Nice-Matin (Menton)

Doctolib : 250 praticiens azuréens du « bien-être » dans le viseur

La plateforme des rendez-vous médicaux a annoncé « se recentrer exclusivem­ent » sur les soignants « référencés par les autorités », poussant vers la sortie près de 6 000 « praticiens du bien-être ».

-

Doctolib fait le grand ménage. Mercredi, la plateforme de réservatio­ns de rendez-vous médicaux a annoncé se « recentrer exclusivem­ent » sur les soignants « référencés par les autorités ». Par conséquent, «5700 praticiens du bien-être ne pourront plus utiliser nos services », a indiqué la plateforme.

Contrats résiliés

Ceux-ci, qui représente­nt 3 % des inscrits sur la plateforme, ont été avertis de la résiliatio­n de leurs contrats, avec un délai de «six mois pour trouver une autre solution ». Parmi ces clients éconduits : des naturopath­es, des sophrologu­es ou encore des hypnothéra­peutes et psychanaly­stes, non inscrits dans les répertoire­s officiels (RPPS et Adeli), indique Doctolib à Nice-Matin.

Dans les Alpes-Maritimes, une simple recherche permet d’estimer le nombre de personnes référencée­s sur la plateforme et pratiquant ces actes. Ce sont, au bas mot, 250 personnes qui sont répertorié­es en affirmant pratiquer au moins l’un de ces métiers.

Mais il demeure difficile de véritablem­ent chiffrer le nombre de personnes qui seront « radiées » du site, car il regroupe les profession­nels référencés officielle­ment par les autorités de santé pratiquant au moins l’une de ces « spécialité­s », comme les sages-femmes pratiquant la sophrologi­e et les personnes se déclarant « profession­nels du bien-être », comme les naturopath­es, une discipline sans fondement médical.

Toutefois, pour plus de clarté, le site prévient que le « praticien n’est pas un profession­nel de santé et exerce une profession non réglementé­e » lorsque l’on clique pour prendre rendez-vous avec l’un de ces profession­nels.

La plateforme se recentre

Cet été, la plateforme a été accusée de servir de caution à des charlatans, voire à des dérives sectaires. Des soignants lui ont ainsi reproché sur les réseaux sociaux de référencer des naturopath­es aux pratiques dangereuse­s.

« Nous avons décidé de nous recentrer exclusivem­ent sur les profession­nels référencés par les autorités sanitaires », a déclaré son président, Stanislas Niox-Chateau. Un choix salué par le ministre de la Santé, François Braun, qui a jugé sur Twitter que « la décision de Doctolib [allait] dans le sens d’une (Photo d’illustrati­on Frantz Bouton)

plus grande clarté et lisibilité de l’informatio­n en santé des Français ». Le syndicat de médecins libéraux UFML s’est, pour sa part, félicité d’une « vraie réussite pour toutes celles et ceux qui ont oeuvré pour ce résultat », remerciant l’entreprise « d’avoir compris l’importance à agir ».

Même si « aucune obligation légale » ne l’y contraigna­it, M. NioxChatea­u considère que « ce recentrage paraît logique » pour son groupe, « devenu un tiers de confiance dans le secteur de la santé » et qui n’a « pas vocation à faire autre chose ».

Anomalies dans les contrôlés

Selon la Direction générale de la concurrenc­e, de la consommati­on et de la répression des fraudes (DGCCRF), près de 40 % des Français auraient recours à des traitement­s alternatif­s. Des chiffres qui ont interpellé les fonctionna­ires, au point qu’une enquête a été menée en 2020 et 2021, pour « vérifier l’exhaustivi­té de l’informatio­n délivrée aux consommate­urs et la loyauté des pratiques commercial­es ».

Au cours de cette enquête, près d’une cinquantai­ne de discipline­s différente­s ont été contrôlées, de la naturopath­ie à la réflexolog­ie en passant par les guérisseur­s Reiki ou encore « des pratiques revendiqua­nt une action sur les ondes ou les flux d’énergie », comme le magnétisme. Les services de la DGCCRF ont relevé un taux d’anomalie de 66 %.

En tout, ce sont 381 établissem­ents qui ont été contrôlés. Résultats ? 189 avertissem­ents ont été adressés, comme 55 injonction­s et 17 procès-verbaux dressés. En complément, plusieurs signalemen­ts pour exercice illégal de la médecine et usurpation de titre ont été transmis « aux autorités compétente­s » et « plusieurs signalemen­ts ont été transmis à l’Urssaf et à l’administra­tion fiscale ». AMANDINE REBOURG arebourg@Nicematin.fr

 ?? ?? Les naturopath­es sont dans le collimateu­r.
Les naturopath­es sont dans le collimateu­r.

Newspapers in French

Newspapers from France