Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ascenseur du Palais : de mal en pisse...
Aujourd’hui une affaire excrémement délicate dans nos colonnes : les problèmes de tuyauterie de l’ascenseur du parking du Palais de Justice. On l’avoue : pensant aux non-avertis auxquels le sujet allait paraître trivial, aux pissefroid qui allaient fatalement traiter notre journal de torchon, on a bien failli jeter l’éponge... Mais, notre déontologie journalistique a rapidement refait surface : on ne pouvait taire ce que certaines sources évoquent à mi-voix comme le « pipi gate » du tribunal. Restaient à trouver quelques lettres pour raconter cette histoire de latrines. Alors voilà : les SDF, fêtards du samedi soir aux envies pressantes et autres soiffards imbibés ont pris la fâcheuse habitude de se soulager sur les portes de l’ascenseur du parking du Palais. Les jets répétés et acides provoquant de grosses taches de rouille, l’ascenseur dérouille. Ça corrode et tout capote. Bref, à trop confondre l’antichambre de la chambre correctionnelle en pot de chambre, c’est la goutte de trop pour ce brave ascenseur. L’appareil ainsi réduit à un impraticable cabinet d’aisance par les malheureux mal-aisés, voilà, chaque jour (ou presque) des cohortes de cabinets d’avocats réduits à grimper les étages à pied, cinq étages dossiers et robes sous le bras. Cette histoire de grosses commissions embarrasse juges et magistrats. On raconte que certains procureurs auraient même songé à envoyer les pisseurs au violon mais auraient renoncé à des poursuites qui équivaudraient à pisser dans un violon. Voilà comment depuis des mois le commode ascenseur transformé en commodités de misère, la cour regrette le temps où avait cours le pince-nez. Il y a les pisse-froid, les Pisse and Love et ceux qui font un caca nerveux. Et puis, il y a les théoriciens du liquide et de la matière qui philosophent sur un problème d’ascenseur social : condamner ces pauvres bougres qui n’ont d’autres coins que celui-ci pour y soulager leurs vessies ? Honni soit qui mal y pisse...