Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Furieuses du retard de leur train elles bloquent le TGV à la gare
C’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase – ou plutôt, la goutte d’huile qui fait dérailler le train. Hier matin, à 7h42, Martine a « pété un câble » en gare d’Antibes. En direct et devant tout le monde. « Je travaille au Cannet, explique cette Antiboise de 62 ans. Tous les matins, je prends le TER pour aller au boulot. Et tous les matins, je suis en retard. Parce que le train de 7 h 36 n’arrive jamais avant 8 heures ! » Lassée par cette situation qui « risque de [lui] faire perdre son emploi », Martine a trouvé une solution : elle saute dans le TGV de 7 h 44 – qui, lui, est toujours ponctuel. « Je ne suis pas la seule, précise-t-elle. On est plusieurs dans ce cas. Même s’il faut théoriquement une réservation, les autorités laissent faire : jusqu’à Cannes, il y a toujours de la place dans les wagons. » Hier, cependant, la sexagénaire est tombée sur un employé plus zélé que d’habitude. Qui lui a interdit catégoriquement l’accès au TGV. « J’ai essayé de parlementer, mais le gars ne voulait rien entendre. Alors, avec une amie, nous sommes descendues sur la voie et nous avons empêché le train de repartir ! » L’incident ne dure que quelques minutes – assez longtemps, toutefois, pour que les perturbatrices soient copieusement insultées par des passagers furibards. Craignant un dérapage, le chef de gare autorise finalement les deux femmes à monter à bord du TGV. La direction de la SNCF ne nie pas les retards systématiques qui ont mis le feu aux poudres. « C’est lié aux inondations du 3 octobre, explique un porte-parole. Vous savez qu’en gare de Cannes, une voie a dû être condamnée. Cela nous oblige à retarder le TER pour laisser passer le TGV prioritaire. » Bonne nouvelle : ce problème devrait être réglé « dès lundi prochain » .Enattendant, assure la société de transport, l’accès au TGV sera « facilité » pour les voyageurs « qui ne peuvent pas attendre ».