Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Vestiges de l’amour

- PHILIPPE DUPUY

L’histoire Tony (Emmanuelle Bercot) est avocate à Paris, Georgio (Vincent Cassel) y tient un resto branché. Ils s’étaient croisés dans le passé et se retrouvent une nuit en boite. Elle le provoque, il la fait rire. Elle sait que c’est un homme à femmes, mais elle veut bien risquer le coup pour un soir ou une semaine. Elle est la première étonnée lorsqu’il lui demande de l’épouser et de lui faire un enfant. Dès qu’elle tombe enceinte, hélas, les choses se gâtent : une ex ressurgit, il la trompe, il a des dettes dont elle se retrouve solidaire, et elle s’aperçoit que son beau mari est un redoutable pervers narcissiqu­e, qui ne se rend même pas compte du mal qu’il fait autour de lui…

Notre avis « Je ne suis pas un connard, je suis le roi des connards », se vante Georgio, le personnage de Vincent Cassel. Difficile de le contredire. D’abord drôle et séduisant, il devient vite horripilan­t. Le problème, c’est que le nouveau film de Maïwenn suit à peu près la même trajectoir­e. Tant qu’il reste sur le ton de la romance énervée, on se réjouit de retrouver Emmanuelle Bercot en actrice (elle est aussi à l’aise devant que derrière la caméra) et Vincent Cassel dans son emploi favori de prédateur sexuel. D’abord brillante (façon Polisse), la mise en scène s’essouffle, hélas, aussi vite que l’histoire d’amour de Tony et Georgio. De la clinique, où Tony soigne une très symbolique rupture des ligaments croisés, à leur appartemen­t de bobos parisiens, le film multiplie les allers-retours pendant plus de deux heures. C’est long. Même les acteurs finissent par (se) fatiguer de surjouer la passion selon Maïwenn (s’il y a une porte, tu la claques, si c’est une fenêtre, tu la casses). Cassel quitte l’écran en tirant la gueule. Bercot reste seule, avec l’air de se demander comment tout ça a pu durer si longtemps (10 ans dans le film, 2 h 04 dans la réalité). On partage sa perplexité. En plus du prix d’interpréta­tion décerné à Emmanuelle Bercot, le jury de Cannes aurait dû offrir à Maïwenn une bonne paire de ciseaux…

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(Photo production)

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