Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La défiance règne
Le président de la République a visité, hier, le siège flambant neuf du ministère de la Défense où les états-majors des trois armées viennent de s’installer
François Hollande a inauguré, hier à Paris, le nouveau site du ministère de la Défense. Celui-ci regroupe désormais les états-majors des trois armées (terre, air, Marine). Le Président a salué « un événement majeur » au moment où l’armée française est engagée sur de nombreux théâtres extérieurs, en particulier en Syrie. Cette inauguration est « une étape historique pour le ministère de la Défense enfin regroupé sur un site unique pour mener ses missions », a-t-il déclaré dans son allocution sur la place d’armes de cet immense complexe, en réalité en forme d’hexagone, posé le long du périphérique, dans le quartier de Balard (15e arrondissement).
Quelque agents
À terme, quelque 9300 agents doivent y travailler, à l’exception du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et de son cabinet, qui garderont pour siège principal l’hôtel de Brienne, proche de l’Élysée et Matignon. M. Hollande, qui a visité le Centre de planification et de commandement des opérations (CPCO), saint des saints des opérations militaires françaises, a souligné qu’il ne faisait « pas de distinction entre la sécurité extérieure et la sécurité intérieure (...) Deux volets inséparables de la défense de la France. » Cette inauguration intervenait quelques heures après l’annonce de l’envoi du porte-avions Charles-deGaulle (lire en page 22) en appui dans les opérations contre le groupe État Islamique (EI) en Syrie et en Irak. « C’est un choix réfléchi, c’est un choix important », a affirmé le chef des armées, précisant qu’en Syrie, la France entendait « frapper les camps d’entraînement » mais aussi « tous les lieux à partir desquels le terrorisme pourrait menacer notre territoire ». Dès le début du quinquennat, en janvier 2013, François Hollande a endossé les habits de « chef de guerre », prenant en quelques heures la décision d’engager l’armée française au Mali pour stopper l’avancée des djihadistes. Ont suivi successivement l’intervention en Centrafrique, les frappes aériennes contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie, l’élargissement de l’opération antiterroriste au Sahel (opération Barkhane) et le déploiement de l’armée sur le territoire national après les attentats de janvier à Paris. En pleine bataille des régionales, M. Hollande, déjà lancé dans la course à la présidentielle, bénéficie en tant que chef des armées d’un bilan qui lui est largement favorable.
Un loyer annuel de millions d’euros
Mais, dans un récent ouvrage du journaliste du Monde David Revault d’Allonnes, Les Guerres du Président, il concède que sa politique extérieure et ses nombreuses opérations militaires pèseront peu dans le vote des Français à la présidentielle face au défi du chômage et de la croissance, où ses résultats ne sont pas probants. « Je n’ai pas vu de présidentielle se faire sur l’international, cela ne fait pas l’élection. Cela fait le statut présidentiel, ce qui n’est pas la même chose », confie-t-il. À trois semaines de la Conférence climat (Cop21) organisée à Paris, le nouveau site de Balard est une prouesse en termes de protection de l’environnement. Le bâtiment est ainsi surmonté du plus grand toit solaire de Paris, avec 5000 m2 de panneaux photovoltaïques. Il dispose aussi d’un système de ventilation entièrement autonome, sans recours à aucune autre source énergétique. Le “Balardgone” représente un investissement de 1,2 milliard d’euros, financé en partenariat avec des entreprises privées, dont Bouygues. Le ministère s’est engagé à leur verser un loyer annuel de 154 millions d’euros sur une durée de 30 ans au terme de laquelle il deviendra propriétaire du bâtiment.