Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Les avocats entrent en grève totale »
Me Maeva Binimelis, représentante du jeune barreau de Nice
La grogne des avocats gagne la Côte d’Azur. Le conseil de l’ordre du barreau de Nice a décidé, hier, l’entrée en grève totale, et lancé un appel à ses 1 080 membres afin de se rassembler ce midi devant le palais de justice. Rien de tel pour l’heure à Grasse, où le bâtonnier Catherine Begret-Christophe attend de connaître l’issue de la rencontre, aujourd’hui, entre Christiane Taubira et les avocats. Me Maeva Binimelis, représentante des jeunes avocats du barreau de Nice, explique la décision des robes noires niçoises.
Le conseil de l’ordre du barreau de Nice était réuni en session extraordinaire ce mardi. Pour quels effets ? Il a été décidé que nous entrons en grève totale, immédiate et illimitée. Nous n’assurons aucune audience, quelle que soit la juridiction. Le mouvement se durcit d’autant plus qu’à Lille, le barreau a souffert de violences policières au tribunal. En outre, nous appelons les avocats à se rassembler ce mercredi midi (aujourd’hui, ndlr), à l’heure où Mme Taubira s’entretiendra avec les représentants de notre profession.
Pourquoi la réforme proposée par Christiane Taubira suscite-t-elle une telle fronde ? Nous demandions la revalorisation de l’unité de valeur sur la base de laquelle est calculée l’aide juridictionnelle. Celle-ci a légèrement augmenté pour passer de € à , €, mais dans le même temps, on nous réduit ces unités de valeur ! La situation est encore pire qu’avant. Par ailleurs, le gouvernement cherche à prélever cinq millions d’euros en , et dix en , sur les intérêts des fonds placés pour le compte de nos clients à la CARPA (). En d’autres termes, on nous demande de faire d’autres efforts afin de financer cette aide juridictionnelle, alors que celle-ci devrait être estimée par l’État !
L’aide juridictionnelle est-elle nettement insuffisante ? Au titre de l’aide juridictionnelle, nous ne sommes pas rémunérés, juste indemnisés et, parfois, cela ne couvre même pas les frais du cabinet... Nous travaillons déjà à perte avec le système actuel et là, ça va être encore pire. Au final, c’est le justiciable qui se trouvera impacté, car la réforme instaure une justice à deux vitesses. L’accès à un avocat sera beaucoup plus compliqué, car il devra refuser les aides juridictionnelles.
Comment expliquer ce nouveau mouvement de colère, sur le même sujet que ceux de juillet et décembre ? Le gouvernement n’a pas pris la mesure et l’ampleur des difficultés. Au lieu de renforcer le budget alloué à l’aide juridictionnelle, il le réduit considérablement. Et ce, toujours au détriment du justiciable.
1. Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats.