Désaveux désavoués

Bien sûr, le crash dans le Sinaï n’a hélas ! rien de nouveau ni d’original. Sauf que, cette fois, avant même que démarre l’enquête et qu’on ait fait parler les boîtes noires, les terroristes qui ont placé une bombe à bord de l’appareil revendiquent à plusieurs reprises l’assassinat des  passagers et membres d’équipage. À la suite de quoi, l’Égypte d’où s’est envolé l’appareil et la Russie où il devait atterrir émettent des doutes à propos de ces aveux spontanés. Est-ce que la faute n’en reviendrait pas plutôt à la météo ? À une défaillance du matériel ? À une erreur humaine ? Tout se passe comme si l’on voulait absolument disculper cet État islamique dont on n’ignore pas pourtant que l’alliance de Vladimir Poutine avec Bachar el-Assad et les Iraniens a déclenché sa fureur. Les détails ont beau s’accumuler – l’appareil désintégré en vol ; les bagages retrouvés presque intacts sur plusieurs kilomètres carrés ; le silence des navigants avant l’explosion – rien n’y fait. Le souhait de ne pas décourager les touristes est sans doute plus fort que le désir de vengeance ou le besoin de justice puisque, contre toute évidence, les officiels s’en tiennent à une version accidentelle. À croire qu’on va réécrire l’histoire du terrorisme en innocentant tous ceux qui, au nom d’un dieu n’en réclamant peut-être pas tant, mettent à feu et à sang des pays jusque-là heureux, paisibles et civilisés. Au risque que les victimes déjà traitées d’infidèles soient de surcroît qualifiées d’incrédules.