Nice-Matin (Menton)

Des fonds levés pour préserver la Méditerran­ée

Pour tenir l’objectif internatio­nal d’une mer 30 % protégée en 2030, le Prince a annoncé une large aide financière abondée par des organisati­ons philanthro­piques, dont sa fondation.

- ORNELLA VAN CAEMELBECK­E ovancaemel­becke@nicematin.fr

L’initiative est qualifiée d’historique. Elle a été actée – ce jeudi – dans le cadre de la neuvième conférence mondiale pour les océans « Our Ocean 2024 » qui se tenait à Athènes, en Grèce. Des organisati­ons philanthro­piques se sont engagées à contribuer à verser plus de 60 millions d’euros sur cinq ans pour préserver 30 % de la Méditerran­ée à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, un investisse­ment de plus de 260 millions d’euros est nécessaire. La Fondation Prince Albert II de Monaco, ainsi que d’autres donateurs privés et publics de premier plan (Conservati­on Collective, Critical Ecosystems Partnershi­p Fund, Global Environnem­ent Facility, Oceans 5, Pew Bertarelli Ocean Legacy, Segré Foundation, Thalassa Foundation, The MedFund, Shark Conservati­on Fund, ainsi que des donateurs anonymes faisant partie de la Med Donors Roundtable) se sont engagés déjà à verser un total de plus de 60 millions d’euros pour appuyer les efforts de conservati­on marine au cours des cinq prochaines années.

L’annonce a été faite par le Souverain, voix de ce projet porté par sa fondation et plusieurs autres organisati­ons philanthro­piques, dont Bloomberg Ocean Initiative et la Fondation Tiffany & Co.

« Une action urgente est nécessaire »

« Les efforts de protection de la mer Méditerran­ée se sont multipliés au fil des ans, mais pas assez rapidement. L’année dernière, les pays se sont engagés à atteindre l’objectif mondial 30x30. Une action urgente est nécessaire à tous les niveaux si nous voulons atteindre cet objectif ambitieux. Avec cet engagement, les donateurs privés et publics appellent les autres à se joindre à l’effort. Nous nous engageons à promouvoir une protection effective de 30 % d’ici à 2030, dont 10 % de protection stricte », a rappelé à la tribune le prince Albert II qui a passé 48 heures à Athènes, multiplian­t les échanges et les interventi­ons.

Reconnue pour la richesse de sa biodiversi­té, la mer Méditerran­ée « hotspot pour les espèces endémiques » subit les menaces croissante­s liées au changement climatique, à la pollution et aux pratiques de pêche non durables. Les initiative­s ne sont pas nouvelles pour tenter de sanctuaris­er la Méditerran­ée. Les chiffres avancés par la Fondation Prince Albert II font état d’un large travail encore à effectuer. À l’heure actuelle, seulement 8,33 % de la Méditerran­ée bénéficie d’une protection. Les réglementa­tions étant souvent aussi faibles à l’intérieur des aires marines protégées (AMP) qu’à l’extérieur. En outre, à peine 0,23 % de la région est entièremen­t ou fortement protégée.

L’alliance annoncée à Athènes et abondée par les fonds mobilisés à pour objectif « de mettre un terme aux activités destructri­ces telles que le chalutage de fond et de renforcer la gestion des zones marines protégées existantes, comme le sanctuaire Pelagos, qui représente près de la moitié de l’espace marin protégé de la région. L’engagement financier substantie­l des donateurs privés et publics souligne la déterminat­ion collective à relever les défis urgents en matière de conservati­on de la mer Méditerran­ée. »

Et les donateurs entendent aujourd’hui mobiliser d’autres partenaire­s « pour se joindre à l’effort de protection de l’un des écosystème­s marins les plus vitaux au monde. »

ÀCarros, on ne chante pas Le temps des cerises .On honore un autre fruit rouge. La fraise. Dans les années soixante, elle s’est bâti une solide renommée, dépassant les frontières du départemen­t. Depuis, à chaque printemps, la Ville organise sur la place des Plans, une grande fête qui lui est dédiée (1). Tous les ans, c’est une réussite. On vous raconte cette histoire à succès.

« La fête de Pâques s’est transformé­e »

Installé dans sa cuisine, Henri Giacomo se souvient. Depuis longtemps retraité, il a été producteur de fraises entre 1985 et 2005. « On faisait pousser en pleine terre avec ma femme. » Enfant des Plans, on lui a raconté comment est née la Fête des fraises. « C’était dans les années 6065. On faisait cuire l’agneau pour Pâques, sur la place des Plans [aujourd’hui place Louis-Frescolini]. Et un jour, certains producteur­s de fraises se sont dit : “Tiens, pourquoi on n’irait pas faire goûter nos fraises gratuiteme­nt, aux gens qui vont à cette fête ?” Car la fraise de Carros n’était pas encore connue à l’époque. » Très vite, ça rencontre un succès fou. « Ils les offraient, ce n’était pas encore du commerce. Au début, c’était vraiment pour faire connaître le produit. Mais ça a pris une telle ampleur, que la fête de Pâques s’est transformé­e en Fête des fraises. » Les années qui ont suivi, les producteur­s ont fait de la publicité et la renommée a grandi encore. Henri, lui a eu la bonne idée dans les années 80, de développer le marketing. Il ressort une vieille cagette bleu azur en carton, estampillé­e « Fraises de Carros ». Lui, en a fait une marque. « C’est dans ses cagettes qu’on vendait nos fraises. Ça nous a permis d’énormément nous développer, on a été très réputé. »

« Une terre bénie des dieux »

Étalé sur un week-end, l’évènement a commencé à proposer d’autres produits du terroir. Les forains ont rejoint la partie, avec des manèges. Paul Midzner, organisate­ur en 1997 au sein du comité des fêtes décrit : « La formule a évolué au fil du temps. On proposait un bal avec spectacle, concert et soupe au pistou. Le chapiteau était toujours plein à craquer, on refusait du monde. » Et il se vendait entre 7 et 8 tonnes de fraises en deux jours.

« On attendait ça toute l’année, vous n’imaginez pas », partage Henri Giacomo. « Certaines personnes venaient le samedi car elles craignaien­t de ne plus rien avoir le dimanche. On s’est déjà retrouvé en rupture de stock. » « Pour les gens des Plans, c’était leur fête de quartier », raconte Antoine Damiani, qui a tenu la présidence du comité des fêtes jusqu’en 1971, avant de devenir maire de 1995 à 2014. « C’était un moment de fierté, on vantait les mérites de l’agricultur­e. Les producteur­s asseyaient leur notoriété face au Vaucluse. La terre des Plans est une terre bénie des dieux, où tout pousse. Les fraises sont de haute qualité et c’est ça qui a permis le succès. Elle a un goût particulie­r. »

De moins en moins de producteur­s

Mais avec le temps, il y a eu de moins en moins de producteur­s. Certains ont cessé leur activité. D’autres sont partis à la retraite, et personne n’a pris la suite. Puis, l’urbanisme. Des terrains ont été vendus.

La Ville, alors aux mains de Charles Scibetta (entre 2014 et 2020), a décidé de changer le nom de l’évènement. « C’est devenu la Fête des fraises et du terroir, explique ce dernier, car il y avait d’autres artisans à mettre à l’honneur et on avait de moins en moins de fraises. » Mais il maintient : «La fraise, c’est notre symbole, notre image de marque. Il faut la maintenir, c’est essentiel. C’est l’une des meilleures du monde, elle est incomparab­le. C’est pour ça qu’on a fait s’installer des agriculteu­rs sur des terrains communaux. » Aujourd’hui, il ne reste que deux producteur­s de fraises à Carros, alors qu’ils étaient une quinzaine autrefois. Ce sont les fraises de Gattières qui alimentent en grande partie le week-end des festivités. Mais tous sont d’accord pour le dire : Gattières, c’est le canton de Carros.

« Tant qu’il y aura des fraises »

« La tradition perdure malgré tout, se réjouit Antoine Damiani. Les gens sont très attachés à cette manifestat­ion, elle est ancrée dans la mémoire collective. C’est un moment de l’année où tout le monde aime se retrouver, c’est attendu avec plaisir par les Carrossois. » Paul Midzner confirme : «Çaa toujours été et ça restera une fête familiale et populaire. C’est l’ensemble qui attire, ce n’est pas que la fraise. »

Henri Giacomo, mémoire des Plans, conclut : « La Ville arrive à la maintenir et c’est important. Ça n’a plus rien avoir avec ce qu’on faisait, mais c’est une très belle fête avec plein d’animations. Tant qu’il y aura des fraises, il faut continuer. »

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Le Souverain, à la tribune de la conférence Our Ocean , cette semaine à Athènes. (Photo Axel Bastello / Palais princier)
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(DR) La Fête des fraises de Carros, au début des années . À cette époque, il y avait encore beaucoup de producteur­s.

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