Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Chômage : la martingale de François Hollande

- par Denis Jeambar

Invité lundi matin sur RTL, François Hollande a affirmé, avec une tranquille assurance : « Quand la croissance sera là, il y aura nécessaire­ment une baisse du chômage. » Il ne faut pas être un économiste surdoué pour tenir de tels propos. Tous les experts sont d’accord, en effet, sur une donnée : la France crée des emplois dès lors que la croissance y atteint , %. Cet objectif ne sera pas atteint en . Nous devrions finir l’année avec une progressio­n du PIB de , %. Le cap des , % est donc espéré pour . Pour le chef de l’Etat, ce chiffre serait la planche de salut tant attendue pour se lancer dans la présidenti­elle de . Il sait, cependant, que ce rebond risque de ne pas être assez puissant pour convaincre les Français d’une réelle inversion de la courbe du chômage.

« Un PIB de 1,5 % en 2016 serait la planche de salut tant attendue par Hollande pour se lancer dans la présidenti­elle de 2017. »

Face à cette difficulté, la tentation est grande, aujourd’hui, au sommet de l’Etat non pas de casser le thermomètr­e pour faire tomber la fièvre mais tout simplement de le changer. Depuis plusieurs mois, déjà, on y laisse entendre que les chiffres de Pôle emploi ne sont pas précis. Au mois de juin, d’ailleurs, on tripota même le thermomètr­e. Pôle emploi changea son mode de calcul et, par miracle, le chômage se stabilisa. Le répit, cependant, fut de courte durée puisque la courbe est repartie à la hausse. D’où l’idée d’évoquer un autre indicateur. Pour convaincre, il faut que ce changement de pied soit incontesta­ble. Rien de mieux pour échapper à tout soupçon que de se placer sous « la tutelle » d’une organisati­on internatio­nale reconnue, en l’occurrence le Bureau internatio­nal du travail (BIT). Née en , installée à Genève, cette institutio­n évalue, elle aussi, les chiffres du chômage de ses pays membres. Mais sa méthode de calcul diffère de celle de Pôle emploi. Ces statistiqu­es sont trimestrie­lles et, surtout, elles ont l’avantage d’être beaucoup mois dramatique­s. Dans les comptes du BIT, la France métropolit­aine, au terme du deuxième trimestre , ne comptait que    demandeurs d’emploi soit   de moins que ceux enregistré­s par Pôle emploi. En outre, le BIT estime que le taux de chômage a diminué en France de , % au premier trimestre et s’est stabilisé au deuxième. L’aubaine est formidable pour le gouverneme­nt ! Si le BIT continue sur cette lancée, nul doute qu’il deviendra pour l’Elysée l’institutio­n de référence et la preuve de l’inversion annoncée. Elle sera d’autant plus facile à démontrer qu’à la fin du premier trimestre , selon le BIT, la France avait , millions de chômeurs. Si fin , le nombre de demandeurs d’emploi version genevoise passe en dessous de ce chiffre, François Hollande tiendra enfin sa martingale pour se représente­r....

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