« L’air pur n’existe pas ! »
Le président d’AtmoSud, invite Varois et Azuréens à surveiller la pollution de l’air jusque dans leur rue grâce au nouvel indicateur ICAIR disponible ville par ville sur atmosud.org.
Peut-on encore respirer un air pur, quelque part sur la planète, quelque part dans le Var ou les Alpes-Maritimes ? La réponse de Pierre-Charles Maria, président d’AtmoSud, association pour la surveillance de la qualité de l’air, est claire : « L’air pur n’existe pas. » Même la bonne odeur du romarin dans une forêt génère une pollution. S’il n’y avait que ça !
Mais non. Il y a toutes les émissions générées par nos modes de vie : le dioxyde d’azote (NO2) émis par le chauffage, la production d’électricité, les moteurs thermiques des véhicules. Il y a aussi l’ozone (O3) résultant de transformations photochimiques, et les particules fines PM10, retenues au niveau du nez et des voies aériennes supérieures, ou encore les PM2.5, qui pénètrent profondément dans l’appareil respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires, et peuvent passer dans la circulation sanguine.
Une étude de Santé Publique France révèle que la pollution de l’air entraîne 48 000 décès prématurés par an, soit 9 % de la mortalité, et une perte d’espérance de vie à 30 ans pouvant dépasser 2 ans. Les particules fines sont responsables de 15 à 30 % des maladies respiratoires et cardiovasculaires ainsi que d’une augmentation des risques de cancer. Et pourtant, la qualité de l’air s’améliore. Pierre-Charles Maria y a consacré une grande partie de sa vie. Une action basée sur des données scientifiques, des mesures que les progrès techniques ont permis d’affiner. Aujourd’hui, on ne pèse plus les filtres avant et après pour connaître la quantité de particules. On les compte, même les plus petites, les PM2.5 et les PM10, sachant que dix nanomètres, c’est un million de fois plus petit qu’un micron. AtmoSud vient de fêter ses 50 ans, mais l’aventure ne fait que commencer !
Quel est ce nouvel indicateur pour surveiller la qualité de l’air ? On a lancé l’indicateur cumulé de l’air, ICAIR. Il permet la modélisation de quatre polluants heure par heure : le NO2, l’O3, les PM2.5 et PM10, avec une résolution spatiale de 25 mètres sur toute la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur. Il prend en compte les effets cumulatifs de ces polluants. Ce qui permet de calculer une valeur unique d’évaluation de la qualité de l’air.
On peut ainsi connaître l’exposition de chacun à cette pollution.
Est-ce que le grand public a accès à ces données ?
Les données heure par heure d’ICAIR sont disponibles sur le site atmosud.org. Il suffit de rentrer le nom de la commune. Avec cet indicateur, chacun peut savoir précisément, heure par heure, où il est déconseillé de faire un jogging ou de se balader. En zoomant, on peut même avoir les mesures de pollution à l’échelle d’une rue. On peut aussi se projeter dans les prochaines 24 heures, et modifier ainsi son trajet. Cette version horaire, ICAIRh, se base sur les seuils de l’indice européen.
Et qu’en est-il de ces caméras hyperspectrales, qui vont arriver à Nice ?
Les caméras hyperspectrales vont être testées cet été sur le port de Nice. Elles équipent habituellement les satellites, mais seront utilisées au niveau du sol, pour mesurer les propriétés physiques des panaches de pollution en trois dimensions, observer leur évolution et leur
dispersion. Elles donneront aussi la composition chimique des secteurs photographiés et la concentration des différents
création et présidence d’AtmoSud.
devient professeur de classe exceptionnelle, puis professeur émérite rattaché à l’Institut de chimie de Nice, à l’université Côte d’Azur.
célébration des 50 ans d’AtmoSud, si l’on intègre les organismes qui l’ont précédé et qui ont fusionné.
La guerre en Ukraine a-t-elle des conséquences sur la qualité de l’air dans le Var et les Alpes-Maritimes ?
Les armes ont une combustion identique à celle des feux d’artifice. C’est polluant, mais cela reste localisé. La guerre aura un impact surtout si elle dure. Le gaz naturel n’arrive plus par pipeline. Il est liquéfié sur le lieu
de production et transporté par bateau. Cela peut avoir des conséquences sur le long terme.
Tout le monde est soumis à la pollution, et donc à des risques”