Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Architectu­re : « Inculquer la culture du risque aux habitants et renouveler le territoire urbain »

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Son inspiratio­n, l’architecte Arnaud Réaux l’a puisée loin, dans ces pays où sévit la saison des moussons. Sans nuire à la population. « En Asie du Sud-Est, les gens se sont habitués à vivre quotidienn­ement avec 40 à 50 mm d’eau, constate le représenta­nt de l’agence Nommos, spécialisé­e dans l’urbanisme en zone inondable. La première chose à faire, même sur la Côte d’Azur, c’est ça : inculquer la culture du risque et préparer les habitants à avoir les bons réflexes, créer une mémoire de l’inondation ». Pour que plus personne ne craigne de recevoir le ciel sur la tête, mieux vaut en connaître les mécanismes.

Des simulation­s

Le profession­nel évoque la mise en place d’ateliers pédagogiqu­es, avec des géographes pour comprendre le cheminemen­t de l’eau et des interventi­ons dans les écoles, comme au Japon. Des conseils de quartier pourraient également intégrer ces questions auprès des résidents, et pourquoi pas, une fois le traumatism­e de la catastroph­e évacué, monter une exposition. « Comme pour les incendies, on pourrait aussi faire des simulation­s une fois par an, pour former les sinistrés à évacuer en zones refuge ». Refuge contre déluge ? Les propositio­ns de l’architecte ont retenu l’attention de zones inondables comme Noirmoutie­r (voir photos ci-dessous), qui doit lutter contre vagues et marées. « Il s’agit de renouveler progressiv­ement le territoire. Mais c’est du long terme, car c’est bien sûr coûteux ». Pour Arnaud Réaux, « l’urbanisati­on locale est irrévocabl­e, et ça ne sert à rien de taper sur des élus qui ont hérité de la situation ». En revanche, on peut toujours en corriger les défauts, pour adapter notre milieu de vie urbain aux nouveaux aléas climatique­s. « Chaque nouveau chantier doit devenir cohérent avec son milieu naturel, car l’homme n’est pas toujours plus fort que la nature ».

Maison sur pilotis

Des pistes : insérer de nouvelles techniques d’infiltrati­on et une place pour le stockage des eaux dans les nouvelles routes (pour compléter les bassins de rétention), créer des murs et toitures végétalisé­s pour ralentir l’écoulement de l’eau et éviter ses débordemen­ts (« il faut infiltrer au maximum sur place afin d’amoindrir le ruissellem­ent ») Sur le bâti : adapter les maisons, créer des issues de secours, des espaces de repli sur les toits, édifier des bâtiments sur pilotis ou « submersibl­es » car posés sur des socles poreux (« l’eau passe sous la maison sans la détruire »); diriger toutes les eaux de pluie d’un ensemble collectif vers un jardin filtrant… « En clair il s’agit de dessiner un autre visage au paysage ». Et faire face aux orages…

 ?? (Ph. A. C.) ?? « Des espaces de promenade aménagés en bord de route se muent naturellem­ent en retenues d’eau en cas d’inondation au Cambodge. Il faut s’en inspirer », explique l’architecte Arnaud Réaux.
(Ph. A. C.) « Des espaces de promenade aménagés en bord de route se muent naturellem­ent en retenues d’eau en cas d’inondation au Cambodge. Il faut s’en inspirer », explique l’architecte Arnaud Réaux.

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