Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La défiance règne
Et pourtant, il baisse. Malgré une offensive médiatique tous azimuts (pas moins de dix-huit déplacements depuis la rentrée et presque autant d’interventions radio, télé ou presse écrite), malgré un automne politique relativement clément (bien plus en tout cas que l’automnus horribilis de , marqué par la sortie du livre de Valérie Trierweiler et le clash Montebourg), malgré une légère embellie sur le front du chômage, François Hollande perd encore un point dans la côte de confiance Sofres-Figaro-Magazine. Avec % d’opinions favorables, il approche du niveau plancher qu’il avait atteint avant les attentats de janvier. À droite, on aurait tort, pourtant, de pavoiser. À la cote d’avenir des personnalités politiques, tous les rivaux potentiels du chef de l’État en sont aussi à la baisse : - points pour Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, - pour François Fillon. Tous sauf une : Marine Le Pen qui, à % de réponses positives, fait désormais jeu égal avec le président des Républicains – et aussi avec Ségolène Royal et Emmanuel Macron. Quelques chiffres encore. Selon un précédent sondage de la Sofres, % seulement des Français ont une bonne opinion du PS. C’est peu. Mais les Républicains ? Pas mieux. % aussi. Au demeurant, si la majorité des électeurs se déclarent déçus de Hollande président, il est frappant de noter qu’aucun de ses rivaux ne suscite de grandes espérances : une écrasante majorité de Français (entre les deux tiers et les trois quarts) considère qu’à la place de Hollande, chacun d’entre eux, quel qu’il soit, ferait soit pire, soit ni mieux, ni pire (sondage Elabe-Atlantico de la mi-octobre). Seul Juppé surnage : % pensent qu’il ferait mieux. Ce n’est pas énorme. Cela porte un nom : fracture civique. Ou bien, au choix, crise de la représentation. Ou encore : désenchantement démocratique. En tout cas une profonde désaffection à l’égard des partis de gouvernement. Sans d’ailleurs que les partis du « coup de balai », d’extrême droite ou d’extrême gauche, soient perçus comme aptes à les remplacer. Impression que nous vivons la fin d’un cycle, l’épuisement du modèle d’alternance gauche-droite qui depuis un demi-siècle structure et rythme la vie politique française. Envie d’autre chose, mais quoi ? L’alternance, encore une fois ? La rupture ? L’union nationale ? L’opinion cherche et tâtonne et doute de tout et de tous. La défiance règne. Dans ce contexte délétère, entre décomposition inachevée et recomposition introuvable, les régionales de décembre, dernière haie avant la présidentielle, serontelles un moment de clarification ou au contraire un summum de confusion ? Rien n’est écrit. Une configuration politique nouvelle (un système désormais tripartite, voire quadripartite en comptant la gauche de la gauche, qui rend difficile l’expression de la volonté majoritaire), de nouvelles régions auxquelles les électeurs ne sont pas encore accoutumés (je parle des régions regroupées), plus les effets paradoxaux d’un mode de scrutin qui pousse à la fois les partis à se diviser et à s’unir : le scrutin des et décembre est peut-être le plus illisible, le plus imprévisible, qu’on ait connu depuis longtemps. De gauche comme de droite, les élus en campagne confient en privé : « On ne sent pas le pays. » C’est inquiétant.
« Si la majorité des électeurs se déclarent déçus de Hollande président, il est frappant de noter qu’aucun de ses rivaux ne suscite de grandes espérances. »