Nice-Matin (Menton)

« Je ne suis pas facile, même si j’ai l’air sympa »

-

C’est d’abord un look. Immuable. Une chemise. Blanche. Immaculée conception de l’info sportive ? Allez savoir... En tout cas reconnaiss­able entre mille. C’est, aussi, un surnom : ‘‘Mémé’’. Pour les copains. La ribambelle de chroniqueu­rs qui, à ses côtés, décortique­nt, dissèquent, débattent au quotidien du ballon rond (principale­ment) dans la sacro-sainte ‘‘Equipe du Soir’’. Olivier Ménard, ‘‘Mémé’’ donc, affiche aujourd’hui 3.000 émissions au compteur !!! Un routard du plateau. Un maestro du direct. Sous sa mine d’intello que réhausse invariable­ment une paire de lunettes à fine monture, se cacherait nous a-t-on dit, un taulier. Du coup, on a voulu en savoir davantage.

Olivier, le gimmick de la chemise blanche, il vient d’où ? Je ne voulais pas de veste, car c’est du sport. La chemise blanche, c’est propre, ça n’a pas été réfléchi. Mais ça fait presque un uniforme.

Vous en changez tous les soirs ? (rires) Ah oui, il vaut mieux avec le maquillage. Il y en a une par émission, je mouille la chemise comme on dit.

Et ce surnom, Mémé, il vient de l’enfance ou de la télé ?

De la télé. Quand je suis arrivé en  à L’Equipe, Laurence, une consoeur de la rédac, a balancé un Mémé devant la cantonnade et c’est resté.

A l’école, c’était plutôt Olive ? C’était ‘‘Ménardos’’, dit ‘‘Nardos’’. Parfois je suis surpris quand je croise des vieux copains d’Angers, c’est salut ‘‘Nardos’’ !

Le SCO Angers qui remonte en L, c’est le kiff absolu ?

Ben, je suis content mais sans plus. En fait, le rapport que j’ai à ce club-là, c’est avec mon père. Quand j’étais petit, on habitait près du stade Jean-Bouin, qui s’appelle Kopa aujourd’hui, et on y allait. Mais ma passion pour le sport, ce n’est pas via une équipe.

Précisez...

En général, les gens qui viennent au sport y viennent par une équipe, moi c’est par des champions comme Platini, Noah, Prost, Hinault.

En tant que Parisien, vous êtes forcément supporter du PSG ?

Ah non, non, non ! Je ne suis pas supporter comme je te l’ai dit. Je suis amoureux de sport, ça me passionne. Après, si les clubs français jouent en coupe d’Europe, je veux qu’ils gagnent, car je suis un peu franchouil­lard et cocardier.

Vous avez débuté sur les émissions de Michel Drucker (Star , Studio Gabriel, ndlr), qu’est-ce qu’il vous en reste ? C’est surtout des visages. Des gens super gentils. Mais ce n’était pas ma matière en fait. Je me suis rendu compte, depuis, à quel point j’aime le sport. Ma curiosité est tout de suite exacerbée sur un fait de sport.

Comment on passe de Studio Gabriel à L’Equipe ?

Par un casting, tout simplement.

Vous n’avez donc pas de formation de journalist­e ? Non, je le dis souvent, ma formation c’est fac de ‘‘boîte de nuit, option histoire’’ (rires)... Même s’il y a toujours eu le fil rouge du sport.

Combien Mémé a-t-il d’émissions au compteur ?

Ouh là, là ! Je dirais dans les trois mille, peut-être plus. Attends, pendant que je réponds à tes questions, j’envoie un sms à Marco, qui les compte et qui va me le dire...

Justement, quand on a fait autant d’émissions, comment garde-t-on de la fraîcheur ?

C’est en rapport à la matière, le sport et aux gens qui peuplent le plateau. J’essaie de leur proposer des conversati­ons et des angles différents chaque fois. Ça passe tous les jours par une petite gymnastiqu­e intellectu­elle.

C’est vous qui décidez de tout le contenu de l’émission ?

Non. Quand on est en conférence de rédaction, avec les gens de la régie et les assistants de production, il faut me libeller une question et me la justifier. Ce qu’il faut chercher, c’est l’énergie de la conversati­on et le plaisir que ça génère. Je suis pas facile, même si j’ai l’air sympa comme ça... J’veux que les mecs de mon équipe progressen­t, des fois je grogne un peu c’est vrai.

Parler du PSG ou de l’OM tout le temps, ce n’est pas un peu lassant à la longue ?

Oui, je peux en convenir en fait. Mais je te répondrai que le PSG, c’est le système solaire du sport français. Après, Marseille et Paris, on ne va pas se le cacher, c’est ce qui draine de l’audience. Tout ça est toujours un peu intéressé.

Dites-nous la vérité, est-ce qu’il y a eu des soirs où, comme dans la vie de M. tout le monde, vous n’avez pas eu envie d’aller au boulot ?

(Ferme) Ah, non, pas du tout. Je suis toujours assez content de rencontrer les copains.

Quelles sont les audiences ? Maintenant ce n’est plus tellement les audiences que je regarde mais les parts de marché. Attention, les parts de marché, mais sur la cible.

Et la cible, quelle est-elle ?

La cible c’est le ‘‘ménager’’ de moins de  ans. Nous c’est plutôt les mecs qu’on cible, pas la ménagère. On est à peu près dans les objectifs, c’està-dire ,% de part de marché.

Mais en termes d’audience, c’est combien grosso modo ?

On a en moyenne . téléspecta­teurs par soir.

Avez-vous une pression de l’audience de votre direction ? Ah ben oui, on est une télé privée donc il faut que ça marche.

C’est bien payé, chroniqueu­r à L’Equipe du Soir ?

Les tarifs sont différents en fonction des gens. Il y a un tarif pour les journalist­es de L’Equipe, un tarif pour les autres journalist­es, après il y a un tarif pour les consultant­s anciens sportifs, qui sont différemme­nt payés. Mais moi, je ne m’occupe jamais de ces comptes... En tout cas tu peux leur demander, ils ne sont jamais assez payés (rires) !

C’est une sacrée bande, ils sont combien au fait ?

Je dirais trente-cinq. Il y a cinq chroniqueu­rs par soir, six émissions par semaine, il y a donc trente postes à pourvoir.

Quelle a été votre meilleure émission et la pire ?

C’est difficile. Je me souviens d’une émission cette année où on s’est marrés comme des perdus avec le départ de Verratti au Qatar. Ou encore des fous rires avec Didier Roustan.

Le plus brillant de vos chroniqueu­rs ?

Oh, c’est dur ça. Je dirais, intellectu­ellement, Vincent Duluc quand même. Eric Blanc est très intuitif. Le meilleur contreur, c’est Johan Micoud. Le meilleur pédago, Jérôme Alonzo. Le plus original, c’est Greg Schneider, on l’aime tous mais on est contents de ne pas être d’accord avec lui (rires).

Celui dont vous vous sentez le plus proche humainemen­t ?

Je suis un peu en admiration devant eux, mais je ne suis pas lié tellement à eux. Si, je vais te dire, si, si, pardon, Giovanni Castaldi. J’ai plaisir à le voir en dehors, je l’invite souvent à la maison.

Il est très masculin votre plateau, votre direction ne vous a pas incité à la parité qui est à peu près la règle aujourd’hui ? C’est une réflexion de mes chefs, mais je ne suis pas du tout là-dedans... Moi l’idée, c’est que je ne vais pas mettre une fille pour mettre des filles. Je mets une personne qui va apporter quelque chose à l’émission donc au téléspecta­teur, ça s’arrête là.

C’est quoi la journée-type d’Olivier Ménard ?

Le matin, je me réveille vers h. Je fais un peu de sport, je prépare la bouffe pour mes filles, je vais à la télé vers h. On fait une conférence de rédaction vers h/h. Ensuite il y a le direct, le soir, jusqu’à une heure du matin. Des fois on va boire un verre à côté. Et je rentre à la maison pour m’endormir vers trois heures du matin...

Votre principal défaut et votre principale qualité ?

Pffff... ça je sais pas. La qualité, c’est sans doute, pour la présentati­on, l’écoute. Le défaut... Je sais pas, on va dire un peu buté. Ou un peu vite agacé, colérique, machin... Un peu chiant quoi.

Justement, on m’a dit, Olivier Ménard, c’est le boss, faut pas l’emmerder...

Parfois je le vois dans le regard de mes petits assistants, ils sont un peu impression­nés mais moi ce que je veux, c’est qu’ils se mettent à l’aise, qu’on discute. Sinon, ça peut m’agacer...

Mémé, il est encore là pour longtemps ?

Je suis bien où je suis, bien dans mon boulot et dans mes pompes. Pas de raison de changer. Mais plus tard, je pense que j’écrirai. Pendant le Covid, avec l’arrêt de l’émission je me suis mis à écrire. Ça me plaît bien ça...

« Je suis bien où je suis, bien dans mon boulot et bien dans mes pompes »

Destin hors-sol d’un homme qui s’est vu, tout petit, inoculer le virus d’Icare. Qui, très tôt, a voulu imiter un papa-papillon, et à son tour, caresser le silence, voler de ses propres ailes. Premier « step » d’un voyage initiatiqu­e qui l’a conduit, au final, à devenir cet incroyable champion, dont le palmarès, à seulement 32 ans, laisse la communauté souffle court. Dans l’immensité éthérée d’un Azur qu’il surfe comme l’oiseau, au gré des vents, s’est dessinée une authentiqu­e légende. Avec, déjà, deux Coupes et un titre de champion du monde, plusieurs sacres continenta­ux, et quelques records mythiques soigneusem­ent rangés dans le placard à souvenirs… Un garçon qui, aujourd’hui, vit de sa passion, puisque devenu pilote-test pour la société Ozone, dont le métier est de développer de nouvelles voiles. Un « luxe » - il le sait -, mais pour autant, il refuse de se vautrer lascivemen­t dans sa zone de confort et cherche, au contraire, à repousser sans cesse les limites de la gravité…

Comment vous est venue cette passion pour le parapente ?

J’ai commencé du côté du mont Saint-Michel, à Avranches. En , mon père était une sorte de pionnier. Je le voyais décoller d’une petite pente en bord de mer et, peu à peu, grâce aux évolutions techniques, commencer à tenir plusieurs heures en l’air, en s’appuyant sur le vent qui venait taper sur la falaise. J’ai été bercé par ça et je lui ai dit qu’un jour, moi aussi, j’aimerais voler. Il m’a répondu OK, mais que je devais patienter jusqu’à mes  ans. Alors, dès que je les ai eus, je me suis inscrit dans une école, où j’ai appris toutes les bonnes techniques…

Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans cette pratique ?

On a une sensation de liberté incroyable. Et puis, sous nos yeux, se dessinent des paysages magnifique­s, en France, comme un peu partout dans le monde. Même sur un site que l’on croit pourtant connaître, on découvre toujours de nouvelles choses. Les masses d’air sont différente­s, les couleurs que l’on perçoit de là-haut, au fil de la journée, le sont aussi. C’est un plaisir unique, rare, et constammen­t renouvelé.

Ce sport exige-t-il une bonne condition physique ?

Oui, parce que mine de rien, avec les poussées sur l’accélérate­ur, on se sert pas mal des jambes. Mais il faut aussi savoir s’hydrater, c’est essentiel. Et, comme pour la

auton conduite ,pou gérer l’intensité psychologi­que mise dans l’effort. Au final, il n’y a pas tant de pilotes que ça qui parviennen­t à tenir longtemps, tout en restant performant­s…

Pour vous, tout s’est assez vite enchaîné, finalement, jusqu’à votre arrivée à Nice…

Quand j’ai débuté la compétitio­n, j’ai assez vite performé. J’ai alors poursuivi mes études sur Grenoble, où il y avait le pôle France. Jusqu’à ce que je gagne le championna­t du monde, en . Grâce à ce titre, la société Ozone Parapente, basée à Bar-sur-Loup, m’a proposé de tester des ailes pour eux. C’est devenu mon boulot et, dix ans après, j’en suis toujours aussi heureux.

Le risque est aussi un facteur à prendre en compte ?

C’est la raison pour laquelle il ne faut jamais brûler d’étapes. Au début, il faut passer par une école, y commencer par un stage de  jours, et ne pas hésiter à beaucoup pratiquer au sol. Ça permet de limiter le risque, même si on n’est jamais totalement à l’abri d’un accident…

Il faut aussi savoir interpréte­r, lire la météo…

C’est un peu comme une régate en mer, il faut savoir jouer avec les éléments. Et effectivem­ent, le parapente exige d’être assez calé en météo. Pour savoir ce qui se passe, mais plus encore, ce qui va se passer, et ainsi, pouvoir mieux anticiper.

Racontez-nous ce record de France et d’Europe que vous avez établi courant avril ?

Nous sommes partis de Paris, à une trentaine de pilotes, et avons atterri à Périgueux. Nous n’étions plus que , tous de l’équipe de France, mais c’est déjà exceptionn­el. Au final, ça a représenté une dizaine d’heures de vol. On a réussi à se balader d’ascendance en ascendance. Et le fait d’être comme ça, en groupe, a permis d’aller assez vite.

Comment jugez-vous l’évolution de votre sport ?

On a des voiles de plus en plus performant­es, mais on constate aussi, sur les compétitio­ns, une concurrenc­e bien plus aiguisée. Avec des jeunes qui, parce que le parapente a su se structurer, sont mieux formés et au top plus tôt. La nouvelle génération pousse fort et ça nous oblige, nous les anciens, à aller chercher ce petit « plus » pour faire encore la différence.

Après le décollage, le pilote peut parcourir jusqu’à  km, dès qu’il atteint m d’altitude. Mais tente, avant, de « profiter » de vents ascendants, pour réussir un nouveau « bond » aérien…

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France