Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Le directeur d’enquête : « Cela ne débouchera sur rien »
« J’en mets ma main au feu. Cela ne débouchera sur rien. »
Aujourd’hui délégué du procureur à Avignon, l’ex-gendarme Georges Cenci fut directeur d’enquête, à partir des constatations initiales et jusqu’à l’achèvement des commissions rogatoires. « Les dernières traces ADN viennent d’être envoyées au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Je suis persuadé que leur comparaison avec les empreintes de délinquants de ce listing ne donnera aucun résultat », tranche l’ancien patron de la brigade de recherches de Cannes. « La porte et le chevron ont été manipulés par de nombreuses personnes, artisans ayant précédemment travaillé à la villa, enquêteurs et experts. Lors du procès – comme en attestent des photos – des avocats et des journalistes se sont penchés dessus. S’ils ne les ont pas touchés, ils ont pu envoyer des postillons. »
Sur cette affaire très médiatisée, Georges Cenci a écrit un livre au titre sans équivoque : Omar l’a tuée, vérité et manipulations d’opinions
.Il n’a jamais douté de la culpabilité du jardinier marocain. « C’est lui à 100 %. C’est d’ailleurs ce qu’a jugé la cour d’assises des AlpesMaritimes ».
« C’est peut-être mon ADN »
Un autre gendarme, que nous avons également pu joindre hier soir, est plus nuancé, bien que tout aussi sceptique. « Moi-même, j’ai manipulé cette porte. C’est peut-être mon ADN (sourire) qui va apparaître. J’espère que les dernières traces apporteront quelque chose de tangible, mais franchement j’en doute. Celles-ci sont peutêtre antérieures au meurtre ou alors sans rapport direct. » « À cette époque », rappelle le retraité « ADN était un mot à peine connu. Il ne faisait pas encore vraiment partie de la panoplie de la police scientifique. Depuis les techniques ont sérieusement évolué. »
Comme le major Cenci, l’ancien gendarme de la brigade de recherches de Nice a conclu à la culpabilité d’Omar Raddad. « Un faisceau de présomptions le désignait. »
Et qu’en pense-t-il aujourd’hui ? « Ma conviction
n’a pas changé. Mais ce n’est qu’un sentiment. En tant qu’enquêteur, on peut mal apprécier certains éléments, perdre un peu d’objectivité...»