Nice-Matin (Menton)

Mesrine était un personnage complexe”

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(Photo DR) plutôt que de bouffer des mauvais sandwiches au commissari­at, on allait souvent au bistrot du coin avec le gardé à vue pour casser la croûte et parler. Avec les truands, on parlait le même langage, il n’y avait pas d’animosité, de haine.

Que représente Jacques

Mesrine, pour vous ?

C’était un faux truand en réalité. Il aspirait à avoir une vie normale, il a d’ailleurs essayé, à plusieurs reprises, de revenir sur le droit chemin, mais ses démons étaient trop importants. Étant de sa génération, j’ai réussi à comprendre son parcours, il faut aussi se remémorer ce qu’étaient les enfants à la sortie de la guerre en 1945, la vie était difficile, il n’y avait pas de structures, tout était à l’abandon, alors les bandes de jeunes étaient dans Paris, seules.

Les années 70, c’est l’époque des grands flics médiatique­s : Lucien Aimé-Blanc, Robert Broussard, René-Georges Querry, Charles Pellegrini. Comment se passait cette cohabitati­on ?

Sur le terrain, ça se passait douzaine de flics niçois car on filait une équipe niçoise qui voulait faire un coup à la Spaggiari sur Paris. Sur place, je demande à Aimé-Blanc du renfort, mais il ne me propose qu’un observateu­r. Alors je vais voir Broussard et il me demande combien de flics sont venus de Nice avec moi. Je lui réponds : douze. Il comprend alors que c’est une grosse affaire et il mobilise douze autres gars de chez lui pour nous épauler. Au final, on serre l’équipe qui veut se faire la Société Générale de la rue de Sèvres en tentative car, comme c’étaient des charlots, ils ne maîtrisaie­nt pas très bien le recul nécessaire pour utiliser la lance thermique (rires).

Comment arrivez-vous à la tête de l’antigang de Nice ?

En 1978, il y a des règlements de compte hebdomadai­res dans

Nice et le Président Valéry

Giscard d’Estaing convoque Maurice Bouvier, le directeur central de la police judiciaire, pour lui demander de stopper ça. Du coup, Bouvier me nomme patron de l’antigang de Nice nouvelleme­nt créé, et on se retrouve à une trentaine de flics sur zone, en mode commando. La première année, personne ne savait qu’on était là et on a cartonné.

L’instant de mort, du Signe, 284 20 euros.

MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr éditions pages,

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