Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Une ville d’Isère en proie à la colère des gens du voyage
A Moirans, une trentaine de jeunes ont mis le feu, hier, à des carcasses de voitures pour exiger la libération d’un des leurs emprisonné afin qu’il puisse assister à des obsèques. A 20 h, la situation était sous contrôle
Saccages à Moirans (Isère), mutinerie à la prison d’Aiton (Savoie) : à 100 kilomètres de distance, la communauté des gens du voyage a recouru à la violence, hier, pour exiger que deux des siens bénéficient d’une permission de sortie de prison. Une seule raison pour ce déchaînement de violences, dénoncé par le Premier ministre Manuel Valls : permettre au frère et au cousin d’une victime d’un accident de la route, tuée le weekend dernier dans une voiture volée après avoir commis un cambriolage, de pouvoir assister, aujourd’hui, à ses obsèques. A Moirans, la situation était revenue sous contrôle dès 20 h, selon la préfecture de l’Isère : «Il n’y a pas de blessés » et « les incendies ont été éteints ». Cinq carcasses de voitures encore fumantes obstruaient toujours les voies ferrées devant la gare, sans qu’on puisse déterminer à ce stade s’il s’agissait d’automobiles en état de marche ou d’épaves (une casse a été pillée par les émeutiers). Plus tôt dans la journée, le directeur de cabinet du maire Franck Longo avait indiqué à qu’une « centaine de personnes avec des barres en fer [avaient bloqué] la gare ». « Autour, il y a eu de lourds saccages », notamment sur les voies. La RD1085 à Moirans a été bloquée « par une trentaine de personnes qui [ont brûlé] des palettes et des carcasses de voitures sur la chaussée ». Le trafic SNCF était toujours interrompu vers 23 h. Le préfet de l’Isère a indiqué avoir reçu « des consignes pour diriger les opérations avec fermeté », que son objectif était de « récupérer le terrain » et « rétablir la circulation ». Aucune interpellation n’a été effectuée. Cela se fera ensuite, a expliqué Jean-Paul Bonnetain. « L’exploitation des données, notamment celles fournies par un hélicoptère qui a survolé les incidents, permettra » des identifications.
Somme : un précédent en août
Mais « il n’y a pas de responsabilité collective » car, si « dans cette communauté [...] certains ont commis des actions inqualifiables, d’autres étaient contre l’expression de cette violence », a-t-il tenu à ajouter. En attendant, les gens du voyage, sédentarisés de longue date ici, étaient retournés dans leur camp, en contre-bas de la gare, certains réunis devant un feu. Un escadron de gendarmerie les surveillait à quelques mètres et devait passer la nuit là. Car une nouvelle décision du juge d’application des peines pourrait susciter un nouvel accès de colère. « On attend les ordres du juge », a expliqué, hier soir, un groupe d’une dizaine de gens du voyage. Et « si le juge ne lui donne pas l’autorisation, ça ne s’arrêtera pas car c’est une question de respect » ,a poursuivi un jeune homme. Selon le procureur d’Albertville, Jean Pascal Violet, l’avocat du détenu qui a déclenché la mutinerie à Aiton (Savoie) a déposé, hier après-midi une nouvelle permission de sortie « sous escorte » que le juge d’application des peines (JAP) « examinera au plus tôt ». Au même moment, le calme était revenu à Aiton où les deux personnes réclamées par les émeutiers de Moirans sont incarcérées. Cette explosion de violence rappelle ce qui s’est passé fin août lorsque des gens du voyage avaient bloqué la circulation sur l’autoroute A1 au péage de Roye (Somme) pour demander que le fils d’une victime d’une fusillade, incarcéré, puisse assister aux funérailles de son père.