire de Nice déléguée à la Famille et à la Petite enfance, salue un « dispositif innovant » : « Les premiers retours sont très positifs. Ce projet, porté par l’équipe de Stéphanie Casalta, directrice de la Petite Enfance, va probablement permettre d’effectuer certains aménagements ». Cette dernière confirme : « Nous nous sommes toujours efforcés d’écouter les besoins des toutpetits, toutefois des choses peuvent nous échapper. L’avantage d’utiliser un dispositif immersif de ce type est que cela va nous permettre de voir les choses sous un angle différent et d’engager une réflexion pour améliorer nos pratiques. »
Pascale Agostini-Kieffer, psychologue de la petite enfance, abonde dans ce sens. « Grâce à la réalité virtuelle, l’adulte peut concrètement se glisser dans les pas de l’enfant. Il va mieux appréhender ses réactions. Par exemple, il y a une saynète sur l’accueil du matin où le tout-petit est déposé par son parent ; tout à coup, il se retourne, la porte est fermée, il se sent seul, il n’est plus du tout sécurisé. Cela semble être anecdotique, or ça ne l’est pas. Et on comprend beaucoup mieux les émotions que cela suscite, pourquoi il se met à (Photo Ax. T.) pleurer. » Sur cet exemple précis, Emilie Bouchut, éducatrice de jeunes enfants et l’une des formatrices avec Franck Cini, réagit : «Cepassage m’a semblé très violent. Quand je l’ai vécu à travers le casque de réalité virtuelle, je me suis sentie soudainement seule, impressionnée, vraiment je n’étais pas bien. Ça me conforte dans l’idée de continuer à faire attention à la manière dont on accueille les familles le matin. »
Questionner ses pratiques pour les améliorer
Pour la psychologue, il est important de faire de temps en temps un pas de côté pour questionner ses habitudes. Ce nouveau dispositif facilite cette démarche. « On ne se rend pas toujours compte de tout ce que l’on demande aux petits : ils doivent sans cesse s’adapter aux adultes. C’est très intense. Or, il est possible de leur faciliter la vie en nous adaptant à eux, ne serait-ce qu’en aménageant l’espace en tenant compte de leur taille et de leurs capacités motrices. Si tout est haut ou difficilement accessible, ils se sentiront en difficulté voire en insécurité. En écoutant leurs besoins, on les place dans un environnement plus sécurisant et donc plus épanouissant. »
Franck Cini, Emilie Bouchut et trois autres éducateurs de jeunes enfants, vont former à leurs tours leurs collègues dans toutes les crèches municipales de Nice. Le processus prendra du temps, le planning est établi sur l’année. C’est nécessaire car cela facilitera la réflexion au sein des différentes structures, toujours au profit du bien-être des pitchoui.
AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr
avertis, adaptés, personnalisés. Alain considérait son métier comme celui « d’un commerçant et d’un technicien ». En plusieurs décennies, son expérience fait autorité. Il aurait pu s’arrêter il y a longtemps. Mais non. En travaillant, même à mi-temps, il est resté connecté à la vie active, à la ville. Celui qui s’est consacré aux yeux de milliers de Niçois et d’Azuréens, a aujourd’hui fermé les siens et d’autres yeux, coulent des larmes bien justifiées.
Les obsèques d’Alain Grosgogeat auront lieu demain, à 14 heures, en l’église du Voeu, rue Alfred-Mortier. À ses filles Carole et Diane et à tous les proches, Nice-Matin adresses ses condoléances.
CH. R. AVEC H.
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