Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Des commerçant­s figurants à la Buffa

Le 7 juin, la cité marchande sera décor d’époque pour le tournage de La Promesse de l’Aube. Adolescent, l’écrivain, qui vivait à Nice, venait dans la halle avec sa mère faire le marché

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

La Buffa et ses derniers commerçant­s, vedettes d’un film. Ce n’est pas du cinéma. Mais la vérité, en version très originale. Des promesses à grand spectacle sur leur devenir, les revendeurs de la cité moribonde, en ont pourtant eu plein les plateaux. De quoi en perdre la bobine. Mais cette fois, ce sera promesse tenue grâce à… La Promesse de L’aube. Un long-métrage d’Eric Barbier, adapté du roman éponyme de Romain Gary, publié en 1960. L’auteur y raconte notamment, son adolescenc­e à Nice. Souvenirs sur fond d’amour maternel. Sa mère, ancienne actrice, seule, se sacrifiant pour ce fils, qu’elle couvrait

d’ambitions. Tournage le 7 juin, dans une partie de la cité marchande, fermée au public. Cette cité où jeune et réservé, Romain Gary venait avec sa mère faire le marché. «Un des seuls textes dignes de ce nom, dans lequel apparaît notre cité en termes élogieux et émouvants. » Christophe Clérissi, le poissonnie­r est heureux et fier. Comme les autres commerçant­s, auxquels réalisatio­n et production du film, ont demandé de jouer leur propre rôle. Dans leur cabine. Une seule journée de « moteur » et de clap. En compagnie des acteurs principaux, Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg. Avec quelques modificati­ons inhérentes

à l’époque. « Dans le roman, poursuit Christophe, une scène a lieu ici. La mère de Romain Gary avait une pension au boulevard François-Grosso. Et aussi un drôle de caractère. Ma grandmère, déjà poissonniè­re, l’a connue. Mon oncle, Jeannot, m’en a parlé… » Christophe sera donc poissonnie­r figurant. Des années 30. « Plusieurs réunions

avec la production et la régie ont eu lieu sur place. Une autorisati­on de tournage a été accordée par notre administra­teur judiciaire. Un menuisier est venu prendre des mesures pour réaliser de faux décor. Tout ce qui n’est pas d’époque, comme l’inox, les frigos actuels, les stores, etc. sera camouflé. Je serai obligé d’avoir à l’étalage des produits qu’on consommait jadis : sardines, mulets, stockfisch, mais ni crevettes, ni saumon. »

Exit brochettes et kiwis

Même chasse aux anachronis­mes chez le fromager Claude Bro: « Je dois enlever pots de miel, bouteilles de lait en plastique, balance électroniq­ue… » Dominique, le boucher, ne pourra pas exposer des brochettes ou ses escalopes hachées ovales cordon-bleu. « Toute une éthique à respecter. » Pierre Grattarola, boucher à la retraite, va revenir jouer au charcutier. Sous une enseigne customisée façon rétro. Idem dans les cabines de Charles Dalmasso, primeur-producteur : « Chez moi, tout ce qui est contempora­in, sera masqué. Je vais descendre de Gattières des vieux cageots que je gardais. Pas de sacs ou de barquettes en plastique. Interdicti­on de vendre des bananes et des kiwis. En revanche, OK pour les nèfles. » D’autres marchands, dont Marc Giran, primeur ou Gabriel Lopez, torréfacte­ur, n’ont pas été retenus au casting. « Ils ont préféré se cantonner aux marchands groupés dans le même coin », explique Marc. Aucun regret. Au contraire : « C’est bien

que le réalisateu­r ait choisi l’endroit d’origine… » La Buffa va renaître. Sur grand écran…

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(Photos Jean-Sébastien Gino Antomarchi) Enlever les pots de miel, les bouteilles de lait en plastoc, la balance électroniq­ue : pour Claude Bro, pas de quoi en faire tout un fromage…
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Charles Dalmasso gardera son enseigne « Benji et Steph », mais revisitée façon années folles, par les décorateur­s du film.

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