Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Des règles élémentaires d’aménagement bafouées depuis de nombreuses années »
Hélène Granouillac, porte-parole du collectif Terre Bleue
C’est une citoyenne engagée en faveur de l’écologie, qui se veut indépendante à l’égard de toute mouvance politique. Terre bleue est un collectif non subventionné, fondé en 1999. Hélène Granouillac a déjà milité en faveur du vélo électrique, ou du verre d’eau pour se brosser les dents. Pour elle, les dégâts causés par les intempéries du 3 octobre sont symptomatiques d’un schéma à repenser.
Qu’est-ce que révèlent les dégâts causés par les intempéries ? Sur la Côte d’Azur, au regard de notre topographie, des règles élémentaires ont été bafouées depuis trop longtemps en terme d’aménagement du territoire. Nombre de spécialistes le disent, et nous allons émettre une communication à ce sujet.
Trop de béton sur la Côte d’Azur ? Oui, bien sûr. Mais le passé est ce qu’il est, et le béton est là. Le pire, c’est surtout que ça continue, comme une locomotive folle qu’on ne peut plus arrêter. Exemple ? Aujourd’hui, Polygone Riviera sera inauguré à Cagnes alors que Cap poursuit son extension. Ces centres commerciaux ne correspondent même plus aux nouveaux modèles de consommation plébiscités !
Cela crée des emplois locaux… L’aspect économique ne peut pas être nié. Mais il faut créer d’autres centres d’activité plus compatibles avec notre environnement, exploiter la richesse artisanale et agricole de notre région. Pareil pour le logement : il faut peut-être privilégier la verticalité, arrêter de produire des résidences secondaires, réhabiliter plutôt l’ancien.
De grands projets à freiner, voire à stopper au nom «dubonsens»? Oui. La plaine du Var est située en zone inondable, et c’est la seule zone à conquérir pour Nice. Faut-il l’aménager de cette façon, avec tant de béton, au lieu de conserver un équilibre. Quel monde absurde et aberrant sommes-nous en train de construire ? Il doit y avoir une prise de conscience de tous ! Après le octobre, les décideurs politiques seront plus à l’écoute ? Si leur attitude ne change pas, alors c’est à nous d’en changer ! La tendance nous exhorte à explorer de nouvelles directions, que celles suivies par notre vieille garde politique. S’ils n’évoluent pas, c’est preuve d’incompétence ou de cynisme, et ce sera aux citoyens de prendre leur responsabilité. J’ai une anecdote révélatrice : en , j’ai fondé Terre bleue parce que lorsque j’ai parlé de développement durable à un élu local, il m’a répondu : c’est quoi, le “râble” ? Ça veut tout dire !