Nice-Matin (Menton)

Meurtre de Laëtitia : « Je voulais qu’elle se taise »

Deuxième jour de procès. Le Varois Mickaël Reynaud a reconnu avoir tué sa concubine car il lui reprochait son comporteme­nt aguicheur durant la soirée du réveillon.

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N’en déplaise à certains, les réseaux sociaux ont parfois un réel intérêt. Dans l’enquête sur le meurtre de Laëtitia Hemery, dont le concubin, Mickaël Reynaud, répond cette semaine devant la cour d’assises du Var (lire nos éditions précédente­s), Facebook a ainsi permis à l’adjudant-chef Emmanuel Vary, de la brigade de recherche de La Valette, puis à l’adjudant Cédric Borg de la section de recherche de Marseille (détachemen­t de Fréjus), d’approcher de la vérité concernant les derniers instants de vie de la victime.

Des aveux le lendemain du meurtre

Grâce à l’avis de recherche émis par la famille de la jeune femme dans les heures suivant sa disparitio­n le 1er janvier 2020, plusieurs personnes se sont rapprochée­s des forces de l’ordre. Des clients du Dakota d’abord, où le couple n’était pas passé inaperçu lors de la soirée du Nouvel An. Puis un ami de Mickaël Reynaud, auquel il s’était confié dès le 2 janvier au bar des sports à La Crau, et qui a poussé la porte de la gendarmeri­e après avoir appris à la radio la disparitio­n de Laëtitia Hemery.

« Quand il m’a dit qu’il avait tué sa copine, je ne l’ai pas cru, concède ce témoin. Vous savez, dans les bars, on entend beaucoup de choses » D’autant plus que Mickaël Reynaud, surnommé « Double » en référence à sa grande consommati­on d’alcool, n’était pas le dernier à raconter des « bobards ». (Croquis d’audience Rémi Kerfridin)

Pourtant, cette fois-là, il lui avait dit la vérité. Du moins une grande partie. « Je voyais qu’il n’était pas bien. Je lui ai demandé ce qu’il avait. Il s’est mis à pleurer, m’a dit qu’il avait tué Laëtitia en l’étranglant puis qu’il l’avait violée par-derrière avant de la jeter du sommet du Faron… » Un viol post-mortem dont il n’avait jamais été fait état durant l’instructio­n et qui laisse dubitatif le président Patrick Véron. En tout état de cause, l’état du corps après sa découverte le 23 janvier 2020 n’a pas permis d’établir un tel acte.

Trois scènes de violences au Dakota

La vidéosurve­illance, elle, a permis de confirmer les dires de clients du Dakota. Comme ceux d’Audrey, qui a vu en trois temps la tension monter entre Mickaël et Laëtitia. Il y a eu d’abord cette scène sur le trottoir où l’accusé la saisit par les cheveux pour, selon lui, « mettre son regard dans [ses] yeux » après une réflexion mal perçue.

Puis, peu après minuit et que Laëtitia eut dit à Audrey « Nouvelle année, nouvelle résolution » – sous-entendant mettre un terme à sa relation avec Mickaël Reynaud –, il donne un coup de coude dans le verre de rosé que la jeune femme s’apprête à porter à ses lèvres. Mis à la porte par le gérant, il assistera impuissant au flirt de Laëtitia avec S., une cliente fortement alcoolisée. « J’étais fou de rage, elle voulait prendre ma femme. »

Dernier épisode de violences, une nouvelle fois sur le trottoir : Mickaël bouscule sa compagne. S. intervient et le repousse. Malgré les conseils de plusieurs personnes – « J’ai passé ma soirée à faire le gendarme » dira Audrey, sentant Laëtitia sous emprise –, la mère de famille montera dans le Fiat Fiorino de son concubin.

Des SMS envoyés à la victime post-mortem

La suite, seul Mickaël Reynaud peut la raconter : « En partant, tout de suite, je lui reproche son comporteme­nt. J’étais agité. Elle me répond : et alors, qu’est-ce que tu vas faire ? J’arrête la voiture. Je voulais qu’elle se taise. J’en avais assez entendu. Je lui crie dessus, je la secoue. Je n’ai pas l’impression de serrer fort… J’arrête quand sa tête devient molle. »

Dans les heures suivant les faits, et même après avoir déposé son corps au Faron, il n’aura pourtant de cesse d’envoyer à Laëtitia des SMS et des messages sur… Facebook, l’implorant de lui donner de ses nouvelles.

Et alors que le téléphone de sa victime se trouvait à côté de lui dans l’habitacle… « J’étais dans le déni complet. Je ne voulais pas assumer » – « Ou bien vous cherchiez à vous fabriquer un alibi », lui rétorque le président.

Aujourd’hui, la cour reviendra dans le détail sur ces messages et d’autres, d’insultes, retrouvés dans le téléphone de Laëtitia.

V. W.

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Mickaël Reynaud a livré un récit glaçant des derniers instants de la vie de Laëtitia Hemery.

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