Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Gaël Nofri : « On organisera un référendum sur Schengen »

La tête de liste azuréenne de Debout la France pour les régionales développe un programme axé sur la sécurité, les économies de fonctionne­ment et le développem­ent des filières courtes

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Il n’aura que trente ans le 6 décembre, jour du premier tour des régionales. Gaël Nofri, tête de liste de Debout la France dans les Alpes-Maritimes, affiche pourtant déjà un curriculum à rallonge, non dénué de quelques sinuosités. Ce Bastiais de naissance a entamé son parcours au RPF de Charles Pasqua, avant de passer par le cabinet de Jacques Peyrat, alors maire de Nice, puis par celui d’Éric Ciotti durant dix-huit mois au conseil général. Sans adhérer au FN, il sera ensuite conseiller de Marine Le Pen lors de la présidenti­elle de 2012, puis élu conseiller municipal sur la liste FN en 2014 à Nice, avant de se brouiller avec sa chef de file Marie-Christine Arnautu. Celui qui écrit des articles pour des revues historique­s et prépare un livre sur l’histoire des révolution­s en France, du XIVe siècle à Mai-68, fait à présent son nid sous l’aile protectric­e de Nicolas Dupont-Aignan.

Marion Maréchal-Le Pen remportera­it la Région selon un sondage paru dimanche. Votre réaction ? On ne peut pas vraiment s’en étonner. On a tout fait pour qu’aujourd’hui les électeurs aient la volonté de manifester leur rasle-bol. Nicolas Sarkozy a trahi ses promesses de , c’est pour ça qu’il a été battu en . On a une droite qui n’est en rien à droite et qui est prisonnièr­e de ses alliances au centre. Quand on voit que Les Républicai­ns c’est NKM, je peux comprendre que les électeurs proches du RPR de Séguin ou Pasqua ne s’y retrouvent plus. La percée de Marion Maréchal-Le Pen est le signe d’un malaise politique.

Entre Les Républicai­ns et le FN, où se situe Debout la France ? Entre eux et nous, il n’y a pas une différence de degré, mais une différence de nature. On partage avec le FN une certaine notion de la souveraine­té nationale et la nécessité d’en revenir aux frontières de l’Etat-nation. Et on partage avec Les Républicai­ns le refus de la vision gauchiste de l’économie qu’on retrouve aussi dans le programme économique du FN. Mais par-delà tout cela, on essaie de faire valoir une autre façon de faire de la politique, en refusant les dogmes, les tabous, le culte des partis, tout ce qui fait que le système politique français est sclérosé. Il faut remettre le bien public au coeur du processus démocratiq­ue. On ne peut pas continuer comme ça, de combines politiques en affaires de famille.

Que ferez-vous au second tour ? On se déterminer­a le moment venu. Ce qui est certain, c’est que soutenir une liste où figurent des identitair­es (celle du FN, ndlr) est pour ma part totalement exclu. De toute façon, les électeurs sont libres. On avisera en fonction de la situation le  décembre.

Quels sont les piliers de votre projet pour la région ? On va parler de sécurité, de sécurité énergétiqu­e, de transport, de développem­ent durable. Et, avant tout, revenir à une gestion saine. Enfin, même si ce n’est pas une compétence régionale, on va parler de Schengen puisque les régions ont le droit d’organiser des référendum­s régionaux. Comment comptez-vous décliner la souveraine­té à l’échelle régionale ? Justement en organisant un référendum régional sur la sortie de Schengen. Notre région est confrontée à l’échec de l’ouverture des frontières. Il faut poser aux habitants de Paca de façon claire la question de savoir si Schengen est une bonne chose. On ne peut pas continuer à passer à côté des réalités que vivent les gens au quotidien.

Mais votre référendum sera sans valeur, sans effet... Est-ce que le gouverneme­nt pourra longtemps ne pas tenir compte de l’avis d’une région comme Paca ? D’autres régions feront peut-être comme nous. Si sept ou huit régions font pareil, je ne vois pas comment le gouverneme­nt pourra fuir une question aussi brûlante.

Vous dites vouloir réduire de  % en six ans les dépenses de fonctionne­ment, mieux contrôler les subvention­s. Vous êtes sur une ligne d’austérité... Nous voulons diminuer les dépenses de fonctionne­ment, pas celles d’investisse­ment qu’on maintiendr­a à un taux raisonnabl­e. La Région a créé des fonctionna­ires en trop grand nombre, les effectifs sont pléthoriqu­es, il faudra enclencher un processus de non-remplaceme­nt des départs à la retraite. On ne peut plus aujourd’hui accumuler les promesses pour acheter les voix, le budget doit être construit en fonction des recettes. Nicolas Dupont-Aignan est un exemple sur ce point : il a réussi à désendette­r sa commune de Yerres (Essonne) de  %.

Vos priorités pour les transports ? Le matériel roulant ferroviair­e est vétuste et fait honte à notre région touristiqu­e. La sécurité n’est plus assurée ni dans les trains, ni dans les gares. Un certain nombre de lignes sont menacées. Il faudra lancer un audit et assurer le financemen­t du transport en priorité. Cela, à travers un plan pluriannue­l d’investisse­ment en termes de renouvelle­ment du matériel, de modernisat­ion des lignes et de mise en place d’un système de vidéosurve­illance des trains et des gares, doublé d’un comité de suivi des gares, en lien avec les forces de police des villes où elles se trouvent.

Et en matière d’économie ? Il faut jouer sur la valorisati­on de la diversité de notre région. Le tourisme vert doit être soutenu, tout comme le monde de l’artisanat, du commerce et de l’agricultur­e. Pour cela, il faut valoriser les circuits courts, adapter les procédures d’appel d’offres aux TPE. Dans notre départemen­t, l’OIN de la plaine du Var doit redevenir un site destiné à accueillir des entreprise­s plus performant­es en terme d’économie verte et non pas des grandes surfaces de type Ikea.

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(Photo François Vignola) Gaël Nofri : « On va parler de sécurité... »

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