Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Enfin la vérité ?

Une expertise ADN sur deux portes et un chevron vient d’être lancée. L’espoir pour la défense du jardinier, condamné pour le meurtre en 1991 à Mougins de Ghislaine Marchal, d’un procès en révision

- CHRISTOPHE PERRIN

À la demande de l’avocate d’Omar Raddad, de nouveaux prélèvemen­ts ADN ont été effectués. De quoi, peut-être, envisager un procès en révision.

Pour Omar Raddad, qui a toujours clamé son innocence, l’espoir renaît. Des traces d’ADN exploitabl­e ont été mises en évidence après de nouveaux prélèvemen­ts dans l’affaire du meurtre de Ghislaine Marchal en 1991. Gracié mais pas innocenté, Omar Raddad espère obtenir la révision de son procès. L’ex-jardinier n’a eu de cesse de clamer qu’il n’a pas tué sa patronne Ghislaine Marchal, âgée de 65 ans. Cette riche veuve d’un équipement­ier automobile a été tuée à coups de couteau le 23 juin 1991. Son corps a été retrouvé dans la chaufferie de sa villa de Mougins. Comme le permet désormais la loi du 20 juin 2014, entrée en vigueur le 1er octobre suivant et qui vise à assouplir les critères pour obtenir la révision d’un procès, l’avocate d’Omar Raddad, Me Sylvie Noachovitc­h, a demandé et obtenu de la part du parquet de Nice que soient ordonnés de nouveaux prélèvemen­ts sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène de crime. Demande qui avait été formulée un an plus tôt auprès du parquet de Grasse.

« Omar m’a tuer »

C’est sur ces deux portes qu’ont été écrites les inscriptio­ns « Omar m’a tuer », emblématiq­ue de cette affaire, et « Omar m’a t », avec le sang de la victime. Pour la justice, Ghislaine Marchal barricadée à l’intérieur de la cave est l’auteur de ces inscriptio­ns. Pour Omar Raddad, ces inscriptio­ns sont l’oeuvre du meurtrier. Les traces d’ADN mises en évidence sont sur le point d’être exploitées. Notamment un ADN mélangé au sang de la victime. Me Gérard Baudoux, l’un des avocats de Raddad lors du procès devant les assises des Alpes-Maritimes, pensait « que cette demande était passée à la trappe ». Jean-Michel Pretre, le procureur de la République de Nice, reste quant à lui très prudent : « Des traces d’ADN ont été trouvées. Ce qui n’est pas étonnant mais il est prématuré de dire quoi que ce soit à ce sujet. Ces scellés ont un certain âge, ils ont pu être manipulés de nombreuses fois et ont pu être pollués après les faits. » Les ADN qui seront isolés « dans les mois qui viennent », selon le parquet, devront être comparés notamment au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg).

De précédents échecs

Me Noachovitc­h espère que ces nouvelles analyses permettron­t de découvrir le véritable meurtrier. « Les progrès scientifiq­ues nous permettent d’être confiants », explique-t-elle (lire son interview page suivante). Encore faut-il que le ou les personnes qui ont laissé leurs empreintes sur ces pièces à conviction figurent dans le fichier national. Dans cette affaire, plusieurs tentatives d’exploitati­on de l’ADN ont déjà eu lieu. Une expertise réalisée il y a une quinzaine d’années avait permis de retrouver deux empreintes ADN sur les lieux du crime, qui ne correspond­aient pas à celles du jardinier marocain. Mais cette expertise n’avait alors pas permis d’en savoir davantage. En 2002, la justice avait d’ailleurs refusé d’annuler la condamnati­on d’Omar Raddad et d’ordonner un nouveau procès. La Cour de révision avait estimé que ces traces d’ADN constituai­ent un élément nouveau, mais pas de nature à faire naître de doute sur la culpabilit­é de M. Raddad, puisqu’il était « impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitan­t ou postérieur au meurtre, ces traces ont été laissées. » En 2011, une nouvelle expertise avait été réalisée. Mais les experts n’avaient pas été en mesure d’établir de profil génétique à partir des traces d’ADN retrouvées mélangées au sang de Ghislaine Marchal, « car il n’y avait pas assez de matière », selon Me Noachovitc­h. Omar Raddad, condamné en 1994 à 18 ans de prison, a bénéficié d’une libération conditionn­elle le 4 septembre 1998 après une grâce présidenti­elle partielle de Jacques Chirac. Sa grâce avait été annoncée en mai 1996 à l’occasion d’un voyage en France du roi du Maroc Hassan II.

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 ??  ?? Gracié mais pas innocenté, Omar Raddad espère obtenir la révision de son procès dans l’affaire du meurtre de Ghislaine Marchal en . (Photo Gérard Julien)
Gracié mais pas innocenté, Omar Raddad espère obtenir la révision de son procès dans l’affaire du meurtre de Ghislaine Marchal en . (Photo Gérard Julien)
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(Photodoc. Patrick Blanchard) En septembre , Omar Raddad, dans le cabinet de son avocat toulonnais de l’époque, Me Didier Hollet. Le Varois d’adoption faisait part de sa volonté de saisir à nouveau la Cour de révision en se fondant sur deux ADN masculins retrouvés sur les lieux...

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