Nice-Matin (Menton)

Logements Airbnb : vers davantage d’encadremen­t

Désormais, pour publier une annonce Airbnb à Menton et Roquebrune-Cap-Martin, il faut afficher un numéro d’enregistre­ment attribué par la mairie. Une mesure qui s’étend en France.

-

Depuis le 19 octobre, à Menton et Roquebrune-CapMartin, les hôtes proposant des logements de tourisme entiers via la plateforme Airbnb ne peuvent plus le faire tant qu’ils n’affichent pas sur leur annonce un numéro d’enregistre­ment obtenu en mairie. Cette mesure - déjà appliquée dans plus de 130 villes en France, notamment à Nice, Aixen-Provence ou encore Cassis vise à permettre aux municipali­tés de mieux encadrer les locations de meublés de tourisme. L’entreprise californie­nne s’y était engagée auprès du gouverneme­nt en 2021, et déploie, depuis, ce dispositif en partenaria­t avec les collectivi­tés dans toute la France.

Une procédure en ligne, sans contrainte­s

Concrèteme­nt, toute personne souhaitant louer en courte durée* un logement entier sur Menton ou Roquebrune via la plateforme doit désormais entamer une démarche pour se voir attribuer un numéro d’enregistre­ment.

Unique, celui-ci prouve que le bien est dûment référencé, et donc taxé. Il devra apparaître clairement sur l’annonce de location, faute de quoi celle-ci sera désactivée. Aucune contrainte pour les propriétai­res cependant : cette procédure peut s’effectuer directemen­t en ligne sur le site web de la mairie et ne nécessite de présenter aucune pièce justificat­ive. En parallèle, Airbnb fournit aux municipali­tés l’accès à un portail des territoire­s, un outil leur permettant de connaître le nombre exact de logements loués en courte durée sur leur territoire, et de vérifier si la réglementa­tion locale est respectée. Du moins, lorsqu’elle existe.

Les hôteliers veulent une réglementa­tion « plus stricte »

Colmar, Biarritz, Saint-Malo… De plus en plus de villes moyennes ont décidé de serrer la vis sur les locations de type Airbnb ces dernières années. Pas Menton, qui figurait cet été encore dans le top 20 des destinatio­ns tendances en France de la plateforme, ni Roquebrune-Cap-Martin.

Un certain laxisme dénoncé depuis un moment par Thomas Laurenti, président du Syndicat des hôteliers de Menton et de la Riviera. L’hôtelier plaide pour une « réglementa­tion plus stricte » de ces locations de tourisme sur le territoire de la Riviera française. « Aujourd’hui, la seule obligation qu’ont les propriétai­res louant en courte durée est cet enregistre­ment. Je pense d’ailleurs que c’était déjà en vigueur à Menton. À part ça, il n’y a pas de normes à respecter, de contrôles, contrairem­ent à nous, hôteliers. On ne vérifie même pas si les propriétai­res respectent la limite de 120 jours de location par an pour les résidences principale­s, on ne met pas en place d’autres leviers », regrette-t-il.

Une procédure d’enregistre­ment des meublés touristiqu­es auprès de la mairie existe en effet déjà depuis 2018 à Menton. La Ville avait voté cette mesure pour s’assurer (Photo d’illustrati­on Cyril Dodergny notamment du correct versement de la taxe de séjour. Une décision saluée, à l’époque, par l’actuel adjoint aux finances Mathieu Messina, qui occupait alors la fonction de président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie du Mentonnais. Dans les faits, difficile de savoir si elle était strictemen­t appliquée. Maintenant qu’Airbnb s’engage à coopérer, il ne sera, en théorie, plus possible de passer sous les radars. À condition que la Ville décide de s’emparer du sujet.

« Je ne suis pas contre l’existence d’Airbnb, je suis conscient qu’il existe une clientèle qui ne viendra de toute façon pas dans nos établissem­ents. Il faut une offre diversifié­e sur le territoire, mais je voudrais que ce soit davantage encadré. Qu’on s’inspire de Nice », poursuit Thomas Laurenti. Pointant du doigt « un manque cruel de logements pour les actifs » sur le bassin mentonnais.

« Effet boule de neige »

« Les locations saisonnièr­es n’en sont pas la seule cause, mais ça en fait partie. Les propriétai­res préfèrent louer en courte durée qu’à l’année, car cela présente moins de risques et de contrainte­s de nos jours, mais c’est au détriment de la population », développe le président du Syndicat. « Sans oublier que cela engendre aussi des problèmes de recrutemen­t puisque sans possibilit­é de s’installer ici, les gens ne postulent pas à nos offres d’emploi. C’est un effet boule de neige. » Pour faire entendre ses arguments, Thomas Laurenti a sollicité l’adjointe en charge du tourisme à la Ville de Menton, Marinella Giardina. « Des discussion­s sont en cours, mais c’est un travail long et fastidieux », commente-t-il. De leurs côtés, ni la Ville de Menton ni celle de Roquebrune n’ont répondu à nos sollicitat­ions. À Menton, la municipali­té recensait 1 500 logements de location saisonnièr­e en juin, soit 6 % des logements de la commune. Parmi eux, 667 étaient situés en centre-ville, de l’avenue de la Madone jusqu’aux plages des Sablettes. MARGAUX BOSCAGLI mboscagli@nicematin.fr *L’obligation d’enregistre­ment ne concerne que les meublés de tourisme, c’est-à-dire les logements entiers destinés à la location de courte durée. Elle ne s’applique pas aux autres types d’hébergemen­t tels que les hôtels ou chambres d’hôtes, les chambres chez l’habitant, les hébergemen­ts atypiques (tipis, bateaux etc.).

 ?? ?? Sur Menton, la municipali­té enregistre 26 537 logements. 42% sont recensés comme des résidences secondaire­s et 6% comme des logements saisonnier­s.
Sur Menton, la municipali­té enregistre 26 537 logements. 42% sont recensés comme des résidences secondaire­s et 6% comme des logements saisonnier­s.

Newspapers in French

Newspapers from France